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pulsion; lorsqu'on jette une pierre, le mouvement qu'elle conserve ne lui a t-il pas été communiqué par le ressort du bras qui l'a lancée; lorsqu'un corps en mouvement en rencontre un autre en repos, comment peut-on concevoir qu'il lui communique son mouvement, si ce n'est en comprimant le ressort des parties élastiques qu'il renferme, lequel se rétablissant immédiatement après la compression, donne à la masse totale la même force qu'il vient de recevoir. On ne comprend point comment un corps parfai→ tement dur pourroit admettre cette force, ni recevoir du mouvement; et d'ailleurs il est très inutile de chercher à le comprendre, puisqu'il n'en existe point de tel. Tous les corps, au contraire, sont doués de ressorts; les expériences sur l'électricité prouvent que sa force élastique appartient généralement à toute matière; quand il n'y auroit donc dans l'intérieur des corps d'autre res→ sort que celui de cette matière électrique, il suffiroit pour la communication du mouvement, et par conséquent c'est à ce grand ressort, comme effet général, qu'il faut attribuer la cause particulière de l'impul

sion.

Maintenant, si nous réfléchissons sur la

mécanique du ressort, nous trouverons que sa force dépend elle-même de celle de l'attraction. Pour le voir clairement, figuronsnous le ressort le plus simple, un angle solide de fer ou de toute autre matière dure; qu'arrive-t-il lorsque nous le comprimons? nous forçons les parties voisines du sommet de l'angle de fléchir, c'est-à-dire, de s'écarter un peu les unes des autres; et dans le moment que la compression cesse, elles se rapprochent et se rétablissent comme elles étoient auparavant; leur adhérence, de laquelle résulte la cohésion du corps, est, comme l'on sait, un effet de leur attraction mutuelle; lorsque l'on presse le ressort on ne détruit pas cette adhérence, parce que, quoiqu'on écarte les parties, on ne les éloigne pas assez les unes des autres, pour les mettre hors de leur sphère d'attraction mutuelle ; et par conséquent dès qu'on cesse de presser, cette force qu'on remet, pour ainsi dire, en liberté, s'exerce; les parties séparées se rapprochent, et le ressort se rétablit : si, au contraire, par une pression trop forte, on les écarte au point de les faire sortir de leur sphère d'attraction, le ressort se rompt, parce que la force de la compression a été plus grande que celle de

la cohérence, c'est-à-dire, plus grande que celle de l'attraction mutuelle qui réunit les parties: le ressort ne peut donc s'exercer qu'autant que les parties de la matière ont de la cohérence, c'est-à-dire, autant qu'elles sont unies par la force de leur attraction mutuelle, et par conséquent le ressort en général qui peut seul produire l'impulsion, et l'impulsion elle-même, se rapportent à la force d'attraction, et en dépendent comme des effets particuliers d'un effet général.

Quelque nettes que me paroissent ces idées, quelque fondées que soient ces vues, je ne m'attends point à les voir adopter; le peuple ne raisonnera jamais que d'après ses sensations, et le vulgaire des physiciens d'après des préjugés : or, il faut mettre à part les unes, et renoncer aux autres pour juger de ce que nous proposons; peu de gens en jugeront donc, et c'est le lot de la vérité; mais aussi très-peu de gens lui suffisent; elle se perd dans la foule; et quoique toujours auguste et majestueuse, elle est souvent obscurcie par de vieux fantômes, ou totalement effacée par des chimères brillantes. Quoi qu'il en soit, c'est ainsi que je vois, que j'entends la Nature (peut-être est-elle encore plus simple que ma vue);

une seule force est la cause de tous les phé nomènes de la matière brute, et cette force réunie avec celle de la chaleur, produit les molécules vivantes, desquelles dépendent tous les effets des substances organisées.

Fin du vingt-troisième Volume.

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De ce qui est contenu dans ce
vingt-troisième Volume.

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Le Cochon. Le Cochon de Siam. Le San-

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