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MOYENS A EMPLOYER CONTRE LES EMPOISONNEMENTS
EN ATTENDANT LE MÉDECIN

Quel que soit l'empoisonnement il importe d'agir vite; or bien souvent dans les villes il s'écoule plusieurs minutes, dans la campagne plusieurs heures avant qu'un médecin puisse secourir le malade; nous avons donc indiqué ici les premiers soins à donner au moyen de substances que l'on rencontre partout. Il est bien entendu qu'on n'en mettra pas moins grande hâte à appeler le médecin qui seul peut instituer un traitement complet.

a. Prescriptions générales en cas d'empoisonnement.

Conseils généraux. Quel que soit le mode d'empoisonnement, il existe trois indications:

1° Faire évacuer le poison (à moins qu'il ne puisse être immédiatement neutralisé par l'ingestion d'une autre substance) 1; 2° Administrer un contrepoison;

3° Donner aux malades les soins complémentaires que nécessite leur état.

La seconde de ces indications répond à des prescriptions particulières qu'on trouvera énumérées plus loin à l'article spécialement consacré à chaque empoisonnement; quant à la première et à la troisième, nous allons indiquer immédiatement comment on y pourvoira.

Si la substance vient d'être

Évacuation du poison. avalée, elle est encore dans l'estomac; si au contraire un certain temps s'est déjà écoulé, elle peut être passée dans l'intérieur de l'intestin. Dans le premier cas, il suffit de faire vomir soit en enfonçant le doigt dans la bouche jusqu'au fond de la gorge et en allant chatouiller la luette (v. p. 294), soit en faisant avaler de la poudre d'ipéca aux doses indiquées page 270 ou à son défaut un verre d'eau tiède dans lequel on aura versé une petite cuillerée à soupe de sel commun.

Cinquante grammes de sel ordinaire (la valeur de deux cuillerées à soupe et demi), pour 1 litre d'eau tiède, amènent des évacuations à la fois par en haut et par en bas. Si on veut amener seulement un effet purgatif, il est préférable de se servir d'eau froide, le sel pénétrant alors en totalité dans l'intestin agira davantage sur celui-ci. Il est bien entendu qu'on n'emploiera le sel commun comme purgatif qu'à défaut du sulfate de soude indiqué page 270.

1. Nous avons indiqué dans chaque article le traitement complet; on verra donc quand il y aura lieu d'user de vomitifs ou de purgatifs.

Soins. Si le malade s'est évanoui, on lui fera respirer des sels ou du vinaigre. Lorsque ces moyens ne réussissent pas à le ranimer, on devra tremper un marteau dans de l'eau bouillante et l'appliquer rapidement sur la peau de la poitrine. L'empoisonné se refroidit-il? on activera la circulation en réchauffant le corps par l'enveloppement dans des couvertures chaudes. Des frictions sèches, des sinapismes et des boules d'eau chaudes seront également utiles.

Enfin, dans tous les cas, on s'efforcera de placer le malade dans l'air le plus pur possible en ouvrant les fenêtres et en éloignant les personnes dont la présence n'est pas nécessaire.

b.

Empoisonnement par les plantes dangereuses.

Nombre de personnes, après avoir cueilli dans un jardin ou dans les champs une feuille ou une fleur, portent à leur bouche cette partie d'une plante que cependant elles ne connaissent pas et quelquefois même la mâchent distraitement. Il arrive aussi à des enfants de dévorer les fruits de certaines plantes dangereuses, soit qu'ils les confondent avec d'autres, soit qu'ils croient faussement tous les fruits bons à manger.

Des empoisonnements, suivis de mort ou tout au moins d'accidents très graves, sont la suite trop fréquente de telles imprudences. Les plantes fraîches contiennent des substances particulièrement actives; il suffit donc d'en absorber une très petite quantité pour être empoisonné. On ne s'étonnera pas du reste de la rapidité et de l'intensité des symptômes observés dans ces conditions, en sachant que les médicaments extraits des plantes dont nous allons parler sont administrés aux malades à des doses très minimes quelques centigrammes, voire même 1 ou 2 milligrammes.

Nous n'avons décrit ici que les empoisonnements produits par les végétaux qui ont été la cause la plus fréquente d'accidents, mais nos lecteurs devront se souvenir qu'ils s'exposent aux plus grands dangers en introduisant dans leur bouche les feuilles, les fleurs, les fruits ou les racines de plantes dont ils ignorent les propriétés.

Aconit. Napel, capuce, casque-de-Minerve, capuchon, coqueluchon, tue-loup bleu, pistolets, fève de loup, thore (pl. coloriée VII, ci-contre).

Plante des prairies et des jardins. Les feuilles, les fleurs et surtout les racines contiennent de l'aconiline, médicament très actif et poison très violent.

Quelques autres plantes appartenant comme l'aconit à la famille des RENONCULACÉES peuvent également être dangereuses, notamment l'hellébore (rose de Noël), dont 10 grammes de la tige sou

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terraine suffisent à tuer un homme; la clématite, qui doit son surnom d'herbe aux gueur à l'usage qu'en faisaient autrefois les mendiants pour s'irriter la peau et produire ainsi des plaies; les anémones et le bouton d'or, si commun dans les champs. Symptômes de l'empoisonnement. Chaleur au creux de l'estomac, picotements dans la bouche, constriction de la gorge, fourmillements, engourdissement de l'extrémité des doigts, nausées, vomissements. Troubles de la vue et de l'ouïe. Respiration faible. Quelquefois convulsions; prostration toujours très grande. Premiers soins. Faire vomir (voir page 279). Donner ensuite des grogs et réchauffer le corps avec des serviettes chaudes, des boules d'eau chaude, des frictions et des massages.

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Arum. - Arum maculatum, serpentaire, pied-de-veau, gouet, vaquette, langue-de-bœuf, herbe à pain, herbe dragonne (pl. coloriée VII, ci-contre). Plante des lieux humides, des haies, des bois, souvent conservée en pot dans les appartements à titre d'ornement. Symptômes. — Gonflement de la langue, vomissements intenses, convulsions, pupilles dilatées, insensibilité.

Premiers soins. Vomitifs et purgatifs (voir page 279). Puis

café fort.

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Belladone. Morelle furieuse, guigne de côte, permenton, herbe empoisonnée (pl. coloriée VIII, page 282 bis).

Plante des bois, des fossés, des murs; cultivée également dans les jardins. Toutes ses parties contiennent de l'atropine, substance très active qu'on emploie à la dose de 1 à 2 milligrammes au plus en médecine.

Symptômes.

La bouche et la gorge sont chaudes et sèches par suite de la suppression de la salive, la déglutition est difficile, la soif ardente. La figure est rouge, les yeux saillants et brillants, la vision trouble ou double, les pupilles très dilatées et insensibles à la lumière. Il existe une très grande excitation; la marche est hésitante, chancelante. La peau est sèche et couverte de grandes plaques rouges. Délire bruyant.

Premiers soins. Ceux de l'empoisonnement par l'aconit. Ciguë. Trois espèces : 1° GRANDE CIGUE, ciguë tachetée : 2o PETITE CIGUË, faux persil, arbre des chiens (pl. coloriée VII, cicontre) ; 3° CIGUË VIREUSE, ciguë d'eau, ciguë aquatique, se rencontre dans les lieux frais, les terrains incultes, le long des masures et des haies, autour des habitations. La ciguë vireuse croît dans les eaux stagnantes, sur le bord des ruisseaux. Particulièrement dangereuse à cause de sa ressemblance avec le persil, quelquefois confondu aussi avec l'asperge sauvage, le fenouil, le cerfeuil et le panais. En dehors des caractères botaniques, l'odeur d'urine de chat que cette plante répand, lorsqu'on la froisse, permet de la distinguer. Symptômes. Faiblesse des jambes et des bras, marche titubante, pupilles dilatées et fixes, perte de la vue, impossibilité d'avaler, asphyxie et mort.

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