Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

dont le Roi Philippe étoit encore en possession; il n'y avoit que deux voyes pour le porter s'en défifter, l'une de contrainte, & l'autre de perfuafion. Que la première à leur, avis, feroit dure à la Frances & par conSequent que la feconde feroit feule praticable, & pourroit réuffer, fi on leur remettoit entre les mains quelque portion de la Monarchie d'Espagne, dont ils puiffent diffofer en faveur du Roi Philippe, & par ce moyen be porter à renoncer au refte. Enfuite, ayant demandé fi les Alliez, pour parvenir à une Paix générale, ne voudroient pas confentirà un Partage; ils ont propofé plufieurs alternatives, l'une defquelles étant acceptée, le Roi Charlesentreroit en poffeffion de la Monarchic d'Efpagne Fexception de cette portion qui feroit affigné au Roi Philippe & après qu'on eût tenu plufieurs Conférences, les Srs. Plénipotentiaires de France reduifirent les fufditet Alternatives aux Royaumes de Sieile & de Sardaigne. Les Hauts-Alliez n'ont pas pu par là entendre autre chofe, finon que ces deux Royaumes étant cedes au Petit-Fils de Sa M. T.C., Sadite Majefté s'engageoit par ce moyen de le porter à remettre aux Hauts-Alliez le re

fte

fte de la Monarchie d'Efpagne, dont il eft en poffeffion.

Mais les Hauts-Alliez comprirent, par ce qui fe paffa dans la pénultiéme Conférence, & par le Rapport qu'en firent les Srs. Députes, que quand même ils pourroient fe refoudre à accepter la fufdite propofition d'un Partage, il demeureroit toutefois incertain, fi par là on pourroit parla venir à une Paix générale; puifque les Sieurs Plénipotentiaires ne s'expliquoient pas clairement fur la question, fi en ce cas l'Espagne & les Indes feroient effe&tivement remises au Roi Charles, comme il avoit été reglé par les Préliminaires. Ils fembloient même fuppofer le contraire, puifque l'un d'eux (quoi qu'il femblât alors ne parler que felon fa perfée particu liere) s'étoit avancé de demander, fi les Alliez ne pouvoient pas fe contenter que le Roi de France leur fournit une certai ne fomme d'argent pour les aider à faire la conquête de Indes. L'Elpagne & des

Dans cette incertitude, les Hauts-Alliez crurent qu'avant que de s'ouvrir fur la propofition d'un Partage, il falloit qu'ils viffent plus clair, dans les intentions de la France, fur une affaire fi férieufe & fi ef

[ocr errors]

fentielle. Pour cet effet, ils requirent le Sr. Pettecum, qui avoit été ci-devant, & qui étoit encore employé dans la Négociation, d'en parler aux Srs. Plénipotentiaires, & de leur faire connoître que les Hauts-Alliez ne pouvoient accepter la propofition des Subfides qui avoit été avancée, parce que cela fuppofoit qu'on feroit une Paix particuliere avec la France, en continuant une Guerre particuliere avec l'Efpagne; à quoi les Alliez ne pouvoient entendre, par les raifons alleguées dans la premiére Conférence. On de mandoit en méme temps un éclairciffement fur les intentions de la France, au fujet de l'évacuation de l'Efpagne & des Indes en faveur du Roi Charles, en conformité des Préliminaires, avant qué du côté des Alliez on vint à s'expliquer fur la propofition d'un Partage: Déclarant, que l'intention des Hauts-Alliez étoit, que le fondement qui avoit été pofé d'abord, favoir la Reftitution de l'Efpagne & des Indes fuivant les Préliminaires, devoit demeurer terme. Que fur ce pied là la Negociation pouvoit fe continuer; mais que fi on venoit à s'en départir, on ne pouvoit attendre aucun fruit des Conféren

[ocr errors]

Les

Lesdits Srs. Plénipotentiaires n'ayant pas jugé à propos de s'expliquer en aucune maniére fur ce que le Sr. Pettecum leur avoit propofé, demanderent peu de jours après une nouvelle Conférence. Les Srs. Députez, jugeant par la Lettre qu'ils écriverent, qu'ils étoient alors en état de s'expliquer fur ce que le Sieur Pettecum leur avoit proposé, se rendirent à Gertruydenberg: Où les Sieurs Plénipotentiaires leur dirent, que quoi qu'ils ne fe cruffent pas obligez à recevoir les paroles qui leur étoient portées par le Sieur Pettecum, ils n'avoient pas laiffé d'envoyer à la Cour de France la propofition qu'il leur avoit faite; mais qu'ils n'avoient pû recevoir aucun ordre fur ce fujet, parce qu'elle y avoit été trouvée obfcure & ambigue. (Ce fut la maniere dont il plût à ces Meffieurs de s'exprimer.) Sur quoi lesdits Sieurs Députez expliquérent & juftifiérent ladite propofition fi elairement, qu'il ne pouvoit plus refter à cet égard aucun 'doute ni ambiguité. Ils reprefenterent en même temps, que les Hauts-Alliez ne pouvoient accepter l'offre qu'on faifoit d'un fubfide, pour leur aider à recouvrer l'Espagne & les Indes. Ils firent connoî.

tr:

tre les raifons de ce refus; favoir qu'il avoit paru très-clairement, par les dif cours qu'on avoit tenus fur ce fujet dans la précedente Conférence, qu'on ne pourroit jamais s'accorder, tant à l'égard des fommes que de la fûreté du paiement, non plus qu'à l'égard de la fûreté que la France devroit donner de n'affifter le Duc d'Anjou ni directement ni indirectement. Ceci fait bien voir qu'on pofe dans la Letrre des Srs. Plénipotentiaires trop liberalement, & d'une maniére trop vague, que les Alliez ont refufé des fecours d'argent, de quelque nature & avec quelque fûreté que ce tût: Et que la véritable & effentielle raifon qui a fait qu'on n'a pû accepter cette nouvelle propofition, à été, qu'elle fuppofoit une Guerre particuliere avec l'Efpagne, & qu'elle mettoit les Alliez dans la néceffité de conquerir ce Royame & les Indes par les Armes; ce qui eft directement contraire aux fondemens pofez ci-devant & à l'intention des Alliez. De plus, pour plus ample explication du Sr. Pettecum, les Srs. Députez ajoûterent, apuyant la chofe par des raifons, convenables, que lesdits Sieurs Plénipotentiaires ayant propofé un Parta

ge,

« PreviousContinue »