feulement dans un lieu,mais dans toutes les Provinces du Royaume. Comment faire pour l'efperer? Chaque Peuple regarde fes Ufages & fes Coutumes fi fervilement qu'il croiroit qu'on lui feroit injure fi on vouloit y appor ter quelque changement: Les nouveautés produifent fouvent des difficultés imprévues, il n'eft pas facile de les furmonter toutes, quelque prévoyance que l'on ait, & quelque précaution qu'on y apporte.

Par exemple quelques-uns ont prétendu que les Dixmes étoient Spirituelles & de Droit divin; d'autres au contraire qu'elles étoient chofes purement temporel. les & de droit pofitif:plufieurs fe

font efforcez d'établir que dans leur origine elles étoient patri

moniales, & depuis ont été des

dépendances des Fiefs; des Adverfaires leur ont réfifté & ont décidé que primordialement elles étoient Ecclefiaftiques; Canoniftes, principalement les Ultramontains, ont prétendu qu'elles étoient dûës de toutes

les

chofes, ils ont même admis des

Dixmes perfonnelles ; nos Ca

noniftes François ont rejetté les

Dixmes perfonnelles, à moins que fous ce nom on ne voulût mal-à-propos comprendre les of frandes & les oblations, qui font toujours volontaires de leur nature, & ne deviennent néceffaires que lorfque la Coutume en

a fait une Loi, ou qu'elles for ment la fubfiftance que les Miniftres n'ont point d'ailleurs. Ils ont ajouté que les Dixmes réelles n'étoient dûes que des fruits, fuivant la coutume & les ufages des lieux, non-feulement pour la qualité,mais auffi pour la quotité.

Je n'ai pas affez de présomption pour croire que je puiffe éclaircir ces doutes ni applanir toutes ces difficultez avec fuccès, je ne me flatte pas même de perfuader à perfonne l'opinion que j'ai embraffée fur ces problêmes; l'autorité de tant de grands Hommes, qui fur ces queftions ont embraffe differens partis, laiffe ces queftions encore indécifes. Mais je

tâcherai de montrer les principes &les autoritéspour les décisions, je le ferai avec le plus de méthode qu'il me fera poffible, je diviferai cet Ouvrage en deux parties, l'une fervira de principe à l'autre, elle confiftera dans des questions préliminaires fur le fait hiftorique des Dixmes comment elles fe Jont établies fuivant l'ordre des tems;je rapporterai lesConciles, les Capitulaires des Empereurs & des Rois, les Décretales des Papes, les Ordonnances de nos Rois & nos Coutumes. Dans la Jeconde partie je ferai voir ce qui eft d'ufage fuivant les Arrêts,& ce qui a été jugé dans les efpeces particulieres qui fe préfentent le plus fouvent la théorie de cette

matiere fera donc examinée dans la premiere partie, & la pratique par les Arrêts & l'autorité des Docteurs dans la feconde. Il ne faut pas s'étonner des dif férentes opinions qu'on trouvera fur ces questions. Du Moulin fur le chap. 20, de refcr. dit que La diverfité des opinions quifont fondées en raifon & en autorité, vient,ex nobilitate intellectus, & moi je crois que c'est souvent ex obfcuritate intellectus : Mais pour parler du Traité hif torique des Dixmes, on exami nera touchant leur origine: 1°. Si elles font de Droit divin ou de droit pofitif Ecclefiaftique.2.Si elles font fpirituelles ou temporelles. 3. Siles Dixmes sontEc