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droit encore demeurer d'accord, que l'E tat en payant la moitié des fubfides de Dannemarck, & autres, fe trouve dans la Proportion, plus chargé par le payement de cette moitié, que la Grande-Bretagne ne l'eft dans ce qu'elle a payé de plus fur cet Article.

Au refte, on ne doit point paffer fous filence, que l'Etat, en fe chargeant au commencement de la moitié des Subfides promis au Roi de Dannemarck, & à d'autres Princes, a fait plus que l'on ne devoit prétendre de lui mais ce qu'il a fait en ce cas-là, n'a point dû tirer à conféquence pour les autres Traitez qui fe feroient à l'avenir, & jamais il ne s'eft engagé à payer indiftinctement la moitié de tous. les Subfides, que l'on auroit pû promettre dans la fuite à l'occafion de Cette Guerre. On peut dire au contraire qu'il avoit de grandes raifons pour ne s'y pas enga ger, foit eu égard à l'inégalité de fes Forces & de celles de la Grande-Bretagne ; foit eu égard aux Traitez faits dans la précedente Guerre avec le Duc de Savoye & avec d'autres Princes, par lesquels il paroît que la Proportion dans le payement des Sublides accordez pour pouffer la Guer

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re, autre part qu'aux Païs-Bas, a prefque toûjours été des deux troifiémes pour la Grande-Bretagne, contre un cinquième pour l'Etat. Si bien que de quelque câ. té qu'on tourne fes confiderations, il ne refte à la Grande-Bretagne aucun fujet de fe plaindre à cet égard. Auffi a t-il paru ci-devant, qu'en Angleterre même on comprenoit fort bien que cette proportion dans les Subfides & dans les autres charges de la guerre, hors du Païs-Bas, n'étoit pas déraisonnable, puis que non feulement Sa Majefté a pris fut foi la portion de l'Empereur dans le Traité de Portugal; mais que de plus, lors qu'elle entra dans le Traité que l'Empereur avoit fait avec le Duc de Savoye, ce qui fut longtemps avant que l'Etat y entrât auffi, elle fe chârgea volontairement des deux tiers des Subfides, qu'il faloit payer à ce Prince.

Ce qui fait voir que quand même l'inégalité dans les payemens des Subfides, & dans les autres Dépenfes dont Sa Majesté s'eft chargée, feroit contre la proportion, ce qui n'eft point, on ne pourroit pas avec fondement en titer aujourd'hui des motifs de griefs contre l'Etat, puifque A a 7 c'cl

c'eft volontairement que Sa Majefté s'en eft chargée.

Le refultat de tout ce qu'on vient de dire eft; Que fuivant les Traitez & les Allian ces, la Grande-Bretagne & cet Etat, font obligez chacun en particulier d'employer toutes leurs forces dans la préfente Guerre; Que puisque le Quantum, ou la quotepart de l'un & l'autre, n'a été reglé par aucune Convention ni accord, la proportion n'en doit, & n'en peut être reglée que fur celle de leur puiffance refpective; Que la Grande-Bretagne eft incontestablement plus puiffante que cet Etat', & que ce principe fuffit pour en pouvoir conclure auffi inconteftablement, qu'elle doit con tribuer d'avantage à toutes les charges, & dépenfes de la Guerre; Qu'en toute maniere l'Etat a rempli fes obligations par raport à la Grande-Bretagne ; Que fi en quelque endroit, il n'a pas contribué autant qu'elle, en échange il a fait beaucoup d'avantage dans les autres; Qu'en général, il peut dire avec verité qu'à pro portion de fes forces, il a pour le moins autant fait que la Grande-Bretagne & qu'aucun des autres Alliez; Que comme la Grande-Bretagne merite de grands é

loges,

loges, & une grande reconnoiffance pour fes généreux efforts en faveur de la Caufe Commune, & pour les bons effets qui en

ont fuivi avec la bénédiction de Dieu; de même on fe confie que toute Perfonne qui verra d'un œil équitable & impartial ceux que les Etats Généraux ont faits de leur côté, tant avant la Guerre que depuis. fon commencement & jufqu'à préfent, leur fera la juftice de reconnoître, qu'ils n'ont merité en aucune maniere le blâme qu'on leur impute par les Refolutions, & par l'Adreffe de la Chambre des Communes; Et qu'enfin on ne peut raifon nablement ni avec juftice, prétendre de l'Etat, que nonobftant les dépenses qu'il fait aux Païs-Bas, fans comparaifon plus grandes que celles de la GrandeBretagne, il contribue encore dans les autres Païs par égalité avec elle, & que la Grande-Bretagne ne contribue aux charges de la guerre à proportion de cinq contre trois, que par Mer feulement, & non dans les autres dépenfes.

On ne croit pas devoir prendre pour l'Etat, ce qui eft dit dans l'Adreffe de la Chambre; Que ceux qui ont tout le pro

fit de la guerre, ne peuvent pas être faci lement difpofez à s'en priver; & que les veritables raifons pourquoi tant de gens fe plaifent dans une guerre, qui fait paffer tous les ans une fi riche moiffon de la Grande-Bretagne en leurs Greniers, font aifées à pénétrer. Car outre que ces paroles ne peuvent lui être apliquées avec la moindre apparence de raison, on feroit en état de prouver incontestablement, par une infinité de Harangues de la Reine à fon Parlement & d'Adreffes des deux Chambres, que la Grande-Bretagne auffibien que l'Etat, a jugé qu'il étoit abfolument néceffaire de pouffer la guerre avec vigueur. L'Etat ne peut point defirer la continuation d'une guerre dont les Charges lui font prefque infuportables, & dont il ne tire point des avantages capables de l'en dédommager: Au contraire il a toûjours foupiré, & il foupire encore à préfent du fonds l'ame, après une Paix, qui puiffe en quelque maniere compenfer tout le bien & tout le fang qu'elle aura couté, répondre aux Bénédictions que le Dieu Tout-puissant a daigné répandre fi abondamment fur les Armes des Alliez, & affurer humainement le repos de l'Eu

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