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pôt indireet n'a pu être établi sans trafner après lui l'iniquité, la désolation et l'esclavage.

L'impôt indirect est la conception des ténèbres, aussi a-t il été toujours l'eu aut gâté des tyrans.

Que le peuple apprenne à puiser dans le sentiment de la loi cette bonne foi nationale qui a sure, la fidélité des contributions. Effacez donc de vos, projets cet impôt indirect, école réciproque d'astuce et de fourberie, où le citoyen apprend aux barrières à friponner à son comptoir.

C'est vertu chez le peuple de tromper un alguazil fiscal. Quelle induction tirerons nous de la jąctance du citadin joyeux d'avoir fraudé la douane, sinon que celui-là qui trompe le scruteteur à ban.: doulière, sous le prétexte des vexations inséparables de l'impôt indirect, troupera bientôt le collecteur légal des contributions légitimes? Que de- : vient alors la loi? Sans la loi, que devient la li berté? Admirable propriété du véritable ordre social, qui corrompt les parties saines, pour nous apprendre à rejeter tout ce qui pourroit s'y être. glissé de vénéneux et de morbifique!

L'impôt indirect est nul et sans rapport s'il n'est surveillé; il ne peut être surveillé sans tyrannie, Les spéculateurs nous montreront sans doute des objets de luxe ou de pure sensualité, des objets même anti politiques et inimoraux qui présentent un impôt indirect, salutaire pour l'état, ju que dans les corrections qu'il inflige. Mais que m'importe à moi, citoyen, si pour s'assurer qu'un tripot se sert de cartes fleurdeli ées, le commis de cette partie vient troubler mon voyage, aliumer mon caractère irascible, en me fouillant de la tête aux pieds; si son impassibilité ennuyante et ennuyée me senible avoir un caractère d'insolence; et si ma fierté, jusqu'alors vertu sublime, me conduit à un forfait de hasard?

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Non: au risque de paroltre ridicules et exagérés, nous voulons po er en fait que dans notre France l'impôt indirect ne portera que sur les éléphans; que m'importe, si malgré la rareté de cette espèce d'animaux parmi nous, je me trouve exposé dans mes foyers aux recherches du caprice ou de la méchanceté, et si le sérieux désolant d'une loi ridicule peut tourmenter ma vie entière?

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Nous dira-t-on que l'impôt indirect ne sera perçu qu'aux frontières seulenient? Alors c'est bien pis; car nous ne concevons pas l'utilité, c'est-à-dire, le produit de cet impot. S'il est mis sur le tabac, Vous ne m'empêcherez pas alors de semer du tabao dans mon jardin. Si vous voulez m'en empêcher, il vous faudra des commis. Pour que les commis m'en empêchent, il faudra qu'ils s'assurent des délits; pour s'en assurer, il faudra donc qu'ils y voyent; et pour y voir, må porte leur est donc ouverte de force. Vous ferez bien des loix spéculatives, qui auront l'air de ne pas nous gêner; mais après viendront les interprètes et les extendeurs, pour déterminer le bénéfice de vos loix et nous voilà esclaves, si toutefois nous le souffrons. Nous répétérons donc qu'il ne faut que des impôts directs; il s'agit maintenant de les indiquer. D'après notre expo é, nous en établissons deux qui n'en font qu'un. L'impôt direct sur le sol, qui prend le nom d'impôt territorial.

L'impôt direct sur les hommes, qui s'appellera l'impôt industriel..

De l'impót sur le sol, dit territorial.

L'assemblée nationale a décrété que l'impôt terri torial seroit perçu en argent. Nous reconnoissons là l'influence des administrateurs du fisc, des aspirans à cette administration, et en général l'influence des ministres qui, pressés de jouir, se sont peu

souciés de la question opposée, c'est-à-dire, de la perception én nature. Les moteurs de cette influence n'ont pas voulu s'exposer à l'inclémence des saisons, et plus jaloux de l'argent que du bonheur des Français, ils ont mieux aimé savoir à quoi s'en tenir sur les contingens, que de s'embarrasser du soin, bien juste cependant, de balancer les faveurs et la colère de la nature.

La question de la perception en nature tendoit bien aussi vers le but ministériel par un chemin peut-être plus sûr, mais plus long; car la perception en nature faisant dépendre la somme de l'impôt de la somme des récoltes, il est plus que probable, que dans peu, avec le secours de quelques rapports bien arran és sur les orages ou sur les alluvions de tel ou tel pays, la somme de l'impôt se serait trouvée insuffisante, d'où seroit ensuivie nécessairement quelque augmentation gradativement annuelle, pour subvenir au complé ment de l'impôt.

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Nous paroitrons bien difficiles à contenter, puisque nous réprouvons également la perception en nature, et la perception en argent. Oui, nous les réprouvons toutes les deux, lorsqu'elles sont indépendantes l'une de l'autre ; mais nous les admettrons comme justes et, saus inconvénient l'une et T'autre, lorsque vous demeurerez d'accord que, pour base de l'impôt payé en argent, il falloit prendre la production en nature; car, de toute façon, il sera fort douloureux pour le cultivateur grêlé à raz de terre, de payer ce que la nature lui aura ravi. Vous faites alors supporter à l'individu oe que l'état devoit supporter seul. L'état devoit calculer que la perte provenant de l'inclémence des saisons est annuellement inévitab'e pour, lui. Tous les ans la grèle et les inondations exercent des ravages dans l'une ou l'autre partie du sol français, Calcul fait sur ce point, la totalité des impositions, auroit été toujours la même

pour

pour l'état, à moins d'un désastre surnaturel, au lieu que, par la perception en argent, vous rejetez évidemment sur le seul individu infortuné cette perte, pen sensible de l'état; et la disproportion est par trop forte.

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La perception en nature, établie purement et simplement, indépendamment des inconvéniens que nous avons allégués, auroit eu celui d'une série de fermages qui ne pouvoit exister sans de gros gains au bénéfice des fermiers; et en supposant même que ces fermiers eussent été francs de protection auprès des directoires ou francs de collusion avee les administrateurs, il n'y a pas de raison, quand on peut faire mieux, pour enrichir cinq à six cents fermiers, et quarante mille sousfermiers, aux dépens de vingt-cinq millions d'hommes.

Nous estimons donc que, pour être juste, il falloit que, d'après la vérification du produit en nature, faite par des prud'hommes dans chaque paroisse, la municipalité imposat, au tarif de tant d'argent, pour tant de fruits. Les grêlés et les inondés auroient payé peu, à la vérité, mais les favoris de la terre auroient payé beaucoup. Com pensation faite, le total de l'impôt auroit toujours été le même pour l'état; au lieu que, sans que l'état obtienne plus, car où il n'y a rien, le roi perd ses droits, vous serez assaillis de réclamations, yous serez cause d'une infinité de vexations, et vous donnerez pâture à la tyrannie, à l'esprit de domination, aux haines et aux vengeances particulières.

Tel est notre sentiment sur la perception de l'impôt territorial. Quant à son assise, nous pensons qu'elle ne peut s'opérer justement sans une concordance parfaite et positive entre ce que l'état demande à la terre, et ce que la terre peut donner à l'état. Les faiseurs de plans et de projets n'ont aucune base certaine à cet égard; ils n'ont pu N. 66.

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calouler que d'après des conjectures si incertaines et des approximations si généralisées, qu'il est impossible que leur estimation ne soit pas fausse, tant sur le sol que sur le produit. Nous avons crų nous appercevoir que, selon le plus ou moins d'abondance ou de stérilité nécessaire à son projet, chaque auteur dessèche ou fertilise plus ou moins la France, de sorte qu'il nous est arrivé, même à l'assemblée nationale, de passer de la richesse à la pauvreté, et de la pauvreté à la richesse trois ou quatre fois dans une séance. Quand on voit sur le fait des productions territoriales la différence miraculeuse qui se trouve entre l'arpent du laborieux montagnard et la belle région bourguignone du financier de Paris, on ne peut s'empêcher de rire des chiffres amoncelés de tel habile avocat qui apprécie la France chez le géographe Desnos, et qui l'étudie dans sa bibliothèque. Il faut un cadastre de la France, non tant mathématique que fiduciel; ce n'est point tant par les lignes ni par le quarré qu'il faut estimer la terre française, que Par ses matrices et les labeurs qui la fécondent. Que sous le règne absolu des fripons charlatans on nous berçât de la sotte assertion tant avancée, qu'il falloit vingt-cinq ans pour faire le cadastre du royaume, à la bonne heure; tant d'ignorance étoit convenable aux gens qui voyoient dans cette opération, non pas du bien à faire, mais un projet curieux à exploiter, des places d'ingénieurs

vendre ou à donner à vie, un sous-ministère à établir et de l'argent à voler. Mais aujourd'hui, en considérant la division et les subdivisions de la France, par départemens, districts, cantons et clochers, nous pensons qu'il est très-facile d'obtenir en moins de deux mois, non-seulement un cadastre territorial, numératif et non figuré, mais encore un dénombrement universel de la France, tant de la nature de ses productions locales, foyer par foyer, que de ses habitans, citoyens actifs ou

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