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d'abord paraissaient avoir pour but de légers changements, il est résulté néanmoins une confusion générale qui a conduit la confédération sur le point d'une destruction totale:

A ces causes, MM. les députés des provinces susdites, au nom et par ordre des seigneurs États leurs commettants, déclarent solennellement, par la présente, que les seigneurs États susdits tiennent et regardent les dignités héréditaires de stathouder, capitaine-général et amiral-général, avec tous les droits et prééminences qui y sont attachés, telles et sur le pied qu'elles ont été déférées dans leurs provinces respectives, et prises en possession dans l'année 1766, par le présent seigneur stathouder héréditaire, pour une partie essentielle de leur constitution et forme de gouvernement, et qu'ils se les garantissent réciproquement par forme de confédération comme une loi fondamentale de l'état, promettant de ne point souffrir que, dans une des provinces de la confédération, l'on s'écarte jamais de cette loi salutaire et indispensable pour le repos et la sûreté de l'état.

Par suite du nouveau système politique de la république qui remplaça le système français, elle conclut une alliance étroite avec la Grande-Bretagne le 15 Avril 1788.1) Cette puissance, par l'article 3 de ce traité, garantit le stathoudérat héréditaire dans la maison d'Orange, avec toutes ses charges et ses prérogatives comme faisant partie essentielle de la constitution des Provinces-Unies, suivant les résolutions et diplômes des années 1747 et 1748, en vertu desquels le stathouder est entré dans la possession de ces charges en 1766, et a été réintégré en celles en 1787, s'engageant à maintenir cette forme de gouvernement contre toute attaque directe ou indirecte. L'article 2 établit une alliance défensive entre les deux parties contractantes.

Le même jour, 15 Avril 1788, un traité d'alliance défensive fut signé à Berlin, entre les comtes de Finkenstein et

1) V. G. F. DE MARTENS, T. IV, nouv. édit. p. 372. Récueil de traités, etc.

de Hertzberg au nom de la Prusse, et le baron de Reede, au nom des États-Généraux. 1)

Enfin le 13 Juin 1788, un traité provisionnel d'alliance défensive fut conclu entre la Prusse et l'Angleterre, pour le maintien de la constitution de la république des ProvincesUnies et du stathoudérat héréditaire dans la maison d'Orange, signé à Loo en Gueldre, par le comte d'Alvensleben et le chevalier Harris. Ce traité provisionnel fut renouvelé et amplement confirmé par un traité d'alliance défensive que signèrent le comte de Hertzberg et M. Ewart, ministre d'Angleterre à Berlin, le 13 Août 1788. 2)

1) V. G. F. DE MARTENS, T. IV., nouv. édit. p. 377.

2) V. ibid., T. IV., p. 390.

CAUSE HUITIÈME.

Rupture en 1788, entre les cours de Russie et de Suède, à l'occasion du renvoi du comte RASOUMOFFSKY, ministre de l'impératrice Catherine II, à Stockholm, et discussions qui s'élevèrent à la suite de cette rupture, entre le Danemarck et la Suède.

La Russie ayant perdu par la révolution qui se fit en Suède, en 1772, en faveur de l'autorité royale, l'influence qu'elle y avait exercée jusqu'alors, Catharine II tâcha de la regagner, en ordonnant à ses ministres à la cour de Stockholm, ainsi qu'à des émissaires secrets qu'elle envoya en Suède, d'exciter le mécontentement de la noblesse, à laquelle le roi avait enlevé une grande partie des prérogatives dont elle s'était emparée après la mort de Charles XII.

Quoiqu'instruit de ces intrigues, Gustave III, manquant d'argent, et n'ayant pour allié que l'indolent Louis XV, se vit obligé de cacher son ressentiment; attendant toutefois une occasion favorable pour éclater. 1) La guerre des Turcs dé

1) Le prince CHARLES DE HESSE, dans ses Mémoires sur la campagne de 1788 en Suède, dit, en parlant du voyage imprévu que le roi de Suède fit à Copenhague au commencement de l'année 1788: « Ce prince, qui depuis sa jeunesse avait été nourri dans des principes d'i

clarée au mois d'Août 1787, occupant la Russie sur le Dniester et en Crimée, parut favoriser ses projets. A peine au printemps de 1788, l'impératrice avait elle fait équiper à Cronstadt, une flotte de quinze vaisseaux de ligne, destinée à passer le Sund, et à se rendre à la Méditerranée pour soutenir les opérations militaires dans l'Archipel, que le roi fit sortir la sienne, le 9 Juin 1788, du port de Carlscrona, sous le commandement de son frère, le duc de Sudermanie. En même temps une flotte de vingt-huit galères, qui avait été équipée avec une promptitude extraordinaire, transporta en Finlande une armée rassemblée à Stockholm. 1)

Ce fut alors que le comte André de Rasoumoffsky, Envoyé extraordinaire de l'impératrice à la cour de Stockholm, adressa le 18 Juin, la note ci-après, au comte d'Oxenstierna, chancelier du royaume, pour demander une explication sur

ces armements.

N. I.

Note du comte de Rasoumoffsky, Envoyé extraordinaire de Russie à la cour de Stockholm, adressée au comte d'Oxenstierna, chancelier de Suède; du 18 Juin 1788.

A la suite des objets dont le soussigné, Envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de la cour impériale de Russie, vient d'entretenir S. Exc. M. le sénateur comte d'Oxen

nimitié contre le Danemarck, sa nation presque républicaine étant partagée alors en factions, dont celle, nommée les bonnets, opposée aux intérêts de la cour, était attachée à la Russie, à l'Angleterre et au Danemarck, déploya à Copenhague tous les talents de l'éloquence et de la politique, pour détacher la cour de Danemarck de son ancienne et étroite alliance naturelle avec la Russie, et pour la porter à s'unir étroitement avec la Suède. »

1) Déjà le 12 Juillet 1778 le roi renouvela l'alliance qui subsistait, depuis 1739, disait-il, entre la Suède et la Porte, mais qui par l'art. 1er de la paix d'Abo avait été véritablement annullée. Par le traité de 1787, le roi s'engagea à attaquer la Russie; et la Porte promit de lui payer des subsides. Le traité de 1788 n'a point été publie.

stierna, il a l'honneur de lui en représenter une récapitulation succincte dans cette note. Quelle qu'ait été la surprise de l'impératrice, ma souveraine, lorsqu'elle fut informée des armements qui se faisaient en Suède, S. M. I., ne voyant aucun motif légitime qui ait pu y donner lieu, avait résolu de garder le silence, tant que ces mouvements eussent été renfermés dans l'intérieur du royaume; mais apprenant les motifs allégués dans la communication qui a été faite par M. le sénateur comte d'Oxenstierna, au ministre de Danemarck, et dont celui-ci, par une suite de cette intimité qui règne entre les deux cours, a fait part au soussigné, S. M. I. s'est déterminée à rompre ce silence, et a ordonné au soussigné d'entrer dans les explications suivantes avec le ministre de S. M. suédoise.

Pendant vingt-six ans de règne de l'impératrice, elle n'a cessé de donner des témoignages au roi et à la nation de Suède, de son désir de cultiver avec elle un bon voisinage et une bonne harmonie, ainsi que la dernière paix d'Abo l'avait rétablie entre les deux états. Si au milieu du repos dont son empire jouissait du côté de ses autres voisins, S. M. l'impératrice avait jamais conçu la moindre idée de troubler ou d'altérer le moins du monde cet ordre des choses; il serait hors de toute vraisemblance de la lui attribuer au moment où elle se trouve engagée dans une guerre que lui a suscitée injustement un ennemi puissant, et à laquelle elle ne saurait donner trop d'attention. Provoquée de cette manière à déployer les moyens qu'elle tient de la providence, pour repousser l'attaque de son ennemi, elle a eu soin d'en prévenir amicalement toutes les puissances de la Chrétienté; et nommément elle a observé cette conduite, lorsqu'elle a pris la résolution d'armer une flotte, pour l'envoyer dans l'Archipel, et le soussigné en a, par son ordre, communiqué l'intention au ministre de Suède. Toutes ces dispositions et ces préparatifs se rapportant visiblement et uniquement à la circonstance dans laquelle se trouvait la Russie, n'étaient nullement faits pour alarmer ses autres voisins, qui ne nourriraient pas quelque dessein caché d'en profiter en multipliant ses embarras.

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