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SUR

LA PHYSIQUE,

SUR L'HISTOIRE NATURELLE

ET SUR LES ARTS,

AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE;

DÉDIÉES

A M. LE COMTE D'ARTOIS;

PAR M. l'Abbé ROZIER, de plufieurs Académies; par*
M. J. A. MONGEZ le jeune, Chanoine Régulier de Sainte
Geneviève, des Académies Royales des Sciences de Rouen
de Dijon, de Lyon, &c. & par M. DE LA MÉTHERIE,
Docteur en Médecine de plufieurs Académies.

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JANVIER 1789.

TO ME XXXIV.

ལ་པ་

A PARIS,

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AU BUREAU du Journal de Physique, rue & hôtel Serpente.
Et fe trouve

A LONDRES, chez JOSEPH DE BOFFE, Libraire, Gerard-Street, N°. 7, foh●

M. D C C. LXXXIX.

MOTHE

Papillon

OBSERVATIONS

ET

MÉMOIRES

SUR

LA PHYSIQUE,

SUR L'HISTOIRE NATURELLE, ET SUR LES ARTS ET MÉTIERS.

DISCOURS PRELIMINAIRE;

Par M. DE LA MÉTHERIE.

A LA fin de la faifon du travail, l'agriculteur contemple avec fatisfaction les abondantes récoltes que lui ont rendues fes diverfes propriétés de même l'ami de la vérité repaffe avec une douce émotion les différentes découvertes qu'ont faites dans le courant de l'année ces fcrutateurs infatigables de la nature. Quel plaifir plus pur que celui de voit s'étendre nos connoiffances! L'univers s'aggrandiffant à nos yeux, notre existence paroît prendre les mêmes accroiflemens. Celui qui borne fes jouiffances à celles que lui procurent fes fens, éprouve bientôt ce terrible fentiment de fatiété qui fait le tourment & le malheur de ceux

qui croient y trouver uniquement le bonheur. Mais l'amé honnête & fenfible qui cultive la philofophie naturelle fe prépare des plaifirs inépuifabies. Plus on fait, plus on voit qu'on a à apprendre: plus on avance dans la carrière, plus le terme s'éloigne à la vue, & laiffé à defirer.

Le grand Frederic employant à l'étude tous les momens qui n'étoient pas deftinés au bonheur de fes concitoyens, & à l'adminiftration de la chofe publique, étoit cent fois, mille fois plus heureux que cet autre monarque, qui dans un défœuvrement continuel couroit toujours de plaifirs en plaifirs fans le trouver nulle part. Il s'étourdiffoit, mais il ne jouiffoit pas. Ses fens étoient encore ébranlés ; mais fon ame n'étoit plus affectée..

&

Mortels dont la fenfibilité eft fi exaltée par la civilisation qui n'êtes pas commandés par un travail journalier qui occupe tous vos inftans, jettez-vous dans le fein de la philofophie naturelle, cette douce compagne de l'homme dans l'état de fociété. Elle feule peut vous faire lutter avec quelqu'avantage contre les adverfités dont votre existence eft parfemée. En lifant le précis des principales découvertes qui ont été faites cette année, vous fentirez encore mieux cette vérité.

Aftronomie. M. Herschel, auffi infatigable dans fes travaux qu'éclairé dans fes recherches, continue toujours fes belles obfervations. Il a vu encore plufieurs fois les volcans qu'il avoit apperçus dans la lune. On fera peut-être bien aife de favoir comment la découverte en a été faite. M. Herschel eft fi complaifant pour la multitude d'étrangers qui vont l'admirer dans fa campagne à Slao, auprès de Windfor, qu'il accorde le plaifir de regarder les aftres avec fes beaux télescopes. M. & Madame Lind y regardoient la lune au moment qu'une étoile paffoit derrière cette planette. Madame Lind avoit l'œil à l'inftrument, & dit qu'elle voyoit l'étoile paffer fur la lune : on s'empreffa de lui prouver l'impoffibilité de la chofe. Elle répondit qu'elle croyoit plus à fes yeux qu'aux raifonnemens. M. Herschel regarda pour lors, & vit effectivement fur le difque de la lune un point lumineux qui ne pouvant être une étoile, fut reconnu pour être un volcan.

M. Herschel a entrepris un grand travail fur cette planette, & il m'a dit y avoir déjà obfervé près de quatre cens montagnes dont il cherche à déterminer la hauteur. Mais le miroir de fon grand télescope de quarante pieds n'étant pas encore achevé, il ne peut faire tout ce qu'il fe promet avec ce bel inftrument. Il fe fert ordinairement de télescopes de 7 pieds, de 10 pieds & de 20 pieds. Il continue auffi fon travail fur

les étoiles.

M. Bernard, dont nous avons déjà annoncé l'observation fur les fatellites de jupiter qu'on n'avoit pu obferver depuis foixante-dix ans, a reconnu que le premier de ces fatellites étoit en retard d'environ 12 degrés fur les tables de Caffini, le fecond avançoit de 23 degrés, le troisième

avançoit de 6 à 7 degrés, le quatrième retardoit depuis 1 jufqu'à 6 degrés, & le cinquième retardoit de 8 degrés.

M. Scroeter a fait des recherches intéreffantes fur la rotation de jupiter. M. l'Abbé Rochon a achevé fon beau télescope grégorien. Le miroir a 22 pouces de diamètre, & fon foyer eft de 22 pieds & demi. La matière dont il eft compofé eft de 16 parties de cuivre fur environ 6 d'étain. C'est le plus grand télescope connu, après celui de quarante pieds de M. Herfchel, mais dont le miroir n'eft pas encore achevé, ainfi que nous l'avons

dit.

Le miroir de platine d'un autre télescope de M. l'Abbé Rochon, dont nous avons déjà parlé, a 8 pouces 9 lignes de diamètre. Il eft d'une grande perfection & fait un très-grand effet.

M. Ramfden fi connu par la précifion qu'il a portée dans l'exécution des inftrumens d'aftronomie & de phyfique, & encore plus par fon génie pour en invénter & les perfectionner, fait actuellement pour M. l'Abbé Piazzi, profeffeur d'Aftronomie à Palerme, un cercle entier de cinq pieds de diamètre. Ce célèbre artifte prétend qu'il faut renoncer au quart de cercle pour arriver au dernier degré de précision, & y fubftituer le cercle entier. J'ai vu ce nouvel inftrument qui eft déjà très-avancé. Un de fes grands avantages eft que la dilatation du métal étant régulière, n'y peut produire aucune erreur. D'ailleurs, on peut le vérifier tous les jours avec la plus grande facilité. Il n'y a qu'à regarder fi deux points diamétralement oppofés paffent par le centre de l'inftrument. M. Ramfden doit encore faire deux de ces inftrumens, un pour Paris & l'autre pour Dublin.

M. Meffier a découvert une nouvelle comère le 26 novembre. Elle paroiffoit dans la conftellation de la grande ourfe, près l'étoile Pfi. C'est la foixante-quatorzième dont on ait calculé l'orbite.

Zoologie. L'hiftoire des animaux eft fans doute la plus intéressante pour l'homme & en même tems la plus inftructive. Elle nous fait voir la nature vivante & animée.

Quadrupedes. Cette claffe eft la première de tous les êtres vivans fur le globe; & l'homme en doit être regardé comme le premier ou le chef. En vain différens favans ont-ils tâché d'en faire une claffe à part. M. d'Aubenton a trouvé, par exemple, que le trou occipital chez l'homme eft beaucoup plus rapproché de la base du crâne que chez le finge; M. Camper a auffi obfervé quelques différences dans l'organisation intérieure de l'organe de la voix; mais ces nuances font bien légères, ainfi que celles qui fe trouvent dans le pied. Certainement il y a plus de différence entre tel finge & rel autre, par exemple, entre le joko & le douc, qu'il n'y en a entre ce jocko & l'homme.

M. Zimmerman nous a donné une nouvelle claffification des animaux par climats.

M. Pallas avoit fait connoître que la clavicule fe retrouvoit chez quelques

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