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et l'apparent désintéressement de la poste aujour d'hui ne lui est pas plus favorable; car il est de droit qu'en fait d'assurance, le dédommagement doit être en proportion de la perte.

Ou les paquets qu'on assure à la poste sont d'une valeur au-dessus de 300 livres, ou au dessous: s'ils sont au-dessus de 300 livres, quelle proportion entre dix mille francs, par exemple et un dédommagement de cent écus? S'ils sont au-dessous, n'alarme-t-on pas la conscience d'un homme délicat, en lui payant un dédommagement qui excède sa perte?

Il est facile de concevoir que ce n'est qu'une spéculation mercantile de l'administration des postes que cet apparent désintéressement, dont elle semble se glorifier. Supposons que le double port de lettre qu'elle exige pour le chargement, lui rapporte annuellement une somme de huit cent mille francs, en accordant une indemnité de cent écus pour chaque lettre perdue, il faudroit, pour qu'au bout de l'année elle se trouvat suns bénéfice, mais aussi sans perte, qu'il y eût eu à peu près deux mille six cent soixante six lettres chargées de perdues, et une semblable perte est moralement impossible: mais s'il ne s'en perd aucune, elle extorque donc huit cent mille francs au public, pour une formalité de précaution qui vraiment n'est qu'un leurre, puisque la lettre non chargée doit être aussi sacrée que la lettre chargée.

Pour la sureté publique, nous nous garderons de faire connoître aucune des portes que cette ma-, nœuvre ouvre à la mauvaise foi et à la filouterie. Mais il est certain qu'elles sont innombrables, et qu'il n'y a point de maison de commerce et de banque où elle ne doive répandre de la défiance, et que l'administration de la poste elle même ne doit pas être pour son propre intérêt plus rassurée à cet égard.

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Un citoyen nous a fait parvenir son opinion sur la manière de procéder dorénavant à la nomination du général de l'armée parisienne, et de composer son état'major. La longueur de ce mémoire ne nous permet pas de le rapporter en entier; mais nous remplirons son vou, en rendant compte de la motion par laquelle il le termine. Il voudroit que chaque section s'assemblat, que chacune nommât un notable; que, dans ces quarante-, huit notables, on choisît le général; que l'on format l'état-major et les aides-de camp des 47 autres notables, qui en recevroient les places par la voie du serutin. L'auteur croit appercevoir un très grand avantage pour la cause publique dans ce nouvel ordre de choses, et accompagne son projet de réflexions très patriotiques. Nous l'engageons à rendre ses observations publiques que les entraves qu'il nous impose par l'incognito dans lequel il se renferine ne nous permettent pas de détailler.

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Le mémoire de M. Edme Roussin, avocat aub conseil souverain de la Guadeloupe, que ce citoyen nous a fait passer, est une de ces jolies anecdotes, si communes sous l'ancien régime; c'est-à-dire, un innocent déchiré par lambeaux par des tigres puissans.

M. Roussin eut le malheur d'être honnête homme avec des hommes qui avoient le bonheur d'être des scélérats; car telle étoit la morale de ces temps que l'aristocratie regrette.

Il fut nommé membre d'un tribunal inquisitorial établi à Tabago, et présidé par MM. Dillon et Roumes, pour juger les réclamations des capitalistes anglais, (qui dit-il, ne réclamoient pas) contre les débiteurs de la colonie, (qui, ajoute-t-il, ne se plaignoient pas).

Ce poste de fripon lui déplaît. Il le quitte, et retourne à la Guadeloupe. Un ami infidèle, livre en son absence des lettres, où il s'expliquoit familièrement sur la nature de ce tribunal. Sa perte est jurée par MM. Dillon et Roume. M. de Clugny, gouverneur de la Guadeloupe, y donne les mains. Il est arrêté dans le palais de la justice où il plaidoit une cause; jeté dans un vaisseau; conduit à Tabago; plongé dans un cachot, au pain et l'eau pendant quatre-vingt-cinq jours; envoyé dans les fers à Dunkerque; traîné, à son débarquement en France, No. 66.

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dans les prisons, sans argent, sans ressources, sans connoissances telles sont les jolies agaceries que les agens du pouvoir exécutif ont faites à Edme Roussin : et il n'a pas encore obtenu justice des brigands qui l'ont ainsi assassiné en détail!

Nous engageons nos lecteurs à lire son mémoire. C'est un bon antidote contre les velléités de contre-révolution qui prennent à tant de gens. Le ministre la Luzerne, joue sur-tout dans cette affaire un très-joli rôle.

Les municipalités et les gardes nationales des paroisses du vignoble des environs d'Orléans, par une adresse à l'assemblée nationale, ont fortement réclamé contre les sinistres intentions qu'on leur avoit prêtées. Ils s'y plaignent de la confiance que M. Salomon, député, accorde aux ennemis de la révolution, et demandent qu'il rende publique la lettre qui l'a si cruellement trompée. Ils y tappellent avec majesté, ce que ta France dut au courage de leurs ancêtres, en 1429, et démontrent l'impossibilité que les descendans de ces braves cultivateurs aient dégénéré.

C'est à MM. Billard, maire, et Midon de l'Isle, commandant de la garde nationale de Saint-Denis-en-Val, que nous devons la communication de cette adresse.

Que l'assemblée nationale y prenne garde. L'aristocratie à trouvé commode, depuis quelque temps, d'appeler patriotisme tout le mal qu'elle fait ou qu'elle vent faire. Et l'assemblée a eu la bonhommie de traiter sur parole de bons patriotes comme des aristocrates. Encore un coup, qu'elle y prenne garde, et que désormais elle n'escompte plus à bureau ouvert, tous les faux billets de patriotisme qu'on lui présente.

ASSEMBLÉE NATIONALE.

Séance du mardi 5 octobre 1790.

Sur le rapport fait par M. Gossip, au nom du comité de constitution, les décrets suivans sont adoptés.

« L'assemblée nationale, après avoir entendu son comité de constitution sur la pétition du directoire du

département de Rhône et Loire, décrète que les tribunaux des districts de la ville de Lyon et de la canpagne, séans en cette ville, seront composés de six juges.

« L'assemblée nasionale décrète que le tribunal de district de la ville de Bordeaux sera composé de six juges ».

M. Estourmel présente une pétition des officiers municipaux de Cambrai, tendante à faire traiter les possesseurs d'offices de judicature en Cambresis, comnie ceux d'Artois, Flandre et Hainaut.

L'assemblée en ordonne le renvoi à son comité de judicature.

M. Bouthilier, après un rapport fait au nom du comité militaire, présente les articles suivans:

« L'assemblée nationale, continuant son examen du plan général d'organisation de l'armée, présenté par le ministre de la guerre, après avoir entendu le rapport de son comité militaire, décrète :

* 1°. Indépendamment des quatre-vingt-quatorze officiers généraux employés, l'état-major général de l'armée sera composé de trente adjudans généraux ou de division, lesquels, sous cette dénomination, remplaceront les trois états-majors de l'armée, existant aujourd'hui, et les réduisant à ce nombre d'officiers, de ces trente adjudans généraux ou de division, dix-sept auront rang de colonel, et treize celui de lieutenant-colonel.

<< 2°. Il sera attaché cent trente-six aides-de-camp aux quatre-vingt-quatorze officiers généraux, employés sur le pied de onze par chacun des quatre généraux, et d'un par chacun des trente lieutenans généraux, et d'un par chacun des quatre-vingt maréchaux de camp. Les premiers aides-de-camp de chacun des quatre généraux d'armée seront colonels, et les seconds seront lieutenans-colonels, ainsi que ceux des lieutenans généraux et des maréchaux.

3°. Les adjudans généraux et les quatre aides de-camp des généraux qui seront colonels, auront éco livres de traitement. Les treize adjudans généraux, ainsi que les quatorze aides-de-camp des généraux qui seront lieutenans Colonels, auront 4000 livres.

«Chacun des 128 aides-de-camp-capitaines jouira de 1800 livres par an.

<< 4°. L'assemblée nationale ajourne de nouveau l'article du ministre, relatif aux commissaires des guerres ».

M. Thouret a fait lecture d'une proclamation et d'une adresse de la municipalité de Rouen, qui prie l'assemblée de ne pas croire au projet insensé d'enlever le roi. Il a proposé de décréter qu'il sera fait mention de l'adresse et de la proclamation dans le procès-verbal et que M. le président sera chargé d'écrire à la municipalité de Rouen, que l'assemblée nationale, pleine de confiance dans le patriotisme de leur commune, est satisfaite de leur zèle pour les intérêts de la chose publique, les invite à continuer leurs soins pour éclairer la conduite des ennemis de la constitution, qui sont ceux de la nation et du roi.

Séance du soir. M. Fronville est venu offrir à l'assem-blée la découverte d'une nouvelle machine hydraulique. L'examen en a été renvoyé aux comités d'agricukure et de commerce réunis.

M. Despastis a fait lecture des adresses des gardes. nationales des communes d'Andreselles, Champdeuil, Guignes, Hyebles, l'Etang, Pecqueux et Sussy, district de Melun, qui font offrande à l'assemblée d'une somme de 150 livres à distribuer aux veuves et orphelins des soldats citoyens morts à Nancy.,

M. le président a fait lecture d'un arrêté du parlement de Toulouse, contraire aux décrets de l'assemblée; on en a ordonné le renvoi au comité des rapports,

M. Chassey a repris la lecture du titre sur la vente 'des biens nationaux. Plusieurs articles ont été décrétés. Nous donnons les articles suivans:

ART. II. « L'assemblée déclare qu'elle a entendu que tous lesdits biens seroient vendus dès-à-présent; et en attendant qu'ils seroient administrés par les corps administratifs, sous les exceptions et les modifications ci-après.

III. «Ne scront pas vendus les biens servant de dotation aux chapelles desservies dans l'enceinte des maisons particulières, par un chapelain ou desservant, à la seule disposition du propriétaire, ni les biens servant de

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