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l'égard du Commerce dans les Païs de la Domination d'Espagne, avant la mort de Charles II. Roi d'Espagne, foit en vertu de quelque Traité, Accord, Ufage, ou de toute autre maniére que ce fat. Pour venir à bout de ces Fins, les trois Puiffances Alliées s'obligerent à s'entr'aider mutuellement de toutes leurs forces, fuivant la proportion qui feroit specifie dans un Traitté particulier qu'Elles feroient dans la fuite: Nous ne trouvons pas qu'aucun Traité de cette nature ait jamais été rati fié, mais il paroit qu'il y eut un Traité conclu, qui engageoit réciproquement les parties intereffées, & qui régloit ce que la Grande-Bretagne devoit fournir: Les termes de cet accord portoient, que pour le fervice de Terre, Sa Majefté Imperiale fourniroit quatre-vingt dix mille hom mes, le Roi de la Grande-Bretagne qua rante mille, & les Etats Généraux cent deux mille, dont quarante deux mille feroient employez dans leurs Garnifons, & les autres foixante mille agiroient en Campagne contre l'Ennemi commun; & qu'à l'égard des Operations militaires fur Mer, elles fe feroient conjointement par la Grande-Bretagne & les Etats

Généraux, c'est-à-dire que la premiére fourniroit les 5. 8mes. pour fa quote part des Vaiffeaux, & les Etats les 3. 8mes.

La Guerre commença fur ce pied des l'année 1702. & alors toute la dépenfe an nuelle pour l'Angleterre montoit à trois millions, fept cens fix mille quatre cens quatre vingt quatorze livres fterling; charge fort confiderable, à ce que croient les Sujets de Vôtre Majefté, après le court intervalle de repos dont ils avoient jouï depuis le fardeau de la Guerre précedente; mais avec tout cela bien moderée, eu égard au Poids qu'ils ont foutenu dans la fuite; Du moins il paroit, par les Com¿ptez délivrez à vos Communes, que les fommes requifes, pour continuer le fervice de cette Année fur le même pied que celui de la précedente, reviennent à plus de fix Millions, neuf cens foixante mille livres, outre l'interêt quil faut paier pour les Dettes publiques, & les Non valeurs de l'année derniere; deux Articles, qui montent à un Milion, cent quarante trois mille livres; De forte que tout ce qu'on demande à Vos Communes revient à plus de huit Milions pour les Subfides de

cette

cette Année. Nous favons que les tendres égards de Vôtre Majefté pour le bien de vôtre Peuple, vous donneront de l'inquiétude à ouïr ce pefant fardeau qui l'accable, & comme nous fommes affurez que ceci Vous convaincra de la néceffité qu'il y avoit de faire cette recherche, qu'il nous foit auffi permis de repréfenter à Vôtre Majesté les causes qui ont produit le mal, & par quels dégrez ce poids immense eft venu fur nous.

Si d'un côté le fervice de Mer à été d'une grande étendue, on peut dire de l'autre qu'il a été pouffé, durant tout le cours de la Guerre, d'une maniere très-defavantageule à V. M. & à Vôtre Royaume. Il eft vrai que la neceffité des affaires exigeoit qu'on équipât toutes les années de grandes Flotes, foit pour conferver la fuperiorité dans la Mediterranée, ou pour s'opposer aux Escadres que l'En nemi pourroit équiper à Dunkerque, ou * dans les autres Ports de l'Ocean; mais l'exemple & la promtitude de Vôtre Majefté à fournir fa quote part des Vaiffeaux dans tous les endroits requis, bien loin d'exciter les Etats Généraux à marcher avec

Vous

Vous d'un pas égal, les ont porté à se négliger toutes les années jusques à un tel point, qu'à proportion de ce que Vôtre Majefté a fourni, ils ont été quelquefois en arriere des deux tiers, & prefque toûjours de plus de la moitié de leur Contingent. De là vient que Vôtre Majefté, pour prévenir les difgraces qui pouvoient arriver dans les occafions les plus preffantes, a été obligée de fupléer à ce défaut par un nouveau renfort de vos propres Navires; mais fe fuccroit de nos fraix n'a pas été la feule conféquence fâcheufe qui l'ait fuivi; puifque par ce moin, les dettes de Bureau de la Marine font allées fi loin, que les Décomptes qu'il y a eu fur fes Affignations, ont affecté toutes les au tres parties du fervice: De là vient aussi que plufieurs Vaiffeaux de Guerre de Vôtre Majefté ont été reduits à hiverner dans les Mers éloignées, au grand préjudice & à la ruïne de nos Forces Maritimes; que Vous n'avez pû fournir les Convois néceffaires à nos Vaiffeaux Marchands; que: vos Côtes ont été expolées, manque de Vaiffeaux pour les garder; & que Vous avez été mise hors d'état de traverser l'Ennemi dans fon Commerce a.x Indes Oc

cidentales, qui lui a été fi avantageux, & d'où il a tiré de fi vaftes tréfors, fans lesquels il n'auroit jamais pû foutenir les fraix de la Guerre.

Cette partie de la Guerre qu'on a pousfée en Flandres, regardoit immediatement la fûreté des Etats Généraux, & a fervi depuis à leur acquerir de gros Revenus, & de vaftes Domaines: Malgré tout cela ils n'ont pas fourni leur Contingent de Troupes, & ils en ont diminué le nombre peu à peu; en forte que de leurs trois Quints fur les deux Quints de Vôtre Majefté il leur en manquoit l'année derniere 20837. hommes. Nous n'avons pas-oublié non plus, qu'en l'année 1703. il y eut un Traité conclu entre les deux Nations, pour augmenter leurs Troupes de vingt mille hommes, & que l'Angleterre fe chargea d'en payer la moitié, à condition que les Etats Généraux défendroient tout Commerce avec la France. Cette Claufe eft expreffe dans l'Acte du Parlement qui confentit à cette levée; mais puis que les Etats ne l'ont point tenue, les Communes croient qu'on auroit dû en revenir à la premiere Regle de Trois à Deux, tant à l'égard de cette augmentation que

des

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