ayant été attaquées ou affiégées par les Ennemis, fe font vûes contraintes de céder à la force, quoique néantmoins la plûpart aient été depuis reprifes : Que les Campagnes qui ont fuivi les grandes Vi&toires, comme par exemple celles de Schellenberg, de Bleinheim, de Ramelies, n'ont pas toûjours été accompagnées d'un fi grand bonheur. Mais outre que, ge, neralement parlant, dans les affaires humaines, il n'y a rien qui demeure tcû. jours & de tous côtez dans un égal degré de profperité & de bonheur, que même les Flambeaux Céleftes dans leur cours, fouffrent de temps en temps des Eclipses; & fur tout qu'il plaît quelquefois à la Providence Divine de faire eclater fon Souverain Pouvoir, d'une façon particuliere, dans les affaires de la Guerre, & de faire évanouir les deffeins des Hommes, avec la confiance qu'ils avoient en la force de leurs Armes; il eft conftant, pour ne parler que des Caufes fecondes, que la viciffitude des Succés a été spécia Icment occafionnée par la grande puissan ce de l'Ennemi, qui, à la vérité, s'eft vû fort énervé par les efforts qu'il a faits & par les pertes, mais non pas entiére

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ment

ment abatu: En bien loin que cela lui ait fait perdre courage, ou l'ait feulement rallenti, il a femblé que ce n'ait été que comme un aiguillon pour ne rien épargner, & pour raffembler toutes les reffources, afin de réparer fes pertes; en quoi il à démenti la force des anciennes Traditions & Sentences, qui ont attribué à ceux de cette Nation (laquelle de tout temps & avant qu'elle eût le nom qu'elle porte aujourdhui, a été reconnue pour belliqueule,) d'être dans la profperité plus qu'Hommes par leur activité & hardieffe, & dans l'adverfité moins que Femmes, par leur impatience à fuporter la mifere, les fatigues, & les incommoditez de la Guerre.

Il fait ajoûter à cela, qu'immédiatement avant le commencement de cette Guerre, toutes les parties & dépendances de la Monarchie d'Espagne, & les autres Pais annexez, ayant été occupez par l'Ennemi, fes premiers foins furent de fe fortifier & de s'affermir dans cette poffelfion, uurpée par des voies de fait; & que peu de temps après, comme les Armes des Alliez commencérent é être fu. pericures, fà principale vûe fut de fe te

nir fur la défenfive, en occupant des ter rains avantageux, & fe poftant dans des paffages étroits, ou des défilez, fur des hauteurs, dans des Marais & dans des Bois ou derriere des Rivieres qui n'étoient pas guéables, ou derriére de fortes Lignes faites dans leurs intervalles, y faifant tenir de nombreuses Armées, poftées fi avantageufement, qu'il auroit été très-difficile aux Alliez de faire des Conquêtes, ou d'étendre plus loin celles qu'ils avoient déja faites. Cela lui auroit en core plus fouvent réuffi, & même dans la derniere Campagne, fi les mesures & les précautions qu'il avoit prifes, n'avoienr été eludées & renversées par dexterité & par ftratagéme: Vertus Militai res de yout temps fi eftimées dans les Géneraux qui les ont poffedées.

Outre tout cela, il y a des lieux où l'on a trouvé de grandes difficultez à faire la Guerre, à caufe du retardement de la belle Saifon, & de fon peu de durée; & dans d'autres, parcequ'ils font fort élorgnez, & environnez de l'Ennemi, du côté des Terres, de forte qu'il n'a pas été poffible d'y envoier des fecours que par Mer, d'une maniere fort incertaine, H 7

& à

& à grands frais: Au lieu que la fituation des frontiéres de l'ennemi, qui confi nent à tous les Etats des Allicz, & qui à l'égard de quelques-uns poffédent encore à prefent l'avantage des Rivieres, lui à fourni les facilites & les moïens d'agir en ces lieux-là, & en cas de perte de les réparer, ainfi qu'on la vû bien manifeftement en Espagne plufieurs fois, & en dernier lieu l'année paffée, après la Bataille de Sarragoffe: Outre qu'à l'égard de ce dernier Royaume, ces difficultez le fout augmentées pour les Alliez, par la différen ce du Climat & des alimens, par la fterilité du Terroir, & par la quantité des Montagnes, qui autrefois dans les Guerres des Espagnols contre les Maures, ont fervi de retraites affurées à ces premiers, pendant plus de 700 ans, comme depuis elles leur en ont fervi de temps en temps dans leurs Guerres entre les Caftillans & les Arragonnois. Enfin avec tout cela, il eft encore arrivé que par le peu d'ordre, la négligence, la lenteur de quelques uns des Alliés, ou par des diverfions & des partages qu'ils ont été obligez de faire de leurs Forces, foit pour pacifier des diffe rends qui s'étoient élevez ailleurs, foit

pou

pour en prévenir d'autres qu'ils avoient raifon de craindre, lefdits progrés ont été quelquefois, arrêtez, ou retardez pour un temps.

Mais ourre les Evenemens dont il vient d'être fommairement parlé, Hauts & Puiffants Seigneurs, les avantages qu'on à remportez cette Guerre, font très-remarquables, & d'autant plus à estimer, que toutes les difficultez & les obftacles cideffus s'y font rencontrez, & qu'il y a de grandes aparences qu'on en obtiendra encore d'autres, fi l'on fait ies ménager comme il faut, & en faire un bon & droit ulage. Ces avantages confittent premierement, dans la gloire acquife aux Armés de V. H. P. & de leurs Alliez: En fecond lieu, dans le grand nombre & l'importance des Conquêtes qui ont été faites fur l'Ennemi.

La gloire des Armes, quand elle est bien foutenue, ne peut manquer d'attirer de la confideration & du refpe&t, & de rendre une Paix plus ferme & plus durable: On a même remarqué fur cela, dans les temps paffcz, que fouvent cette gloire des Armes a mieux mis à couvert les Etats contre les violences & les inva