Page images
PDF
EPUB

usages, mais ils lui ont paru abusifs; il n'a pas conçu que des étrangers puissent acquérir un droit sur une propriété, par la seule volonté d'un chapitre. Je propose donc de décréter l'article sur-lechamp, et à l'égard des amendements, de les renvoyer au comité ecclésiastique, qui les discutera et en fera le rapport.

M. ESTOURMEL Je demande l'ajournement de l'article et des amendements.

M. DUQUESNOY: Je m'oppose formellement à l'ajournement. Les discussions sur ce qui concerne le clergé ont absorbé un temps assez considérable. Nous avons encore l'ordre judiciaire, les gardes nationales, les troupes de ligne; il est nécessaire que l'Assemblée s'occupe de ces objets importants. Je demande qu'on prenne un parti sur les deux articles. L'ajournement est mis aux voix, et deux épreuves successives paraissent douteuses.

M. Le Camus demande la parole. (On observe que la délibération est commencée.)

L'Assemblée décide que M. Le Camus sera entendu. M. LE CAMUS: Je demande la question préalable sur les deux articles, et voici mes raisons: Vous avez décrété le sort des titulaires, mais vous n'avez pas décrété qu'ils auraient la jouissance d'une maison en sus de leurs bénéfices. Que font les usages? Ils ne prescrivent jamais contre la justice. Voici ce qui est juste: Si un ecclésiastique a acheté une maison, s'il y a fait des réparations considérables, il est juste qu'il soit indemnisé; mais il n'est pas dit que l'indemnité doive être la jouissance de la maison. Je persiste donc à demander la question préalable.

M. COCHARD: Plusieurs de ces maisons canoniales ont toujours été dans le commerce, avec la seule restriction de ne pouvoir les vendre qu'à des chanoines. Celui qui possédait est donc bien fondé à s'attendre à jouir. Pouvez-vous, avec quelque apparence de justice, le chasser de chez lui. Laissez-le donc tranquille dans sa possession légitime, ou du moins faites estimer sa maison par des experts, et accordez-lui une juste indemnité.

Après une discussion assez longue, ces deux articles sont ajournés et renvoyés au comité ecclésiastique. MM. Saint-Simon (ci-devant marquis de) et l'évêque de Nancy demandent la permission de s'absenter pour quelque temps.

M. LUCAS: Je demande qu'au jour qu'il plaira à l'assemblée de fixer, on fasse un appel nominal, que la liste des absents soit imprimée et envoyée dans les provinces, afin que l'on sache comment l'Assemblée est organisée.

M. REWBEL: Cela est d'autant plus important, qu'on répand dans le public que beaucoup de men:bres s'absentent par poltronnerie.

M. CAYLUS (ci-devant duc de): J'ai demandé à m'absenter; je prie le préopinant de venir me dire à moi-même s'il m'accuse de poltronnerie.

M. MONTLAUSIER (ci-devant marquis de) : Nous demandons que M. Rewbel soit censuré.

L'Assemblée décide que l'ordre du jour sera con

tinué.

M. MONTLAUSIER (en s'avançant vers M. Rewbel): Est-ce vous, Monsieur, qui accusez les membres de l'Assemblée nationale de poltronnerie?

M. Chassey fait lecture de l'article XXI. Les titulaires qui, par le décret du 20 avril dernier, sont autorisés à continuer pendant la présente année seulement la régie et exploitation de leurs biens, retiendront par leurs mains les traitements fixés par les articles précédents; et ceux dont les biens sont tenus à bail et affermés, seront payés, lesdits traitements à la caisse du district sur les deniers qui y seront versés par les fermiers ou locataires.

Art. XXII. A dater du 1er janvier 1791. les traite

ments seront payés de trois mois en trois mois, savoir: aux évêques, curés et vicaires, par le receveur de leurs districts; celui des autres titulaires leur sera payé par le receveur du lieu de leurs domiciles, et seront les quittances de tous lesdits bénéfices allouées pour comptant aux receveurs qui les auront payées.

M. *** : Je demande que le traitement soit payé d'avance.

M. L'ABBÉ JULIEN Ceux qui veulent qu'on paie d'avance n'ont sans doute pas examiné si on était en état de payer. Il faut que la nation ait fait le recouvrement de ses fonds, pour pouvoir payer tous ceux qu'elle emploie à son service. Je demande donc la question préalable sur l'amendement.

L'Assemblée décide qu'il n'y a pas lieu à délibérer sur cet amendement, et l'article est adopté. L'article XXIII est mis à la discussion.

[ocr errors]

Art. XXIII. Il pourra être accordé, sur l'avis des directoires de département et de district, aux ecclésiastiques, qui sans être pourvus de titres, sont attachés à des chapitres, sous le nom d'habitués perpétuels, ainsi qu'aux officiers laïcs, organistes, musiciens et autres personnes employées pour le service du culte divin, et aux gagés des églises et chapitres réguliers et séculiers, un traitement soit en gratification, soit en pension, suivant le temps et la nature de leurs services, et eu égard à leur âge et à leurs infirmités : les appointements ou traitements accordés à chacun leur seront payés la présente année. »

M. REGNAUD DE SAINT-JEAN D'ANGELY: Je réclame votre justice en faveur des ecclésiastiques qui étaient attachés aux évêques en qualité de secrétaires: ceux qui n'avaient que le traitement accordé par les évêques, vont se trouver absolument dénués de secours, car les évêques ne pourront plus les garder. Il y en a peut-être douze ou quinze. Je crois qu'il est de la justice de leur fixer un traitement, jusqu'à ce qu'ils aient une autre place.

M. LUCAS: Il faut aussi assigner un traitement a tous les sacristains, enfants de chœur, sonneurs, etc.; c'est le meilleur moyen de priver la nation de toutes ses ressources.

L'article est adopté sans aucun changement. Trois autres articles sont décrétés presque sans discussion, ainsi qu'il suit :

Art. XXIV. «Tous ceux qui seront pourvus dans la suite d'offices ou emplois, et qui par ce moyen se trouveront avoir deux traitements, recevront la totalité de l'un et le tiers de l'autre, et dans le cas où ils se trouveraient de nouveau sans offices ou emplois, ils reprendront la jouissance entière de leur traitement primitif.

[ocr errors]

XXV. La moitié de la somme formant le minimum du traitement attribué à chaque classe d'ecclésiastiques, tant en activité que sans fonctions, sera insaisissable.»

XXVI. Les administrations de départements et de districts prendront la régie des bâtiments et édifices qui leur a été confiée par les décrets des 14 et 20 avril dernier, dans l'état où ils se trouveront. En conséquence, les bénéficiers actuels, maisons, corps et communautés ne seront inquiétés en aucune manière en raison des réparations qu'ils auraient dû faire; et pour l'avenir ceux qui conserveront la jouissance des bâtiments attachés à leurs bénéfices, seront tenus de toutes les réparations locatives seulement.

-M. le président annonce qu'une députation du district de Versailles demandé à être admise à la barre.

Cette députation est introduite. — L'autorité de l'administration des districts est méconnue; vous devez la défendre vos décrets sont violés, vous devez

les venger; la garde nationale est outragée, vous devez la protéger.... M. de Lafayette ayant donné sa démission de commandant en chef de la garde nationale de Versailles, on a procédé, avec ordre et en suivant les règlements, à une élection pour lui douner un successeur. Les scrutins étaient faits dans toutes les compagnies; il s'agissait de leur dépouillement, lorsque la municipalité a réclamé et proposé de faire faire l'élection par les sections. L'administration de district, instruite de la contestation à laquelle cette réclamation donnait lieu, l'a renvoyée au département, qui s'en trouve en ce moment saisi. Cette conduite était la seule que vos décrets autorisassent.... Un règlement, fait de concert entre la garde nationale et la municipalité, porte que le commandant en chef, le commandant en second et le major-général, seront nommés dans les compagnies. Un de vos décrets a ordonné que tout ce qui concerne les gardes nationales restera dans le même état, jusqu'à leur organisation on s'est encore écarté de ce décret. Vous avez aussi ordonné que les municipalités auraient recours aux assemblées administratives: leur autorité a été méconnue. Que deviendra la constitution, si ces assemblées sont avilies au moment qu'elles sont formées? Que ferez-vous, si quarante mille municipalités correspondent direc

tement avec vous?

Sur le vœu de l'Assemblée, M. le président fait lire à la députation le décret rendu ce matin d'après le rapport du comité de constitution, sur la demande de la municipalité de Versailles.

comité des rapports, de vous présenter un projet de décret relatif à l'affaire de l'ile de Tabago. L'article III exige une observation préalable. Cet article porte que les lois anglaises continueront à être exécutées comme par le passé. Lors de la conquête de cette ile, les lois anglaises furent provisoirement conservées. Les ministres n'ayant pris aucune mesure à cet égard, les habitants de la colonie ont demandé à attendre la constitution que devait leur donner l'Assemblée nationale.

M. Arthur Dillon lit le projet de décret : « L'Assemblée nationale, sur le compte qui lui a été rendu par son comité des rapports, des malheurs arrivés à Tabago par l'incendie totale du Port-Louis, et de la situation désastreuse où se trouve cette colonie, décrète que son président se retirera par devers le roi, pour le supplier de donner ses ord es pour faire les armements, et prendre les mesures nécessaires pour la sûreté et la subsistance des colonies.... 2o S. M. sera suppliée de faire faire un état exact des pertes essuyées dans l'incendie du Port-Louis, afin que l'Assemblée puisse prendre en considération les secours à donner à cette colonie. 3o L'Assemblée décrète que les lois anglaises, actuellement existantes à Tabago, continueront à être observées, jusqu'à ce qu'il en ait été autrement ordonné, quand l'Assemblée coloniale légalement constituée aura transmis le vœu de la colonie, conformément aux d'crets des 8 et 28 mars dernier. 4o Attendu que sous l'ancien régime, tous les habitants formaient une garde bourgeoise, l'Assemblée coloniale est autorisée à supprimer toutes compagnies de volontaires, et à ordonner à chaque volontaire de se retirer dans la compagnie de la garde nationale de la paroisse de sa r sidence; enfin, S. M. sera supplice d'ordonner toutes les mesures nécessaires pour découvrir et faire punir les auteurs et instigateurs des troubles, et d'en prévenir de pareils à l'avenir.

M. ROBESPIERRE Il est sans doute dans l'intention de l'Assemblée nationale de juger en connaissance de cause une affaire de cette importance. Toutes les parties n'ont point été entendues.... On peut changer un décret rendu sur une affaire particulière, et qui n'est réellement qu'une simple décision on le peut, surtout quand il a été obtenu sur un faux exposé.... (Des murmures interrompent l'opinant.) M. ROBESPIERRE: Je ne puis me dispenser d'obIl faut indiquer une autre séance pour juger, après server qu'aucun membre ne connait assez les faits avoir entendu toutes les parties. (Les murmures re- pour se décider dans une occurrence aussi importante. commencent.) J'insiste, parce qu'à la surprise qui a Je prie l'Assemblée de considérer quelles pourraient été faite à votre religion, se joignent des considéra-être les conséquences d'un décret par lequel le poutions très importantes. Les réclamations ne se sont élevées qu'au moment où l'on allait nommer la personne élue. On reconnaît ici l'intrigue et les passions particulières (1).

M. REGNAUD DE SAINT-JEAN D'ANGELY : Je ne sais rien qui annonce dans la municipalité de Versailles des passions particulières. Ce motif ne devrait pas vous déterminer, quand ces passions seraient connues, à plus forte raison quand elles ne le sont pas. Je crois que le décret de ce matin est suffisant. Il ne statue ni sur les demandes de la municipalité de Versailles, ni sur les atteintes que l'assemblée de district expose avoir été faites à ses droits et à ceux de la garde nationale. Il donne aux passions le temps de s'éteindre, et assure la tranquillité publique. Le commandant en second est digne de la confiance de la garde nationale et de celle de tous les citoyens. Il me semble que c'est le cas de passer à l'ordre du jour. L'Assemblée delibère et passe à l'ordre du jour. M. ARTHUR DILLON Je suis chargé, au nom du

[ocr errors]

voir exécutif serait indéfiniment autorisé à faire un armement pour secourir une colonie dont vous ne connaissez pas l'état. (Il s'élève beaucoup de murmures. On demande à aller aux voix.) Si cette considération ne vous touche pas, si vous ne voulez pas réfléchir sur les intentions du gouvernement dans nos relations extérieures, si vous ne voulez pas qu'on puisse impunément faire une guerre étrangère, si vous ne voulez pas que je vous dise que ce ne sera point par une proposition directe qu'on cherchera à engager la guerre, mais par des propositions et des démarches détournées, dont l'effet sera d'autant plus sûr, qu'il sera éloigné; si vous ne voulez pas que je vous dise que personne ne connaît l'état de cette colonie; que ce que vous en savez, vous ne l'avez appris que par l'assertion d'un ministre et d'un seul de vos membres, n'examinez pas, prenez un parti sur la proposition des ministres; croyez-les sur parole, et décrétez la guerre et la servitude.

M. ARTHUR DILLON : Les armements dont se plaint M. Robespierre consistent en un bâtiment marchand,

(1) Pour bien comprendre cette discussion sur les élec-portant 300 hommes. tions de Versailles, il faut se rappeler que, des les évenements du mois d'octobre, il y avait déjà deux partis dans la garde nationale de Versailles : l'un, dirigé par le comte d'Estaing et M. de Gouvernet, était peu hostile à la cour; l'autre, se groupant autour de Lecointre, était tout-à fait révolutionnaire. Lors du renouvellement les deux partis se trouverent en présence: M. de Gouvernet avait des chances d'ètre élu si les gardes nationaux seuls votaient; mais les sections jointes aux gardes nationaux auraient porte Lecointre; ce que ne voulaient pas les membres de 'Assemblee qui avaient fait rendre le décret de surséance, contre lequel s'élevait Robespierre. L. G.

M. DUVAL (ci-devant d'Espréménil) : Si M. Robespierre doute des faits, je vous propose de l'envoyer pour commissaire à Tabago, afin de les vérifier. entendre avec patience les membres de cette assemM. ROBESPIERRE: Il n'y a pas de milieu; il faut blée, ou s'exposer à tous les dangers dont j'ai parlé. Je ne sais si les mesures proposées sont déterminées par les besoins de Tabago ou par des menées ourdies par les ministres pour occasionner la guerre.

Nous avons pour garant des faits une lettre du ministre et l'assertion d'un de nos collègues. Jamais nos décrets ne doivent être rendus sur des assertions isolées et appuyées par des assertions ministérielles. Nos inquiétudes sont d'autant mieux fondées, qu'on n'a pas laissé au comité le temps d'éclaircir les faits. D'après ce qui m'est dit en ce moment par les députés des colonies, je demande le renvoi du projet de décret au comité colonial.

MM. Reynaud et Gony, députés de Saint-Domingue, appuient la proposition du renvoi au comité colonial. M. ARTHUR DILLON: Si les craintes qui s'élèvent quelquefois contre les ministres sont fondées, ce n'est pas aujourd'hui. Comment peut-on savoir un événement arrivé à deux mille lieues, si ce n'est par le ministre de la marine? M. La Luzerne a fait remettre au comité un compte des faits, signé de lui et rendu par un commandant de la marine. J'ai reçu ce matin une lettre de MM. Labermoudrère et compagnie, de Dunkerque, par laquelle ils me mandent que le navire la Thérèse, arrivé le 27 dans ce port, a apporté la nouvelle de l'incendie du Port-Louis. Je propose, pour tranquilliser sur l'armement, qu'il soit dit dans l'article premier, que trois cents hommes seront transportés sur un bâtiment marchand, qui portera en même temps des armes et des vivres. Les armes que je demande sont trois cents fusils pour les habitants, qui, au nombre de trois cent cinquante, sont entourés de seize mille noirs, sortant à peine d'une insurrection qui a duré huit années.

On fait une lecture du projet de décret avec ce changement.

On demande à aller aux voix.

M. REYNAUD : Je propose l'ajournement à samedi, et le renvoi au comité des rapports et au comité colonial réunis.

On demande encore à aller aux voix.

M. TOULONGEON: On ne suit point dans ce décret la marche constitutionnelle. Il faut supplier le roi de mettre l'Assemblée à même de délibérer, en faisant connaître, par la voie des ministres, les secours qui seront nécessaires.

M. DESMEUNIERS: Le décret dont il s'agit est très important. La France ne veut pas la guerre; on n'accorderait pas indéterminément un armement et un envoi de troupes sans donner de l'inquiétude aux cabinets étrangers. Depuis que vous avez rendu sur la guerre un décret qui sera à jamais célèbre, il ne s'est point encore présenté l'occasion d'une délibération qui y eût quelques rapports. Je demande que pour consolider la maxime de la responsabilité, et consacrer la marche que les ministres doivent suivre en pareil cas, il soit décrété que le président se retirera pardevers le roi, pour prier S. M. d'ordonner aux ministres de notifier officiellement l'état de Tabago; ensuite le comité présentera un projet de décret. Cette proposition est adoptée.

M. NOAILLES : Quelques lettres particulières avaient laissé des doutes sur la soumission du régiment Royal-Marine. Une lettre du maire d'Uzès affirme que ce régiment est rentré dans l'ordre, qu'il a rappelé ses officiers, et qu'il est pénétré de reconnaissance pour la lettre que M. le président lui a écrite au nom de l'Assemblée nationale.

La séance est levée à quatre heures.

[blocks in formation]

Amis de la constitution, le 17 mai dernier; mais faute de preparation je n'ai pu qu'en dire deux mots; je le rétablis ici en partie, et sans autre préambule je veux démontrer 1° Que dans les nations où le peuple exerce la souverainete, une paix solide, des traites durables y font le bon

heur du citoyen;

2° Que dans les puissances mixtes, où la souveraineté est partagée entre le roi ou un sénat d'un côté, et le peuple de l'autre côté, la guerre est la perpétuelle ressource du prince et du sénat pour asservir le peuple;

3° Que dans les nations où le despote a ravi la souveraineté, des guerres longues, fréquentes, inutiles et toutes

desastreuses, tourmentent sans cesse le citoyen, à cause de l'éternel intérêt que les grands et les ministres y ont de faire la guerre.

Il ne manque pas de preuves qui établissent la première de ces verités; la paix dont jouissent les Américains; l'esprit pacifique de leur gouvernement, ce même caractère, qui fait le bonheur des Alpes Suisses, suffiraient pour l'etablir. A qui ces républiques pourraient-elles donc faire la guerre? Ont-elles des beaux-pères à établir rois en Pologne, comme Stanislas? Ont-elles des enfants d'un second lit et des cousins pour étendre des branches? L'usurpation du terrain d'autrui est une passion qui n'appartient qu'aux dynasties royales, tandis que le peuple souverain n'en connait d'autre que la prospérité de l'agriculture et de l'industrie. Vainement objecterait-on que la pauvreté et la situation des Alpes soumises aux Suisses, sont les causes de la tranquillité de cette portion de l'Europe, le côté gauche de ces montagnes, asservi à un roi, a été ravagé par son ambition sans cesse renaissante.

La seconde vérité n'est pas moins convaincante. Ainsi, en Angleterre, en Suède, en Hollande, où le prince et la nation agissent de concert pour la guerre ou la paix, la paix ou la guerre, comme jadis à Rome, ont été constamment les moyens, les instruments du prince pour préparer une révolution ou soumettre le peuple. Ouvrez tous les manifestes du ministère français contre l'Angleterre, et vous verrez comme nos ministres prouvent à l'Angleterre, dans chaque guerre, qu'elle est le jouet de ses rois; comme ils lui prouvent avec éloquence, que les trois prétextes de Papisme, France et Prétendant ont été le signal preparatoire de la guerre; et aujourd'hui que l'Angleterre n'a plus à craindre de prétendant, que la France n'est plus son en

nemie, et que le papisme n'est plus à redouter, ce mot

Commerce devient le dernier retranchement du ministère anglais. En Suède, la guerre a été de même la ressource des ministres, parce que le retour d'un roi victorieux y avilit toujours le peuple, et asservit le sénat. Enfin, la paix a toujours été le seul élément de la Hollande; mais parce que quelques amants de la hiérarchie y favorisent un stadhouder, cette république, qui ne vit que de commerce, a été constamment le jouet de sa dynastie stadhoudérienne. Un tableau des guerres de la France, sous Louis XV, vous démontrera une troisième vérité. Soyons vrais, même contre nous-mêmes, toutes nos guerres ont été inutiles, prétextées, ministérielles, injustes, désastreuses. Analysons ces cinq caractères dans les guerres de 1720, 1733, 1740, 1757.

1° Lear inutilité est évidente. En 1720, le régent seul y soutenait ses intérêts contre la branche espagnole notre alliée naturelle. En 1733, l'élévation de Stanislas en Pologne, ne pouvait être mise en balance avec les désastres de la guerre. En 1740, nous n'avions rien à craindre de l'Autriche, séparée de l'Espagne et attaquée par Frédéric. En 1757, il fallut peut-être se défendre des Anglais; mais nous avions provoqué la jalousie de ses ministres, en dilapidant nos finances et nous mettant dans la situation d'être impanément attaqués.

2 Le prétexte de ces guerres n'est pas moins coupable. En 1720, Dubois fait entendre au régent qu'il va établir ses droits naturels contre l'Espagne, tandis que la vraie cause de la guerre est la pension et le chapeau que lui pro mettent l'Autriche et l'Angleterre. En 1733, le prétexte est de relever la gloire de Stanislas détròné; tandis qu'en 1726. on ne trouvait pas deshonorant de renvoyer l'infante et de prendre la fille de Stanislas détrône. En 1740, le chimėrique Belle-Isle determine madame de Mailly-Fleury et le roi à la guerre, pour démembrer l'Autriche que nous perdu l'Espagne, etait au niveau des autres puissances. avions défendue en 1720; tandis que l'Autriche, qui avait En 1762, nous voulions soutenir, disions-nous, les Génois en Corse; et les ministres voulaient aussi leur ravir cette possession.

3° Après cela, l'injustice de nos guerres sera facile à démontrer. En 1720, on va combattre le petit fils de Louis XIV, dont l'élévation avait tant coùté de sang français. En 1738, on veut, par une armée, determiner et soutenir l'élection de Stanislas. En 1740, on veut démembrer les états d'une jeune orpheline, et on envoie en Ecosse un roi détròné par son peuple, pour le despotisme inne dans sa famille. En 1762, on ravit la Corse aux Génois, et on la ravit aussi à la liberté que Paoli voulait établir dans l'île.

4o Le desastre de toutes ces guerres n'est pas moins évident. Croira-t-on que les Français n'ont pas joui de la paix pendant la moitié du regne de Louis XV? On ne se déterminait à des traités que lorsque la France était aux abois, chaque guerre nécessitait la ruine de nos campagnes, par

un, deux ou trois impôts, et occasionnait une guerre intestine avec le clergé on le parlement. Nous avons uni, il est vrai, à l'empire français, nos bons frères les Lorrains; mais ce fut l'effet de la situation de l'Europe, plutôt que le fruit de nos conquêtes; nous n'avons fait la guerre qu'en sous-ordre et d'une manière subalterne; nous avons donné à l'Angleterre nos possessions dans les Indes; la Silésie au roi de Prusse alors notre allie; la Sicile, Naples et Parme à l'Espagne; voilà l'effet de nos guerres. Nous avons enrichi nos voisins, et nous nous sommes appauvris. L'aveuglement de nos ministres a été tel, qu'ils se sont perdus eux-mêmes par leurs folies, puisque les guerres ont préparé leur chute et la vengeance des peuples en 1790. Enfin, toute la France est convaincue aujourd'hui que la guerre était la moisson des grands et des ministres, un des moyens du despotisme. Voyez dans le Livre-Rouge la troisième et la quatrième génération des militaires récompenses, et la somme totale et permanente des pensions qui pesait depuis des siècles sur la France.

Après ces faits et ces vérités, livrerez-vous, Messieurs, à nos ministres le pouvoir de répandre le sang? Leur donnerez-vous le droit de paix et de guerre? Les laisserezvous même concourir à la confection des traités, eux qui n'en ont connu d'autres que ceux de leur intérêt versatile? Voyez en Angleterre, où les deux puissances travaillent de concert à la paix ou à la guerre, le peuple joué et trompé depuis un siècle, malgre sa prétendue liberté. Voyez la dette dont elle est écrasée, malgré sa prétendue puissance d'accorder ou de refuser l'impôt. Et quelle différence mettez-vous entre la France despotique, qui fait pendant un siècle des guerres ruineuses et injustes, par l'effet des deux mots, je le veux; ou l'Angleterre avisée, qui la négocie avec le parlement, et qui, sous prétexte de France, de Papisme, de Prétendant et de Commerce, se trouve en 1790 avoir fait autant de guerres et de dettes injustes, inutiles, désastreuses, que les Français, dans la servitude, en ont fait pour la gloire de leurs rois? Eveillezvous done, peuple anglais, de votre lethargie, ou ne nous vantez pas votre liberté prétendue.

Après ces faits, ces tableaux, ces résultats, si l'Assemblée nationale juge convenable d'associer le ministère à la fatale prérogative de déclarer la guerre, il me restera de prononcer dans cette Assemblée un discours sur ce problême politique: la guerre ayant été toujours et partout l'instrument du caprice, de la politique et des passions privées du pouvoir exécutif, quels moyens peut-il rester au peuple pour garantir ses représentants des suggestions anti-patriotiques?

Réponse à la lettre de M. Le Gris, chanoine de Sens, insérée dans le Moniteur, no 175. Vous avez réclamé, Monsieur, contre une note relative à votre chapitre et à votre archevêque. Vous laissez entendre que le premier n'a pas voulu adhérer à la déclaration du chapitre de Paris, et que le second n'a pas eu besoin de le rappeler à ses devoirs. Vous ajoutez, Monsieur, que la réponse, prêtée au dernier par le public, est fausse. J'avais prévenu votre réclamation, en publiant dans la chronique de Paris une lettre qui m'a été écrite avant la vôtre, par M. du Razel, et dont voici la copie.

« Le dilemme de M. l'archevêque de Sens, que vous citez dans votre ouvrage, Monsieur, ne me parait ni aussi juste ni aussi noble que celui que j'ai entendu faire par ce prélat à son chapitre. Je crois que vous ne serez pas fàché de le connaitre : le voici bien exactement : où vous êtes chrétiens, où vous êtes philosophes; si vous êtes chrétiens, il faut vous soumettre à la Providence; si vous êtes philosophes, il faut vous soumettre à la nécessité. » Ce 2 juin 1790. Signé DU RAZEL.

Cette lettre d'un témoin auriculaire atteste, Monsieur, deux faits contraires à votre réclamation; 1o que votre chapitre délibérait s'il adhérerait à la déclaration de celui de Paris; 2o que votre prélat a eu besoin de le rappeler à ses devoirs. CERUTTI.

AVIS DIVERS.

Quoique le journal militaire dont nous avons donné bier l'extrait du Prospectus, soit annoncé pour le 1er juil let, il ne faudrait cependant pas être étonne qu'il ne parût cette première fois que du 6 au 10: les officiers ayant eu jusqu'au 15 de juin pour se rendre à leur corps, l'envoi de ce Prospectus n'a pu leur être fait que depuis cette époque; ce qui, joint à quelques autres circonstances, pourra occasionner un retard de huit à dix jours. Mais on peut

être sûr qu'ensuite il paraîtra régulièrement le 1er et le 15 de chaque mois.

SPECTACLES.

THEATRE DE LA NATION. Les comédiens français ordinaires du roi, donneront aujourd'hui 1er juillet, l'Ecole des Maris; et les Folies amoureuses, comédie en 3 actes. THÉAIRE ITALIEN. - Aujourd'hui 1er juillet, la 12 représentation de la Soirée orageuse; et la 15 de Pierre-leGrand. Samedi 3, les deux Tuteurs; et la 6" représentation de Ferdinand, suite des deux Pages.

THEATRE DE MONSIEUR. — Aujourd'hui 1er juillet, à la salle de la foire Saint-Germain, la Frascatana, opéra italien, musique del signor Paesiello, dans lequel la signora Morichelli jouera le rôle de la Frascatana.— Samedi 3, la 2 representation de Viaggiatori Felici. Dimanche 4, la le représentation d'Azélie, comédie en 3 actes. THEATRE DU PALAIS ROYAL. Aujourd'hui 1er juillet, les Défauts supposés, comédie en I acte; le Préjugé a vaincre, en 3 actes; et les Bonnes-Gens, en 1 acte. En attendant la Double Intrigue.

THEATRE DE MADEMOISELLE MONTANSIER, au Palais Royal. Aujourd'hui 1er juillet, la 9e représentation du Maitre généreux, opéra en 4 actes. COMÉDIENS DE BEAUJOLAIS.

[ocr errors]

Aujourd'hui 1er juillet, à la salle des Elèves, le Faux Serment, opéra-bouffon en 2 actes; le Divorce inutile, comedie en l'acte; et le Fat en bonne fortune, opéra-bouffon en 2 actes. CIRQUE DU PALAIS ROYAL. Aujourd'hui 1er juillet, concert dans lequel on exécutera une symphonie de M. Rigel, une scene de M. Paesiello, l'ouverture de la Frascatana, une scène d'Atys, de M. Piccini père, une symphonie de M. Guénin, une scene du Samson de Voltaire, mise en musique par M. Mozin jeune, et un duo d'Iphigénie en Autide.

GRANDS DANSEURS DU ROI. - Aujourd'hui 1er juillet, la Capricieuse; les Deux Niais, piece en 3 actes; la 2o representation des Ecosseuses, en 2 actes; les Réconciliés, en I acte; et le Tombeau de Nostradamus, pantomime en 3 actes avec des divertissements.

AMBIGU-COMIQUE. Aujourd'hui 1er juillet, l'Epreuve raisonnable; Adélaïde, pièces en I acte; la Ire representation du Comte de Comminges, pant, en I acte; et la Mariée de Village, pièce en 1 acte, avec des divertissements. THEATRE FRANÇAIS COMIQUE ET LYRIQUE, rue de Bondy. - Aujourd'hui 1er juillet, la 2 representation de Virginie, comédie en 3 actes; et la 2o de la Folle Gageure, operabouffon en 1 acte, musique de M. le Blanc.

[merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

N° 183.

GAZETTE NATIONALE OU LE MONITEUR UNIVERSEL.

POLITIQUE. TURQUIE.

Vendredi 2 JUILLET 1790.

De Constantinople, le 22 avril. · On a récemment reçu des nouvelles de la mer Blanche: elles sont fâcheuses. Trois de nos frégates armées, chargées de grains, et venant de la Morée, ont été enlevées par des vaisseaux russes, sous les ordres du major Cazzioni. Les Russes ont encore attaqué et dispersé un grand nombre de nos bâtiments dans le golfe de Salonique, dont ils sont aujourd'hui les maîtres, depuis qu'ils se sont emparés de l'île de Zéa.

Il s'est tenu le 17 de ce mois une conférence de

guerre en présence de Sa Hautesse : le caimacan, le reis-effendí et les autres ministres y ont assisté. Le résultat de cette conférence a été communiqué le lendemain au conseil de guerre, et ce jour-là même, M. de Dietz, ministre de Prusse, a vu le reis-effendi. Quelques jours après est arrivé M. le major Knobelsdorff, qui venait remplacer M. de Dietz, en qualité d'envoyé extraordinaire et de ministre plénipotentiaire de S. M. prussienne. On a remarqué avec complaisance que ce ministre s'était embarqué à Venise sur un vaisseau marchand anglais, et s'était fait escorter par le capitaine Smeer, commandant un brigantin hollandais et nous apprenons en effet que les Russes regardent les alliés de notre allié comme leurs ennemis, et qu'en conséquence ils se sont emparés d'un vaisseau marchand d'Amsterdam, nommé l'Esther et le Dirck, faisant voile pour la Sicile. Cette nouvelle est favorable à l'espérance que nous avons d'une paix prochaine. La plupart des peuples soumis à la Porte, et ceux-là surtout témoins ou voisins des désastres de la guerre, commencent à manifester leur désir de voir poser les armes; ici même ce vœu est assez général. La première division de la flotte de l'Arsenal est sortie le 1er mai. Elle consiste en cinq caravelles, cinq frégates et plusieurs bâtiments de moindre force; la seconde division doit partir le 15, et le reste à la fin du même mois. Ces délais sont indispensables, tant on a de peine à rassembler des matelots. On dit que les gens de mer des iles de l'Archipel répugnent à s'engager pour servir sur la mer Noire, et que quelques-uns même, au moyen de quelques piastres, font approuver leur répugnance aux préposés des pachas. Un grand nombre des équipages de mer sera donc complété par les Asiatiques. On doit faire passer aussi dans l'Archipel quelques frégates qui se réuniront à une petite escadre que les puissances barbaresques y ont envoyée contre les armateurs russes. Mais il n'est pas probable que cette flottille puisse tenir contre l'ennemi qui, déjà nombreux, attend encore un renfort de Trieste. C'est plutôt sur les négociations que sur nos armes qu'il nous faut compter pour terminer la guerre. Le bruit se répand que S. H. n'ira point à l'arinée en personne. La nouvelle de la mort inopinée du nouveau grand-visir Ruschuglar-Seid-Hassan-Pacha, paraît aujourd'hui confirmée par des lettres de Bucharest, du 23 mai. Mais comme cette confirmation ne donne pas plus de détails qu'une première lettre de Crajowa, qui avait déjà annoncé cette mort, l'événement n'est pas encore certain.

[ocr errors]

Des avis de Spalatro, en Dalmatie, du 20 mai, annoncent que le pacha de Scutari, au lieu de se rendre dans la Bosnie, comme il l'avait promis à la Porte, a attaqué le pacha de Croya, s'est emparé de cette place, el y a commis les cruautés d'usage dans ces expéditions entre pachas. C'est la millième per1 Sér e Tome V.

fidie du pacha de Scutari depuis la guerre; il paraît qu'il a de nouveau conçu le projet de se rendre maitre absolu de l'Albanie.

PRUSSE.

:

De Berlin, le 15 juin. — M. le lieutenant-général de Braun a été nommé vice-gouverneur de cette résidence. Le corps de troupes qui se rassemble ici sous les ordres de M. le duc Frédéric de Brunswick, sera composé des bataillous de dépôt, et des régiBrunswick, de Tadden, de Knobelsdorff, de Kalksments suivants, savoir les bataillons du duc de tein, de Bork, de Schenck, de Renouard, de Legat, d'Ernest et de Mufling; et des régiments de Knobelsdorff, de Raumer, de Kalkstein, de Bornstedt, de Mufling, du régiment du corps des carabiniers et de Tadden ce corps sera servi par l'artillerie de Magdebourg. — Il est très-vrai qu'un corps prussien de quatorze régiments sera posté entre Brunzlau et Lowenbourg: ces troupes sont en marche pour se rendre de ce côté : leur objet est, dit-on, d'observer l'armée saxonne. Les bataillons d'Anhalt et de Rembau sont partis de Konigsberg pour la frontière; ils seront suivis par tous les régiments dans cette garnison.

Le roi et le prince royal sont arrivés le 10 juin dans l'après-midi, à Schweidnitz: depuis le séjour de S. M. dans cette ville, on a expédié plusieurs courriers; l'un d'eux est allé à Breslau porter des ordres aux troupes. S. M. a dù arriver hier au quartiergénéral de Schonwalde.

ALLEMAGNE.

Le 29 mai, un orage terrible a éclaté à Weimar ct dans les environs. La grêle et une grosse pluie ont presque tout dévasté. Le torrent d'eau a emporté des maisons et plusieurs personnes, et beaucoup de bétail a péri. S. A. S. le duc régnant, étant à cheval, s'est, à l'exemple du vertueux et immortel Léopold de Brunswick, précipité dans le torrent, et a sauvé la vie à un enfant qui allait périr; il est parti le 10 pour la Silésie, où il commandera une brigade. Ge prince ne trouvera jamais dans les armées une si belle occasion de signaler son courage à la fois et son humanité.

[blocks in formation]

Du 9 juin. Le navire le Citoyen Actif, de Bordeaux, du port de 150 tonneaux, destine pour Saint-Domingue; armateurs MM. J. R. Wirtz et compagnie, courtier M Delmestre, no 92.

Du 12. Les navires l'Aimable Thérèse, de Bordeaux, du port de 300 tonneaux, destiné pour Saint-Domingue; armateurs MM. Bruneaux frères et compagnie; courtier M Delmestre, no 93. - Le Prudent, du Havre, du port de 25€ tonneaux, destiné pour le même licu; armateurs MM. Gon dai et Lafourcade, courtier idem, no 94. — Le S. Charles

« PreviousContinue »