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proie en 1747. Une escadre anglaise de dix vaisseaux de ligne qui croisait devant Gênes, augmentait l'anxiété publique. Le sénat temporisait. Les événemens de la guerre fixèrent bientôt ses inquiétudes.

1796.

CHAPITRE X X I V.

Combats de Montenote, de Millesimo, et de Ceva.

DEPUIS quelques jours les mouvemens des Autrichiens annonçaient une expédition prochaine. Le poste de Voltri fut attaqué, le 9 avril, par dix mille hommes. Trois mille Français qui le défendaient furent obligés de se retirer pendant la nuit. Les Autrichiens poursuivant leurs avantages, se rendirent maîtres, le 10, d'une partie des redoutes qui couvraient l'armée française. Les plus grands efforts se faisaient à la redoute de Montenote, défendue par quinze cents hommes. La valeur avec laquelle ce faible détachement repoussait les efforts de quinze mille Autrichiens, conduits par Beaulieu lui-même, donnait le temps aux

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colonnes francaises de se former dans les défilés des montagnes. Deux divisions conduites par le général Masséna, attaquent les Impériaux à la baïonnette; ils sont forcés de faire retraite.

Beaulieu repoussé, restait cependant le maître de donner, par sa droite, la main à l'armée austro-piémontaise, dans les environs de Cairo. Il s'agissait de couper les communications entre ces deux armées, de tenir l'une en échec tandis qu'on détruirait l'autre; opération d'autant plus difficile, que les sinuosités des montagnes favorisaient les secours que se donnaient mutuellement les généraux Colly et Beaulieu.

Bonaparte, portant son quartier - général à Carcare, dans le Montferrat, ordonne au général Laharpe de se porter dans Cairo; Masséna devait gravir en même temps sur les hauteurs de Dégo, tandis que les généraux Joubert et Ménard occuperaient les hauteurs de Biétro et de Sainte-Marguerite. Ce mouvement, à la suite du combat de Montenote, plaçait l'armée française au delà des Appennins, sur les pendans qui versent leurs eaux dans le Pô. Il était sans exemple que le passage de ces montagnes eût été franchi en aussi peu

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Le 13, à la pointe du jour, le général Augereau, avec sa division, forçait les gorges de Millesimo, tandis que le général Joubert, après avoir chassé les Autrichiens de toutes les positions environnantes, enveloppait un corps de quinze cents Autrichiens, à la tête desquels le lieutenant général, comte de Provera, s'était retranché dans les ruines d'un vieux château. Ce corps fut obligé de mettre bas les

armes.

Bonaparte n'avait rien à redouter désormais des Autrichiens qui se retiraient sur Tortonne, laissant aux Français la libre possession du territoire de Gênes. Ce mouvement rétrograde dont l'objet pouvait être de faciliter leur jonction avec les troupes napolitaines et pontificales, attendues par le comte de Beaulieu, laissait dans la position la plus critique l'armée piémontaise retranchée auprès de Ceva, au bord du Tanaro qui n'était pas encore guéable, et dont les ponts avaient été coupés.

Ce camp retranché fut attaqué, le 16 avril. Les Français enlevèrent à la baïonnette le plus grand nombre des redoutes qui le couvraient la nuit mit fin au combat. Les Piémontais craignant d'être tournés par Castellino, profitèrent des ténèbres pour prendre une po

:

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sition au confluent du Cursaglia et du Tanaro, ayant leur gauche appuyée à ces deux rivières, leur droite sur Notre-Dame de Vico, et leur centre sur la Bicoque, village différent du bourg de ce nom, célèbre par la bataille que les Français, commandés par le maréchal de Lautrec, y perdirent en 1622 contre les Impériaux.

La position du général Colly était la meilleure qu'il pût prendre : environné de deux rivières profondes et torrentueuses, il avait garni leurs bords de fortes batteries; ses lignes protégeaient la place de Mondovi: il attendait le secours que le conseil de Turin pouvait lui envoyer, ou que les Autrichiens lui feraient passer, en suivant la droite du Tanaro. Ces espérances s'évanouirent en même temps. La cour de Turin avait ordonné l'armement général de tous les jeunes-gens, depuis dix-huit jusqu'à trente ans. Le succès de cette mesure aurait procuré une armée de quarante à cinquante mille hommes. Non seulement elle éprouva des obstacles invincibles, mais le mécontentement qu'elle répandit dans le Piémont arrêta tous les efforts auxquels pouvait se livrer le roi de Sardaigne pour la continuation de la guerre. Les Piémontais demandaient

la paix à grands cris. Les généraux, attribuant aux mauvaises manoeuvres des Autrichiens les derniers revers qu'ils venaient d'éprouver, avaient perdu toute confiance. On parlait de trahison. La noblesse piémontaise abandonnait en foule le pays, pour s'enfoncer dans le midi de l'Italie.

Le grand-duc de Toscane, craignant d'attirer dans ses états les armées françaises, refusait le passage aux renforts qui venaient de Naples et de Rome, pour se joindre à l'armée de Beaulieu. Ce contre-temps ne permettait à ce général d'envoyer le moindre secours à l'armée piémontaise.

pas

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CHAPITRE X X V.

Bataille de Mondovi.

Discours de

Bonaparte à son armée.

COLLY dont l'armée, après les échecs qu'elle avait essuyés, montait à peine à douze mille combattans, ne pouvait résister long-temps aux colonnes françaises, qui l'attaquaient de toutes parts. Il fut obligé d'abandonner ses retranchemens pendant la nuit du 21 au 22

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