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CHARADE.

GARDE-TOI, cher Lecteur, d'un coup de mon

premier ;

Ne t'amuse jamais non plus à mon dernier,
Car tu pourrois un jour éprouver mon entier.

(Par Mlle. Florence.)

ÉNIGM E.

SANS.avoir, j'en conviens, une grande valeur,
Trois plus petits que moi ne me feroient pas peur ;
Je les vaux tous les jours ; c'est à la connoissance
Des moindres fujets de la France ;

Et malgré que je fois fort chétif, fort mesquin,
Même, fi l'on veut, un faquin,

Je me trouve parfois en bonne compagnie,
Avec de beaux Meffieurs tout d'argent ou tout d'or;
Que vous dirai-je encor?

Mais je ferai mieux de me taire.

Rouge (non de cheveux) mon nomeft bien vulgaire.

(Par un Membre de la Ch. Litt

de Chantepie.)

LOGOGRIPHE.

FILs d'une fage mère, on m'a vu furieux

Commettre des forfaits en atteftant les Cieux.

Aveugle en ma fureur, j'ai dévafté la Terre-
En allumant par-tout le flambeau de la guerre..
Je poffède en Espagne encer quelques autels,
Toujours rougis du fang des malheureux mortels.
Le nouveau Continent, devenu ma victime,
Eut, dès que j'abordai, connoiffance du crime..
J'armai ton bras, Clément, je fis périr Valois,
Je privai les François du plus grand de leurs Rois.
Mais le Monde troublé
par ma funefte rage,
Voit luire enfin la paix que défire le fage.

Si tu m'as deviné, Lecteur, je peux finir.

Dans neuf pieds j'ai pourtant bien des mots à t'offrir,
D'abord un joli mois, ce qui donne la vie ;
Un mont Sicilien, un autre dans l'Afie;
Ce qui porte en fon fein des tréfors précieux ;
Un métal, un vrai fot; plus, un de nos aïeux ♬
Un terme de mépris, des bonbons, ce qui paffe
Et ne revient jamais ; l'animal dont la race
Eft belle en Arcadie, & puis une boisson
Néceffaire au malade, & le nom du Démon.
Tu trouveras ce que tout bon Prêtre doit dire;
Plus, ce qui tous les jours revient & fe retire ;
Un petit animal ; trois tons de l'Arétin;
De l'Empire Chinois un Royaume voifin;
A nos châteaux ailés chofe très-néceffaire ;
Ajoutez à ces mots, un fleuve d'Angleterre.
Devine-les bien tous ; fi tu fais combiner,
Dans peu, mon cher Lecteur, tu pourras me trouver,
(Par M. de Bourrienne, de Sens.)

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

HISTOIRE de la Révolution d'Amérique, par rapport à la Caroline Méridionale; par M. DAVID RAMSAY, Membre du Congrès Américain Traduite de l'An-, glois; ornée de Cartes & de Plans. A Londres; & fe trouve à Paris, chez Froullé, Libraire, quai des Auguftins 1787. 2 vol. in-8°. Prix, 10 liv. 10 f br. pour la Province, francs de port, 12 liv.

Dès qu'une chofe eft imprimée, a dit

» Voltaire en parlant des menfonges hiftoriques, pariez qu'elle eft fauffe; je fuis de "moitié avec vous, & votre fortune eft

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faite ". Cela eft fur-tout vrai de ces compilations précipitées, où l'on recueille des évènemens récens, & dont on fonde le fuccès fur la vanité d'un Parti ou d'une Puiffance, en répétant les fauffetés qu'ils ont fait circuler pendant la guerre. La multiplicité des Gazettes, les impoftures vénales des libelles périodiques, qu'on enchaîne par las crainte ou l'intérêt, & que l'on accrédite par des autorifations fpéciales; enfin, les Ecrits Polémiques qu'enfante chaque faction, & où elles difent prefque toujours le contraire de

ce qu'elles ont vu ou penfé, en fe gardant bien de laiffer paroître les vrais motifs de leur conduite, deviennent les matériaux avec lefquels des Ecrivains preffés édifient ces monumens de fable. Le ridicule fe joint à l'abus, lorfqu'à ces recueils de bruits incertains on mêle des réflexions, comme on le fait aujourd'hui. S'il faut être très-réservé à raifonner fur les faits, on doit l'être bien davantage à raifonner fur des menfonges. Si quelque chofe infpire de la pitié, c'eft de voir un Ecrivain, étranger à la guerre & aux affaires, mais riche de quelques dates, de quelques pièces officielles, de rapports fournis par gens dont il ne peut apprécier la véracité, porter fentence fur les acteurs des évènemens, les peindre, & trop fouvent les diffamer, comme s'il eût vécu dans leur intimité. trancher fur les queftions politiques, réfou-. `dre des problêmes qui feront problêmes encore pour la Poftérité, & juger les querelles des Etats.

L'Hiftoire ne devroit-elle donc jamais être écrite par les contemporains? Bien au contraire, ils font les meilleurs garans de fa fidélité; pourvu toutefois, ainfi que le demande un célèbre Souverain qui a mis autant de dignité dans l'Hiftoire que de grandeur dans fes actions, que ces Auteurs ayent eu des charges, ayent été eux-mêmes acteurs, ou attachés à la Cour, ou autorifés des Souve-.. rains à fouiller dans les archives. Encore auront-ils à combattre les préjugés de circonf

tance, qui ne s'effacent qu'à la longue, & l'ambition de publier, de leur vivant, des révélations que mille obftacles rendroient alors imparfaites..

Ces confidérations n'ont pas arrêté les Ecrivains nombreux qui ont déjà traité de la Révolution d'Amérique. Nous en avons trois ou quatre Hiftoires en françois, & il s'en prépare d'autres; M. Andrews en a auffi compilé une en Angleterre; l'Amérique va donner la fienne ; & en attendant, voici le Docteur Ramfay qui ouvre fon portefeuille.

Ce dernier mérite fans doute une attention particulière. D'abord fon Hiftoire n'eft point générale, & comprend feulement la Révolu tion de la Caroline méridionale. Cette province eft la patrie de l'Auteur; témoin d'une partie des faits qu'il raconte, il a pu recueillir des informations exactes fur le refte, en fa qualité de Membre du Corps Légiflatif & du Congrès: enfin, il n'a fait mention des évènemens arrivés dans les Etats voifins, qu'autant que leur rapport avec les affaires de la Caroline méridionale & leur influence fur fon fort l'ont rendu nécefaire. De ce refferrement du plan, adû naître la facilité d'étendre les détails, fans lefquels une Hiftoire de ce genre eft un fquelette, & de développer les pricipaux faits pour en fonder la certitude.

Dans le premier Chapitre, qui forme une introduction de l'Ouvrage, le Docteur Ramsay jette un coup d'œil fur l'état de la Caro

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