LE CIEL ou autres animaux, foit domeftiques, foit POETI- fauvages. On s'y barboüilloit le vifage QUE. de fang pour porter les marques du danger que l'on avoit couru, & de la victoire qu'on avoit remportée. Au lieu de fang, on avoit fouvent recours à une legére couche de lie, ou au jus de mûres, qui étendu fur un visage, dégoûtoit un peu moins l'acteur que n'auroit fait le fang des bêtes, & embel liffoit tout autant. Virgil. Sanguineis frontem moris & tempora pingit *. Eclog. 6. Tel eft le fard d'un des principaux acteurs des Bacchanales, lorfque Virgile le fait paroître fur la fcène. La lie plus facile à trouver à l'entrée de l'hyver où ces fêtes: fe célébroient, étoit mife en œuvre par les perfonnes qui formoient le cortége ou la pompe de Bacchus ; & par les acteurs (a) des reprefentations dramatiques qui n'étoient qu'une fuite ou une extenfion des bacchanales, fêtes dont la nature & l'institution étoient de reprefenter le palle. Tout y dégénéra de la forte en mascarades, en courfes infenfées, en hurlemens, & en fureur : c'étoit à qui feroit. (a) Peruniti facibus ora. Horat. de art.. poëtic le LA le plus de folies. Au lieu de porter une peau de bouc ou de chévre, on crut beau- THE Ocoup mieux faire de s'habiller en chévre, GONIE ou en tigre ; de s'affubler la tête des cornes d'un chévreüil, ou d'un jeune cerf; de fe couvrir le vifage d'écorce d'arbre de façon à imiter le né camard & les oreilles pointues du chévreau & du bouc fans négliger les autres ornemens de la figure (a). Peu à peu au lieu d'un enfant de métal porté mystérieusement dans un coffre, on prit la coutume de choisir un gros garçon bien nourri, pour faire le perfonnage du dieu imaginaire. Avec le tems on lui donna un char: & pour rendre le tout plus merveilleux, les prétendus tigres s'offrirent à le traîner, tandis que les boucs & les chevres gambadoient à l'entour. Les affiftans déguifex & masquez Origine des de la forte, portoient des noms confor- fatyres, des mes à l'action qu'ils faifoient. On les de Pan. nommoit Satyres, mot qui fignifie des hommes déguisex (b), ou Faunes, c'est-à (a) Oraque corticibus fumunt horrenda cavatis. Georgic. (b) fatur, caché, déguisé; O dire, panin ou phanim, facies Toowπα, perfona, ofcilla, des mafques. Ces panim ou ces mafques hideux ne pouvoient manquer d'épouventer les enfans. C'eft pour cela que les frayeurs occafionnées par des aparences de mal , fans réalité & . LE CIEL dire des mafques. Ces étymologies fort POETI fimples & étroitement liées avec ce qui QUE. 1 précéde, fe trouvent confirmées par l'ufage où étoient les affiftans des fêtes rurales, de confacrer à Bacchus, & de fufpendre à l'arbre fous lequel fe faifoit la derniére station, le mafque d'écorce ou autre dont ils s'étoient couverts pour prendre part à la cérémonie (a). Les fètes de Bacchus ont été abolies par la prédication de l'Evangile: mais on voit ce qu'il en refte encore parmi nous dans les réjoüiffances de l'hyver. C'est la même faifon, le même intérêt, & à peu de chose près, la même idolâtrie. On donnoit à ceux qui fuivoient ou accompagnoient le char de Bacchus, les noms de Bacchans ou de Bacchantes 9 c'eft-à-dire, de pleureurs & de pleureufes, parce que la fete commençoit par des regrets, par des lamentations, & par · des dès, c'eft-à-dire, du nom de Pan, dans les cornes & Et te, Bacche, vocant per carmina lata, tibique |