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Quant à la maniere d'affeurer aux Alliez l'Espagne & les Indes, ils nous di◄ rent que la conceffion d'un Partage, dont ils s'expliqueroient dans la fuite, & qu'ils n'ont point encore declaré, les mettoit en droit d'exiger plus à prefent, que ne portoient les Articles IV. & V.

Nous leur répondimes, par une raison fans replique, en leur demandant fi dans toutes nos Conferences, il n'avoit pas été queftion d'un Partage, & fi fur ce fondement ils avoient jamais exigé de nous autre chofe, que les mesures de concert & l'union des forces.

Meffieurs les Députez ne le niérent pas, car ils ne pouvoient le nier, mais ils nous dirent, que s'ils avoient propofé les mefures de concert & l'union des forces, ils ne le faifoient plus; qu'ils avoient ordré de nous le declarer au nom des Alliez, & de nous dire, qu'ils pretendoient en un mot foit que le Partage fût accepté foit qu'il ne fût pas, recevoir des mains du Roi nôtre Maître la Monarchie d'EF-pagne & des Indes; en lui laiffant le foin d'employer feul les moyens, ou de perfuafion, ou de contrainte, qu'il jugeroit

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geroit les plus efficaces pour mettre atuellement l'Archiduc en poffeffion de fes Etats, dans l'efpace de deux mois.

Un defaveu fi formel de toute la conduite paffée, & de toutes les demandes faites de la part des Alliez, auffi-bien que le refus de tout ce qui étoit poffible de la ôtre, marque affez, Monfieur, un deffein formé de rompre toute Négotia

tion.

Pour avoir la réponfe du Roi nôtre Maître, à ces demandes nouvelles, jufques à préfent inoüies, & dont l'accompliffement eft hors de fon pouvoir, il étoit inutile de nous donner le terme de quinze jours.

Il y a long-temps que Sa Majefté à fait connoître, qu'Elle accorderoit pour le bien d'une Paix définitive & fûre, les conditions, dont l'éxécution dépendroit d'Elle, mais Elle ne promettra jamais ce qu'Elle fait lui être impoffible d'exécuter. Si toute efperance de parvenir à la Paix lui eft ôtée, par l'injuftice & l'obstination de fes Ennemis, alors fe confiant à la protection de Dieu, qui fait humilier quand il lui plait ceux qu'une profpérité iacfperée éleve, & qui ne comptent pour

rien les malheurs publics, & l'effufion de fang Chrêtien, Elle laiffera au jugement de toute l'Europe, même à celui des Peu ples d'Angleterre & de Hollande, à reconnoître les veritables Auteurs de la continuation d'une Guerre auffi fanglante.

On verra d'un côté les avances que le Roi nôtre Maître a faites, le confentement qu'il a donné aux propofitions les plus dures, & les engagemens que Sa Majefté confentoit de prendre pour le ver toute défiance, & pour avancer la

Paix.

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D'autre part, on pourra remarquer u ne affectation continuelle à s'expliquer obfcurément, afin d'avoir lieu de prétendre toûjours au delà des conditions accor dées; en forte qu'à peine nous avions cond fenti à une demande, qui devoit être la derniere, qu'on s'en défiftoit pour en subftituer une autre plus exorbitante.

On remarquera auffi une variation réglée foulement, ou par les évenemens de la Guerre, ou par les facilitez que le Roi nôtre Maître aportoit à la Paix. Il paroît même par les Lettres, que Meffieurs les Députez nous ont écrites, qu'ils n'en di conviennent pas. y en 2001 boy .5! E 3

L'an

L'année derniere les Hollandois & leur Alliez regardoient comme une injure, qu'on les crût capables d'avoir demandé au Roi, d'unir fes forces à celles de la Ligue, pour obliger le Roi fon PetitFils à reconcer à la Couronne. Ils prenoient à témoin les Préliminaires mêmes, qui ne parlent que de prendre des melures de concert. Depuis ils n'ont fait aucune difficulté de l'exiger haute

ment.

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Aujourd'hui ils prétendent que Sa Majefté s'en charge seule, & ils ofent dire, que fi auparavant ils fe contentoient de moins, leur interêt mieux connu les porte à ne s'en plus contenter. Une pareille déclaration, Monfieur, eft une rupture formelle de toute Negotiation; & c'eft après quoi les Chefs des Alliez foupi

rent.

Quand nous demeurerions plus longtemps à Gertruydenberg, quand même nous pafferions des années entieres en Hollan de, nôtre féjour y feroit inutile, puifque ceux qui gouvernent la République font perfuadez qu'il eft de leur interêt, de faire dépendre la Paix d'une condition impoffible. Nous ne prétendons pas leur

per

perfuader de continuer une Nég qu'ils veulent rompre ; & enfin defir qu'eût le Roi nôtre Maître curer le repos à fes Peuples, il fera moins facheux pour eux de foutenir la Guerre, donr ils favent que Sa Majefté vouloit acheter la fin par de fi grands facrifices, contre les mémes Ennemis qu'Elle a depuis dix ans à combattre, que d'y ajoû ter encore le Roi fon Petit-Fils, & d'en༥ treprendre imprudemment, de faire en deux mois de temps la Conquête de l'Ef pagne & des Indes; avec l'affûrance certaine de retrouver, après ce temps expité, fes Ennemis fortifiez par la Places, paran qu'Elle auroit cedees, & par conféquent en état, de tourner contre Elle les nouvelles Armes qu'Elle auroit mis entre leurs mains.

Voilà, Monfieur, la réponse pofitive, que le Roi nous a donné ordre de vous faire aux nouvelles propofitions de Meffieurs les Deputez. Nous la faifons au bout du fixième jour, au lieu de quinze qu'ils nous avoient accordé comme une grace. Cette diligence fervira du moins à vous faire connoître, que nous ne cherchons point à vous amusers & que fi nous avons dequove e mandé E 4

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