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y ait joûté que cela étoit accordé comme une grace (c'eft ainsi qu'on a trouvé bon de s'exprimer, pour donner un tour odieux à une facilité que les Alliez vou loient aporter) & qu'après ce terme ex piré ces Troupes cefferoient d'agir; néan◄ moins il eft conftant que ce feroit un fecours affez confidérable pour ledit espace de deux mois, ou poar tel autre plus long terme dont on auroit pû convenir ; & il n'eft pas étrange que ces Troupes ne duffent pas fervir après l'expiration du terme, puis qu'alors la Tréve feroit finie.

Outre cela, lors qu'on fe plaine de la dureté qu'il y auroit que le Roi de Fran ce dût prendre fur lui feul de faire effe&tuer la Reftitution de l'Efpagne; il pa roît qu'on ne fait pas d'attention à la dareté qu'il y a eu, lorsque Sa Majesté s'eft emparée feule de la Monarchie d'Espagne, & qu'Elle a mis le refte de l'Europe en peril d'être envahi de même. Si on confidére bien les chofes, on trouvera qu'il n'y a pas au fonds en ceci d'autre dureté que celle qui fe rencontre dans tous les Traitez qui emportent quelque Reftitu. tion, & particuliérement dans ceux où il s'agit de la Reftitution de chofes qu'om poile

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poffede injustement. Cependant on peut affez juger par la fituation des Affaires d'Espagne, que le Roi T. C. parviendroit ailément, foit par la voye de la perfuafion, foit par celle de la contrainte, à obliger fon Petit-Fils à reftituer l'Ef pagne & les Indes, s'il le vouloit fincérement & ferieufement, & fi fon PetitFils & la Nation Efpagnole étoient bien perfuadez de la droiture & de la fincérité de cette intention.

On ne voit pas auffi qu'il y ait d'autre dureté que celle qui eft attaché à tous les autres Traitez & Conventions, en ce qu'on ftipule que la Reftitution de l'Efpagne n'étant pas exécutée dans le temps limité, la Tréve cefferoit. Car comme les Alliez auroient raifon de prendre pour une infraction de Traité, fi on refusoit de leur livrer dans le temps limité quel qu'une des Villes dont la ceffion auroit êté ftipulée dans les Préliminaires, & qu'ils leroient en droit de fe faire justice par les Armes, il est encore plus juste & raifonnable, que fi un point auffi important que celui de la Reftitution de l'Ef pagne & des Indes venoit à n'être pas ef f.ctué dans le temps limité ils foient a

lors

lors en droit de prendre les armes, pour obtenir l'Article le plus effentiel de tous ceux dont on feroit convenu, & il n'y auroit aucune dureté qu'ils employaffent toutes leurs forces pour y parvenir.

De plus, les Hauts Alliez ont d'autant plus de raifon d'infifter que la France fe charge de procurer dans un efpace de temps limité, la Reftitution de l'Espagne & des Indes, qu'il a paru affez clairement par le difcours d'un des Srs. Plénipotentiaires, que fi on venoit à joindre fes For ces pour y parvenir, on formeroit ou on pourroit former tant d'obftacles dans l'éxécution, qu'on n'en viendroit ja mais à bout: Faifant entendre qu'il fau droit auparavant examiner & regler,,,a "vec combien de Forces de Terre il faudroit agir, foit conjointement foit féparément; combien chacun y contribueroit de combien de Vaiffeaux on , auroit befoin, & où on les employeroit;

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qui auroit le commandement des For,, ces de Terre & de celles de Mer, & à ,, qui il appartiendroit de le conférer; ,, quelles Inftruction on donneroit aux "" Généraux, & par qui elles feroient for,mées; & plufieurs autres femblables dif

ficultez; d'où on a pû aifément juger qu'on les pourroit multiplier d'une telle maniére que cette jonction ne pourroit jamais produire aucun effet.

On avance bien dans ladite Lettre, ,que les Sieurs Plénipotentiaires ont con,, fenti de la part de la France, à tout ce qui leur a été propofé; qu'ils n'ont ja,, mais varié, & qu'ils ne fe font jamais retractez Mais il eft difficile de deviner en quoi confifte cette grande facilité dont on veut fe faire honneur. Ils n'ont même jamais encore confenti à déclarer la Guerre à l'Espagne, en cas de refus de la part du Duc d'Anjou, ce qui leur a né anmoins été propofé. Etant venus ici pour traiter d'un équivalent fur la XXXVII: Article des Préliminaires, après avoir auparavant promis que tous les autres Articles Préliminaires fubfifteroient & feroient acceptez, ils ont propofé eux. mêmes un Partage pour fervir d'équiva- lent, & ont reduit ce Partage à la Sicile & à la Sardaigne: Et quand à présent on leur demande de déclarer pofitivement, fi donc en ce cas les Articles Préliminaires feront fignez & éxécutez en leur entier, afin que de la part des Alliez on puiffe s'ex

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pliquer fur leur Propofition, ils prennent cette demande comme un deffein formé de rompre les Conferences. Cela eft bien éloigné de cette facilité dont on fe vante, & de ce confentement qu'on prétend avoir été général, fans variation ni rétraStation. Certainement tout le monde doit être dans le plus grand étonnement de voir, qu'après que la France a déclaré plufieurs fois, qu'elle accepteroit les Préliminaires, excepté le XXXVII. Article, & offert en la place de celui-ci pour füreté de l'éxécution desdits Articles Pré. liminaires, trois Places d'ôtage dans les Païs-Bas, (lesquelles n'ont pû être acceptées, parceque cela n'exemptoit pas les Alliez d'une Guerre particuliere avec l'Efpagne, pendant que la France jouiroit de la Paix: ) Après avoir enfuite, pour lever cette difficulté, propofé un Partage, reftreint par la France même à la Sicile & à la Sardaigne, comme un moyen propre à perfuader au Duc d'Anjou de confentir à reftituer l'Espagne & les Indes: Qu'après tout cela, la France étant fommée de fe déclarer fur l'éxécution des - Articles Préliminaires, afin que les Allicz fe puiffent expliquer fur la Propofition F 7 qu'elle

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