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prolétaires, spécifiés par leurs professions, age,

sexe, etc.

Supposons un curé, ou vicaire, ou maire, ou procureur-syndic, ou magister d'une paroisse, ou tous les cinq ensemble pour plus de sureté ; sup posons-le encore, tenant d'une main un décret de T'assemblée nationale, précédé ou suivi d'une ins truction claire, précise, consolante, qui annonce le vrai but de l'opération du cadastre, qui conseille et ordonne la bonne foi au propriétaire, et de l'autre une feuille divisée en autant de colonnes que l'on voudroit dénombrer de choses. Quelle difficulté trouvera-t-il à aller de maison en maison, insérer sur la feuille les noms, les qualités, les quantités des choses dont il auroit à s'informer ? Cette opération simple terminée, où seroit l'embarras de faire redresser, par la commune entière assemblée, les erreurs qui auroient pu se glisser sur la feuille? Là, chacun est instruit des affaires de chacun; la naïveté champêtre vaut bien la science de l'arpenteur citadin, La feuille visée et envoyée successivement à qui de droit, arriveroit de centre en centre à celui du département, où les calculs définitifs seroient terminés. Des départemens, ces calculs arriveroient à l'administration générale, et collection faite du tout, nous pensons que ce seroit là un bon cadastre.

Par ascendance d'instruction, ainsi la terro française apprendroit au législateur ce qu'elle peut donner; par descendance, à son tour, Tassenibléo nationalǝ apprendroit à la terre française, ce qu'il faut qu'elle paye.

(L'impôt industriel à l'ordinaire prochain).

Des Cloches

C'est pour la cinquième fois que l'on fait la motion de convertir les cloches en monnoie. A mesure que ces motions s'élevoient dans l'assemblée

nationale, les journaux de toute espèce portoient des lettres et des avis plus candides les uns que les autres, pour aider à l'opération de cette fonte. Il n'est pas jusqu'à des artisans de profession qui, devenus tout à coup des chymistes et des physiciens parfaits, n'ayent prouvé, comme deux et deux font quatre, que le salut de France dépendoit de n'avoir plus de cloches; tout ce qui peut venir au secours de la charlatanerie, la différence qui se trouve entre la George d'Amboise de Rouen, et la Cardaillac de Toulouse, sur le mi et sur le fa de leur son relatif, toutes ces scientifiques spéculations que les madrés politiques font jeter aux yeux du peuple par des sots bridés; rien n'a été mis en oubli pour préparer la nation à voir vider ses clochers, et après cette préparation, pour porter l'assemblée nationale à ordonner que tout le bronze du royaume seroit fondu.

!

Citoyens prenez garde à vous. Tous les calculs qu'on vous présente à cet égard sont faux. C'est a huit ou dix millions de mauvaise monnoie de cuivre que se réduiroit, tout au plus, la spoliation de vos clochers; vous n'auriez de monnoie qu'autant qu'il en faudroit pour vous prouver que la transmutation a eu lieu. Le reste..... Dieu sait ce que deviendroit le reste!

Citoyens ouvrez l'histoire, vous y verrez que, du temps de Charles IX et de Henri III, les protestans opprimés, trahis, alléchés, égorgés, et toujours forcés de s'armer contre la détestable Médicis, contre les abominables Guise, contre la sanguinaire cour de France, n'ont pas eu d'autres ressources pour se fournir de grosse artillerie, que les tocsins de la patrie. On veut vous dépouiller de vos cloches! Et que savez-vous si l'on ne veut pas vous dépouiller plutôt de vos canons? Français qui avez juré de soutenir la constitution, voyez l'Europe entière sous les armes, sans en donner de raison valable; l'artillerie autri

chienne, anglaise, hollandaise, napolitaine, espa gnole et suisse, se prépare et vous entoure; la française est toute à la disposition des ministres, dans Metz, Strasbourg, Douai, Rochefort, Lille et Besançon. Si l'on vient vous attaquer, vous cerner; vous égorger, avec quoi vous défendrez-vous? Où sont vos batteries ? Deux fois, jusque dans Paris, on a tenté de vous ravir le peu de canons qui sont en votre puissance. Obéissez à la loi; mais ne vous laissez pas duper par le machiavélisme! gardez vos cloches, et qu'à chaque premier coup de vêpres, il vous souvienne, que si quelque tyran formoit le projet de vous opprimer, une cloche reste du moins dans votre paroisse pour être convertie en canon, et braquée sans miséricorde contre les ennemis de la liberté et les traîtres à la patrie.

Comédiens italiens ordinaires du roi.

Dans le moment précis où le premier et le dernier parlement de France expiroit, l'aristocratie ne perdoit pas courage. Si le maire de Paris avoit l'avantage d'apposer les scellés sur les paperasses parlementaires, la Fayette (1) avoit le plaisir de voir son cousin Bouillé sur la scène, et tout son état

(1) M. de la Fayette, selon sa coutume, avoit hérissé de bayonnettes les cours du palais et les rues adjacentes. Nous ne comprenons pas jusqu'à quel point l'appareil de la force militaire peut être nécessaire à l'exécution des loix. Le despotisme aussi se sert de soldats pour donner suite à ses ordres oppressifs. C'est déshonorer les augustes décrets de l'assemblée nationale, que de les environner continuellement de la force armée. Un greffier, un simple huissier devroit suffire pour accompagner les officiers municipaux, par-tout où ils sont les organes de la loi, sauf à requérir les gardes nationales, ou les troupes de ligne, en cas de résis

fance.

major, ainsi que ses parasites bleus dans le par, terre, criant bravo à la représentation du massacre de Nancy.

Les comédiens italiens ont joué sur leur théâtre le nouveau d'Assas. On conçoit aisément, à ce titre, que c'est l'humanité du jeune Desistes qu'on a prétendu offrir au public; mais, à vrai dire, co frait mémorable n'a été dans la pièce que le prétexte. Figurez-vous, au lever du rideau, les Suisses de Château-Vieux, que l'on fait parler comme des ivrognes et des chenapans. Survient un modéré ( M. de Malseigne) qui leur parle philoso phie, et qui, dans cette philosophie, insinue au public que ces Suisses sont des insolens d'oser demander leur compte, et de misérables faquins de vouloir profiter de la loi qui les y autorise. Des femmes Nanceyennes arrivent effrayées de l'approche de Bouillé, en quoi elles n'ont pas tort, et vomissent des imprécations contre les Suisses; ce qui n'a jamais été vrai. Alors arrive le jeune. Desisles, accompagné d'un autre officier du régiment du Roi, lequel est très-bon patriote, ce qui est encore bien dans la nature. Ces deux personnages disent tous les biens du monde de la morale, mais pas un mot de la révolution; ils n'ont garde. Le tambour bat l'appel; les Suisses arrivent, plus escogriffes, p'us scélérats que jamais, et amè nent une pièce de canon. Voici le beau : c'est Bouillé qui descend d'une montagne à la tête de trente soldats, moitié bleus, moitié rouges. Du haut d'un rocher, le bon apótre adresse aux Suisses les phrases les plus académiques et les plus sentimentales; qui l'auroit cru? Il est, dit-il, le plus humain des généraux. Mais les Suisses enragés, ces lucifers braquent le canon, le seul qui soit dans l'affaire, le jeune Desisles s'y oppose et est blessé ; on le recueille le plus théâtralement du monde. C'est à ce coup que les Suisses, sans rime ni raison, perdent patience, grincent des dents à faire

peur aux femmes grosses, et tirent un coup de canon. Bouillé, qui est là, et qui n'attend pas autre chose, fait faire feu à sa troupe, qui n'y man que point; cette troupe se jette ensuite sur les Suisses, et les massacre de son mieux. Après beaucoup de petards et de fumée, parmi lesquels les Suisses font les méchans, sans faire mal à personne, et Bouillé le débonnaire, en égorgeant tout le monde; on apporte Desisles sur un lit à la Tans crède. Ce qu'il y a de mieux en femmes à la comédie italienne vient chanter autour du blessé. Mais voici que Bouillé, plein de feu patriotique et transporté de vertu, chose qu'il dit lui-même, afin qu'on y croie, arrache sa croix de Saint Louis et la donne au jeune Desisles, et voilà la pièce.

Ce bel ouvrage est en musique. Le bonhomme Bouillé y a été célébré sur tous les tons. Et les trois quarts et demi du parterre, en habit bleu, battoient la mesure, et crioient bravo à la mort de chaque Suisse.

Au reste, on a demandé l'auteur ; une voix bien coupable a crié, l'auteur, c'est BOUILLÉ. On n'en a pas demandé davantage. Voilà un grand succès pour les cousins et pour les vendeurs d'orviétan.

Dénonciation des abus de la poste aux lettres.

poste vient d'annoncer ét de faire afficher dernièrement, que toutes les fois que l'on chargera une lettre, c'est à dire, que l'on consentira à en payer le port double, si cette lettre s'égare, l'administration, quoique ci-devant autorisée par arrêt du conseil à ne payer en indemnité que la somme de 150 livres, s'engage à porter doréna vant cette indemnité à la somme de 300 livres, pour accroître d'autant plus la confiance du public.

L'arrêt du conseil étoit vexatoire pour le public

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