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tenues ici l'année derniere avec les Miniftres de France, l'un d'eux dit, Que le Roi Philippe feroit peut-être plûtôt à Verfailles que lui: Preuve évidente qu'on ne mettoit pas alors en doute à la Cour de France, une chofe qu'on nous représente aujourd'hui comme impoffible; & qu'on étoit bien perfuadé, qu'en tout cas il ne dépendoit que de la volonté & du pouvoir du Roi de France de la faire exécuter promptement.

Il fuit inconteftablement de tout ceci, que les Srs. Députez n'ont rien demandé de la part des Hauts-Alliez dans la derniére Conférence, que ce qui, dès le commencement & toûjours dans la fuite, a été posé pour fondement ; que ce qui peut être demandé avec juftice; & que ce la France eft en pouvoir d'effectuer. Par conféquent, tout ce qui eft allégué dans ladite Lettre, & qui y eft fi fouvent repeté, favoir, que les propofitions faites par les Srs. Députez dans la derniere Conference, font nouvellement inventées, inoi ies, injuftes, impoffibles dans leur execution; tout cela tombe entiérement de foi-même: Puifque la Reftitution de l'Espagne

des Indes avec leurs Dépendances, ex

cepté

cepté la portion dont on devoir convenir, a été depuis le commencement jusqu'à la fin demandée avec juftice, que la France ne l'a pû proposer que comme une chofe poffible dans l'éxécution, & qu'elle a été reputée telle par les Alliez & l'eft encore

Enfuite il eft très aifé de détruire ce qui eft dit en plufieurs endroits de cette Lettre; Que les Srs. Députez ont fouvert varié, & contredit ane propofition par une autre ; Qu'ils ont fait des propofitions contraires an IV & V Article des Prélimi naires; retracté en un temps ce qu'ils avoient propofé en un autre, & ́autres choses de même nature, qui y font touchées d'une maniére odieuse. Car il paroît clairement par tout ce qui a été dit ci-deffus, que les Srs. Députez ont toûjours été dans cette pensée, & n'ont pû en avoir d'autre, favoir, que la propofition d'un Partage, faite de la part de la France fe faifoit dans le but & dans l'intention, qu'au cas qu'on pût s'accorder là-deffus, on léveroit par là toutes les difficultez qu'on a faites jufques à préfent fur l'execution des Articles Préliminaires; & qu'en même temps on préviendroit la néceffné de prendre les mesures dont eft il parlé F 3

dans

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dans le IV. Artiële. Lefquelles mefures, quand même cet Article pourroit être separé du XXXVII. (ce qui n'eft pas) ne pourroient avoir lieu qu'en cas que, contre les apparences, le Duc d'Anjou ne voulût pas quitter l'Espagne & les Indes; & que la France, après avoir travaillé inutilement pendant deux mois à l'y porter, cût befoin du fecours des Alliez pour lui faire abandonner, non feulement l'Efpagne & les Indes, mais toute la Monarchie fans aucun démembrement.

Il eft vrai que dans la penultiéme Conférence, les Plénipotentiaires de France donnerent lieu d'examiner, fi on ne pour roit point trouver de moyens propres pour donner aux Alliez de plus grandes fûre tez pour la Reftitution de l'Efpagne & des Indes. Mais cela ne porta en aucune maniere les Srs. Députez à se départir de leur premier fentiment, qui étoit, que la propofition d'un Partage avoit été faite pour faciliter la Reftitution de l'Ef pagne & des Indes; & pour, en faveur de ce Partage, faire exécuter les Préliminaires en toutes leurs parties. Les difcours qu'on tint fur ce sujet ayant donné lieu de penfer que les intentions de la Fran

France pouvoient bien n'être pas telles qu'on les avoit crues, donnerent en mê me temps occafion à en demander l'éclairciffement, & à expliquer clairement l'in tention des Alliez qu'on avoit fait con noître dans la précedente Conférence : Mais on ne peut pas dire pour cela que lesdits Srs. Députez ayent varié, & fe foient contredits & retractez, comme on les en accufe; puis qu'ils fe font toûjours tenus au point effentiel & capital, favoir, la fûreté que les Hauts-Alliez doivent avoir à l'égard de la Reftitution de l'Espagne & des Indes.

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Tout ce qu'on allégue pareillement pour fonder le reproche qu'on fait aux Alliez d'une variation, reglée feulement par les évenemens de la Guerre, ou par les facilitez que le Roi de France apportoit à la Paix, & toutes les preuves qu'on en aporte, tout cela eft abfolument deftitué de fondement. On ne convient & on n'avoue point du côté des Alliez, qu'ils euflent l'année derniere regardé comme une injure, qu'on les crût capables d'exi ger que le Roi de France unit fes forces aux leurs. On n'a jamais rien dit de tel, cette année ni la précedente, dans aucu

ne Conférence; & ce qui pourroit avoir été dit en d'autres occafions ne peut pas tirer à confequence. Certainement Gi on avoit été porté à varier fuivant les évenemens, ce qui s'eft paffé depuis que les Préliminaires furent reglez, la prife de la Ville & Citadelle de Tournai, la. Victoire de Malplaquet, la reduction de Mons, le paffage des Lignes auprès de la Scarpe, & la prife de Douai, en auroient fourni d'affez fortes raisons.

Quant à ce que lesdits Srs. Plénipotentiaires, en plufieurs endroits de leur Lettre, s'étendent fort au long fur la dureté des conditions, en ce qu'on voudroit que le Roi de France fit feul la Guerre à fon Petit-Fils, & qu'au cas que dans l'efpace de deux mois la ceffion de l'Efpagne & des Indes ne fût pas éxécutée, la Tréve cefferoit: left à remarquer que ce qui eft dit dans une periode, Que le Roi de France feroit obligé à faire feul la Guerre à fon Petit-Fils, eft contredit dans une période fuivainte un peu plus bas, où il eft dit, Que les Troupes que les Alliez-ont en Catalogne & en Portugal, devoient agir de concert avec celles de France pendant ces deux mois. Car encore qu'on

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