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les côtes maritimes du golfe Adriatique, de

puis les embouchures du Pô jusqu'à la citadelle d'Ancône ; promettait vingt-un millions, monnaie de France, et une grande quantité de statues, de bustes, de vases, de tableaux, et de manuscrits de la bibliothèque vaticane au choix des commissaires français.

A Naples, le gouvernement, effrayé du progrès des armes françaises, avait ordonné des prières publiques, auxquelles le roi et la reine assistèrent. Il fut ensuite question de lever une armée de soixante-dix mille hommes, qui devaient se réunir sous les ordres des principaux barons du pays. Chaque enrôlé dans cette armée était déclaré exempt de toute contribution, ainsi que sa famille, pendant la durée de la guerre. Quant aux barons, on leur promettait des grades militaires suivant leur mérite. Malgré cet appareil de force, la cour était persuadée qu'il lui serait plus facile d'ob-, tenir la paix par la voie des négociations. Le marquis de Gallo avait été envoyé à Bâle, pour conférer avec le ministre Barthélemy; on s'adressait en même temps à Bonaparte la cour de Naples offrait huit millions, où des munitions navales pour cette somme. Un armistice fitt accordé aux cours de Naples et de Rome.

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En conséquence, le prince Pignatelli Belmonté fut envoyé à Paris, par la cour des Deux-Siciles, pour signer le traité définitif. Les ministres du pape faisaient le même voyage. Ils espéraient d'engager le directoire à se relâcher des dures conditions imposées par le général français. Le conseil de Pie VI choisit, pour cette négociation épineuse, les prélats Vangelisti et Petrachi, deux hommes consommés dans la diplomatique ; mais le directoire avait exigé qu'on ne lui envoyât pas des hommes d'église. En vain ils prirent l'habit laïc, et l'abbé devint comte Petrachi; son caractère fut bientôt connu. Les deux négociateurs furent congédiés.

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CHAPITRE X X X I.

Les Français entrent dans Livourne.
Campagne d'Allemagne.

MALGRÉ la neutralité de la Toscane, les
Anglais étaient constamment favorisés, publi-
quement ou en secret, dans le port de Li-
vourne. Pour mettre un terme à cette partia-
lité, Bonaparte avait résolu de s'emparer de

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ce port; les Français occupaient Bologne,
le fort d'Urbin, Ferrare et Faenza. Le géné-
ral, pour
cacher son dessein, envoya une co-
lonne de Reggio, à travers les Appennins,
sur Pistoïa, menaçant de se rendre à Rome
par Florence, pour déterminer le pape à signer
le traité définitif de paix. La nouvelle de cette
expédition jetait l'alarme dans la cour du grand-
duc. Le premier ministre fut dépêché à Bo-
logne pour représenter au général français que
le passage par la Toscane ayant été refusé aux
troupes napolitaines, la justice exigeait que
les Français ne violassent pas un territoire que
les coalisés avaient respecté ; mais la principale
crainte de la cour de Florence était la présence
de l'armée française dans la capitale. Le plé-
nipotentiaire adopta sans difficulté la proposi-
tion d'éviter Florence, et de s'avancer sur
Rome en passant par Pise.

Le 26 juin, une colonne, commandée par le général Vaubois, arriva à Pistoïa. Elle passa l'Arno le lendemain à Fucechio; alors, les Français, au lieu de se diriger sur Pise, prirent la route de Livourne : ils y entrèrent sans résistance.

La campagne avait commencé fort tard en Allemagne. Les armées françaises, répandues

sur les bords du Rhin, depuis les frontières de Hollande jusqu'aux montagnes helvétiques, consistaient en trois corps principaux ; l'un commandé par Pichegru, ayant sous ses ordres Moreau, Desaix, Saint-Cyr, Ferino, Lecourbe, défendait l'Alsace et le pays de Porentrui; le second, sous les ordres de Jourdan, s'étendait à la gauche du Rhin, depuis le pays de Clèves jusqu'aux bords de la Nahe, et à la droite du fleuve de la ville de Dusseldorff, à la rivière de Wupper. Ses principaux officiers étaient Kléber, Marceau, Bernadotte, qui passa en Italie à la fin de la campagne; Lefebvre, Grenier, Championnet, Colaud d'Haudpoul. Le commandement de la troisième armée était confié à Beurnonville; sa destination était de protéger les Hollandais.

Les armées impériales se partageaient en deux corps, le premier, sous les ordres de l'archiduc Charles, et le second sous ceux du vellmaréchal comte de Wurmzer. Wurmzer avait sous son commandement le corps des émigrés français, sous le nom d'armée de Condé. Une troisième armée, de soixante-dix mille hommes prussiens ou hessois, sous le commandement du duc de Brunswick, campait le long du Veser pour protéger la neutralité du nord

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de l'Allemagne, stipulée par le roi de Prusse dans son traité avec la France.

Dans cette disposition des choses, les géné raux français n'étaient pas d'accord sur le plan de campagne qu'il convenait de suivre en Allemagne ; les uns penchaient pour une guerre défensive sur les bords du Rhin, tandis que les plus nombreux renforts, envoyés à Bonaparte, l'auraient mis en état de brusquer les attaques de Mantoue, d'enlever dans cette place la grosse artillerie que Beaulieu y avait déposée, et sans laquelle les Impériaux ne pouvaient entreprendre qu'avec des dépenses énormes une nouvelle campagne en Italie.

D'autres voulaient se porter en force dans la Souabe, s'emparer du lac de Constance, franchir les gorges de Bregens, et la chaîne des Alpes rhétiques, entrer dans le Tirol vers les sources de la Ram, côtoyer cette rivière jusqu'à l'Adige, donner la main droite à l'armée d'Italie, tandis que l'aile gauche des armées d'Allemagne, parcourant les vallées de l'Inn, s'étendrait dans la Bavière jusqu'aux bords du Danube, dans les environs de Passau.

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Ce plan se développait avec autant de grandeur que d'audace; les obstacles, franchis par les Français, empêchaient d'en calculer

les

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