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dénombrement marqué dans un autre paffage, Nombres chap. 7. 4. aous ferons obligés d'y en ajouter plus de 121,000; tout le nombre des combattans montant par ce calcul à 1,691,000.

Et le quadruple de cette derniere fomme, ou le nombre total des habitans à 6,764,000, Chron. XIII. 3. fuivant quoi la Palestine doit avoir été du moins cinq fois auffi peuplée que l'Angleterre.

Paffons à la Grece que nous trouverons ne l'être pas moins: fuivant la revue du globe de Templeman

L'Epire contenoit de milles en quarré

La Theffalie

L'Achaïe

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7955

4650

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3420

7220

23,245

Et la Grece dans fa plus grande fplendeur n'étoit compofée que de ces pays-là, car l'Albanie & la Macédoine qui étoient un peu plus étendues que les quatre autres, n'étoient pas cenfées faire partie de la Grece. Si l'on exclut donc ces deux contrées, la Grece n'étoit pas auffi grande de moitié que l'Angleterre, cependant elle renfermoit plufieurs grandes villes & Républiques, & doit avoir été extrêmement peuplée. Nous trouvons un paffage dans Athenée, au fixieme livre de fes Deipnofophiftes, qui pourra nous fervir à faire quelques conjectures probables fur l'Etat d'Athenes : car Démétrius de Phalere fait monter de fon temps le dénombrement de fes habitans à

21,000

& celui des étrangers à

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31,000

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- Donnant donc à chaque homme une femme & deux enfans, le nombre de ceux qui étoient libres, fe montoit à 124,000.

Si la famille étoit plus confidérable, le nombre des citoyens doit l'avoir été à proportion; mais ne comptant les citoyens libres que fur le pied de .

& y ajoutant les efclaves qu'Athenée met à

Les habitans de l'Attique étoient en tout
Comptant fix perfonnes libres dans chaque famille, leur nombre

fe montoit à

Et celui des efclaves à

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124,000 400,000

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524,000

186,000 400,000

Somme totale 586,000

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Mais l'Attique ne faifoit que partie de la Grece ou de l'Achaïe, propre ment dite, qui contenoit plufieurs autres diftricts; favoir, l'Etolie, la Doride, Locris Ozolae, la Phocide, Megare, la Bootie, & Locris Epic

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nemidie; & quoique parmi ces Etats quelques-uns fuffent médiocres, d'autres étoient confidérables jufqu'à fe montrer les rivaux d'Athenes. Tous fept, y compris l'Attique, ne contenoient fuivant Templeman, que 3420 milles en quarré, & quoique l'Attique paroiffe avoir été beaucoup plus grande qu'aucun des fept autres Etats, à l'exception de la Bootie, fon territoire ne peut avoir eu en grandeur qu'un quart de l'Achaïe, ou contenu au-delà de 855 milles en quarré : mais en fuppofant qu'elle en eût contenu 1000, elle ne faifoit pas à ce compte la 23 partie de la Grece & fi toute la Grece étoit peuplée au même degré de proportion, elle contenoit au-delà de 12,000,000 d'habitans.

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Si l'Attique ne contenoit que 855 milles en quarré, les habitans de la Grece fe monteront à plus de 14,000,000. Si elle ne faifoit que la cinquieme partie de l'Achaïe leur nombre fe trouvera être de plus de 17,000,000: prenant donc un milieu entre ces trois dernieres computations, il furpaffera celui de 14,000,000; ainfi, fi la Grece eût été aufsi grande que l'Angleterre, elle eût contenu au-delà de 29,000,000 d'hommes, & été près de quatre fois plus peuplée; & quelque peu apparent que cela paroiffe aux grands admirateurs de la politique moderne ceffera de l'être s'ils confiderent combien les Grecs étoient un peuple puiffant.

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cela

L'Italie étoit auffi très-peuplée. Du temps de Servius Tullius, fixieme Roi de Rome, elle comptoit de puiffans Etats vers le Sud, fur-tout dans la grande Grece. Le feul Etat de Sybaris, au rapport de Diodore, lib. 22. cap. 9. envoya une armée de 300,000 hommes contre les Crotoniates, qui lui en opposerent une de 100,000. Sur ce pied ces deux Etats voifins avoient environ un million & demi d'habitans, à fuppofer même qu'ils n'euffent pas un plus grand nombre de foldats que ceux qu'ils avoient fait marcher, ce qui n'eft nullement probable.

Strabon, Lib. 6. pag. 404. fait le même rapport de Sybaris, & ajoute de plus que fa diftance de Crotone étoit d'environ 200 ftades ou de 25 milles grecs, fon circuit de so ftades ou de 6 milles grecs & un, & que cet Etat donnoit la loi à quatre tribus ou nations voifines, & à 25 villes; fuivant le même auteur lib. 6. pag. 429, il y avoit plufieurs autres Etats & villes confidérables dans la grande Grece : les Tarentins fur-tout, étoient un peuple très-puiffant, en état de lever 30,000 fantaffins, 3000 cavaliers & 1000 officiers de cavalerie; d'ailleurs leur flotte étoit bien équipée, & tout le pays aux environs de la grande Grece cependant ne faifoit qu'une partie de ce qu'on appelle aujourd'hui le Royaume de Naples, qui n'a guere plus des deux cinquiemes de l'étendue qu'a l'Angleterre.

Mais nous ferons plus en état de connoître les anciennes forces de l'Italie, & les Etats puiffans & nombreux qui la compofoient, fi nous faifons attention à leurs longs débats avec les Romains, & à la lenteur des pro

grès de ceux-ci, malgré la multitude & la valeur de ce peuple belliqueux.

Ce fut environ vers l'an 420 que commença la puiffance des Romains; car ils entreprirent une guerre à Samnium, à la diftance de près de 130 milles romains de la ville; & ce ne fut que vers l'an 450 de Rome, qu'ils firent quelques confidérables entreprises fur l'Etrurie. La guerre avec les Tarentins n'eut lieu que vers l'an de Rome 477 mais pendant cet efpace de 400 ans, ils s'étoient prodigieufement multipliés.

Le dénombrement ne fut inftitué que fous le regne de Servius Tullius, qui commença environ 175 ans après la fondation de Rome. Tite-Live obferve qu'au premier dénombrement il y eut 80,000 citoyens Romains d'enrôlés, & un autre hiftorien, qu'il cite, rapporte qu'ils étoient tous en état de porter les armes. On peut voir d'un coup-d'œil tous les dénombremens particuliers faits en différens temps, raffemblés dans un ouvrage de Voffius, qui a pour titre Obfervations diverfes, pag. 26. L'an 245, le dénombrement étoit de 130,000 hommes: l'an 256, de 140,700. Entre l'an 4 & 500, il fe montoit quelquefois à 278,000, quelquefois même jusqu'à 292,224.

Prefque pendant tout ce période le territoire Romain étoit très-petit; ainfi combien ne devoit-il pas être rempli d'habitans? D'ailleurs les dénombremens n'étoient que de perfonnes libres, les efclaves ne s'y trouvoient point compris : les Romains ne les employoient à la guerre, & ne les enrôloient comme citoyens, que dans le cas de néceffité, quoique dès le commencement ils en euffent déjà en grand nombre.

Une autre preuve de la grande multitude des Romains, ce font leurs guerres continuelles, dans lesquelles ils perdoient une fi prodigieufe quantité de monde prefque tous les ans : par où il paroît évidemment que fi leur pays d'une petite étendue n'eût été peuplé à un point extraordinaire il n'eût jamais été en état de fournir aux armées des renforts fi conftans, les batailles étant prefque continuelles, dans lefquelles quoiqu'ordinairement victorieux, ils ne l'étoient cependant pas toujours, ayant fait plufieurs fois des pertes confidérables, & achetant fouvent la victoire bien cher : malgré tout cela ils fe voyoient toujours en état de lever des armées nombreuses; ce qui prouve manifeftement combien leur pays étoit peuplé & ce nombre prodigieux n'étoit pas reftreint uniquement à cette partie de l'Italie qui appartenoit aux Romains, mais s'étendoit encore aux autres Etats & Républiques puiffantes qui compofoient cette ancienne contrée.

Terra antiqua, potens armis, atque ubere glebæ.

La Sicile étoit également très-peuplée avant le temps d'Alexandre-leGrand, & renfermoit nombre de puiffans Etats. La grandeur & les richeffes de Syracufe font très-fameufes. Suivant Cicéron, c'étoit la plus grande

ville

ville que les Grecs poffédaffent, & Strabon remarque qu'elle étoit environnée d'un mur de 180 flades ou de 22 milles grecs & demi.

C'étoit en effet la plus grande & la plus puiffante ville, mais non pas la feule ville puiffante de la Sicile, comme il paroît évidemment par les prodigieufes armées que les Carthaginois envoyerent contre les Siciliens, de la peine qu'eut un peuple fi riche & fi redoutable par fa puiffance à faire les conquêtes & à les conferver, auffi-bien que par le fang & les tréfors qu'il lui en coûta pour fe procurer quelque terrein un peu confidérable dans cette petite Ile.

On prétend que l'Agrigentum (Gergenti, Ville de Sicile) en particulier ne contenoit pas moins de 200,000 hommes tant natifs qu'étrangers: or, fi l'on n'entend que les chefs ou ceux qui étoient propres pour la guerre, le nombre des habitans doit avoir été au-deffus de 800,000; mais à ne les fixer qu'au premier nombre, cette ville doit avoir été également peuplée & puiffante. On peut juger de l'opulence & de la puiffance de la Sicile, principalement par la grandeur de Syracufe, qui cependant ne put jamais dominer fur toute l'ifle. Si l'on confidere fes autres Etats, le terrein que les Carthaginois y avoient gagné, & que l'on faffe attention qu'en total, elle ne fait pas la cinquieme partie d'Angleterre, on fera forcé de convenir que le territoire de Syracufe étoit très-petit; cependant elle fe vit en état de fe défendre contre les Etats maritimes les plus puiffans de ce temps-là. La puiffance des Carthaginois étoit pour lors très-formidable, & ils avoient déjà fait plufieurs entreprises fur la Sicile avant d'être engagés dans aucune guerre avec les Romains. Les Hiftoriens remarquent qu'ils avoient préparé des armées & équippé des flottes prodigieufes à ce deffein.

Les Gaulois devoient être extrêmement nombreux; ce qu'il eft aisé de conclure par les armées prodigieufes qu'en plufieurs occafions ils oppoferent à Céfar, qui dans le fecond livre de fes Commentaires, Cafar in bell. Gall. lib. 2. cap. 4. nous donne une lifte particuliere des levées faites dans Belgium, & ce fut à cette occafion que les Beauvaifois entreprirent de lever 60,000 hommes.

Les Soiffonnois

Les Nerviens, ou ceux du comté de Hainault

Ceux du territoire d'Arras

Ceux du Diocese d'Amiens

Les Morins, peuple de la Belgique feconde fur l'Océan.

Les Menapiens

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Les habitans du pays de Caux

50,000

50,000

15,000

10,000

25,000

9,000

10,000

10,000

19,000

:

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Les Velocaciens & les Vermandois

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[

Or, il n'eft pas probable que cette levée comprît tous les hommes du Belgium en état de porter les armes car Céfar étoit informé que les Beauvaifois pouvoient fournir 100,000 hommes quoiqu'ils ne fe fuffent engagés que pour 60,000 prenons maintenant le total dans la proportion de 10 à 6, le montant des hommes dans tous les Etats du Belgium, capables de porter les armes, devoit être de 496,666, & en quadruplant ce dernier nombre, le Belgium doit avoir contenu 1,986,664 habitans que nous pouvons fuppofer libres ou non employés à des offices fervils; car chez les Gaulois, outre ceux qui alloient à la guerre, il y en avoit plufieurs d'exempts parmi eux comme parmi les autres nations, il fe trouvoit nombre d'efclaves, de laboureurs, & d'autres qui fe livroient à ces arts méchaniques que des guerriers regardoient comme indignes d'eux. Cela paroît par le récit de Céfar, qui, en parlant des différens ordres parmi les Gaulois, partage ceux qui étoient de quelque confidération, en deux claffes, & leur donne le nom de Druides & de Cavaliers: il donne aux autres le nom de bas peuple, & les représente comme efclaves par les cavaliers, il entend les guerriers; car lorfque quelque guerre s'allume, omnes, dit-il, in bello verfantur.

Ceci ne donne-t-il pas à entendre que dans la mention des levées des troupes Gauloifes contre Céfar, la populace eft peu comprife, comme chargée du foin de labourer la terre, ou de travailler à de plus vils emplois? & en la fuppofant trois fois auffi nombreuse que le refte, nous compterons dans le Belgium environ 8,000,000 d'habitans: & cette triple proportion fe confirmoit à Athenes, comme auffi presque par-tout ailleurs où l'on obferve que les gens de travail font en beaucoup plus grand nombre que leurs maîtres: or il paroît que le Belgium ne faifoit que la quatrieme partie des Gaules car il étoit borné d'un côté par le Rhin, de l'autre par l'Océan, & d'un troifieme par les rivieres de Seine & de Marne; mais les Gaules étoient bornées d'un côté par les Alpes, qui les féparoient de l'Italie, enfuite par le Rhin qui les féparoit de la Germanie, & de tous côtés par l'Océan, excepté où les Pyrenées en font la féparation d'avec l'Espagne ce qui devoit faire une vafte étendue de pays : & fi elles furpaffoient le Belgium quatre fois en grandeur, comme il étoit probablement vrai, on peut compter 32,000,000 d'habitans dans les Gaules.

Je n'entreprendrai point d'autres calculs, quoiqu'il fût fans doute aifé d'en faire plufieurs, en parcourant les auteurs anciens avec le foin & l'exactitude qu'un tel fujet mérite: j'observerai feulement que fuivant toute apparence, plufieurs autres pays étoient anciennement plus peuplés qu'ils ne le font à préfent, quoiqu'il ne foit pas aifé d'affigner des calculs particuliers à ce fujet : c'eft l'état de prefque toutes les ifles de la Méditerranée & de la mer Ægée, qui dans les beaux jours de la Grece, étoient peuplées abondamment; de l'Afie Mineure fi floriffante autrefois; de toutes, pu du moins d'une bonne partie des côtes de la Méditerranée vers l'Afri

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