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Et l'on n'en fait que rire;

Le doux jargon n'a plus de cours Dans l'amoureux empire.

2.

Prouvez, amants, par des effets,
Le doux pouvoir de nos attraits,
Et non par des paroles;
Les compliments les plus parfaits
Ne sont que fariboles;
Faites-nous de plus doux billets,
Non des écrits frivoles.

3.

Supprimez votre passion,
Je veux de la soumission,
Et non de la constance.
Pour peindre votre affection.
Avec plus d'éloquence,
Amants, parlez-nous d'actions,
Ou gardez le silence.

4.

J'aime à présent mieux mille fois Le doux séjour de Quincampoix Que l'ile de Cythère;

L'on y fait d'aimables emplois

Sans contrat ni notaire; L'Amour a vendu son carquois

Pour être actionnaire.

5.

Il tient là son petit comptoir,
Et sait fort bien faire valoir

Ses effets sur la place:

A chaque instant croit son pouvoir;

Des trésors il entasse :

Auprès de lui qu'il fait beau voir
Agioter les Grâces!

Le 6, on fut en visite chez le sieur André', ancien chef du gobelet, Italien de nation, où l'on confisqua ce qu'il avait d'espèces au-dessus de cinq cents livres, et il fut en outre condamné à dix mille livres d'amende.

- On alla ensuite chez les notaires et chez les commissaires au Châtelet, pour voir s'ils n'avaient pas d'espèces en dépôt, appartenant à des particuliers.

-M. Fagon, conseiller d'État, se transporta avec son secrétaire chez une personne de distinction, où il fit une pareille exécution que chez le sieur André.

Un arrêt du conseil d'État, publié le 6, ayant augmenté les espèces, les denrées augmentèrent aussi de prix; la chandelle monta à dix-huit et vingt sols la livre. Le même jour, une harangère de la halle foula aux pieds, dans la boue, un billet de banque de la valeur de dix livres, qu'un particulier lui avait présenté en payement de ce qu'il était convenu pour de la marée; elle en avait déjà fait autant à quelques autres qui avaient voulu lui donner de pareilles espèces; ce qui ayant été rapporté à un commissaire du quartier, ce commissaire jugea à propos de donner en argent la valeur du billet de banque à celui qui s'était plaint de l'extravagance de cette femme. - On prétendait que le cardinal de Bissy avait profité,

Sans doute Jean André, qui, en 1719, acheta de la famille Carré la terre de Montgeron moyennant la somme de cinq cent mille livres. (Voyez Piganiol de La Force, t. IX, p. 297. Voyez aussi Matthieu Marais, t. I, p. 266.)

2 Fils du premier médecin de Louis XIV; successivement maitre des requêtes, intendant des finances, membre du conseil des finances, et enfin conseiller d'État.

T. II.

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depuis un an, de quatre cent mille livres pour lods et ventes de maisons et de terres, vendues dans la dépendance del'abbaye de Saint-Germain des Prés', dont ce cardinal est abbé depuis la mort du cardinal d'Estrées.

-Le chapitre de l'église collégiale de Sainte-Opportune de Paris profita aussi de quatre mille livres, pour chaque chanoine, pour de pareilles mutations.

Le 9, on fut en visite chez le sieur Adine 2, l'un des directeurs de la Compagnie des Indes, et on y confisqua huit cents louis d'or en espèces; de plus il fut condamné à dix mille livres d'amende, et, pour le consoler, il fut exclus de la même Compagnie.

-On assurait que le conseil avait résolu d'établir le dixième denier sur tous les biens ecclésiastiques et nobles, et le cinquième sur les biens en roture, au lieu des tailles et des autres impositions, qui seraient par là supprimées.

- Le 11, la princesse de Modène partit, après diner, sur les deux heures, accompagnée de M. le duc d'Orléans, son père, qui la quitta à Essonne pour s'en revenir à Paris. Les équipages de cette princesse étaient partis le 9 et le 10, et devaient l'attendre à Fontainebleau, où elle resta quelques jours et où se trouva M. le duc de Chartres, son frère, avec plusieurs seigneurs et dames, pour lui souhaiter un bon voyage et pour lui dire adieu.

-Le traité de paix avec l'Espagne ayant été signé le 17 février, par les puissances intéressées, les entrepreneurs des vivres et des fourrages, destinés pour les troupes

1 Parmi les divers acquéreurs des terres de Saint-Germain des Prés, il faut citer le comte de Lassay, qui acheta, le 13 janvier 1720, quatorze cent dix-sept toises de terrain sis au Pré aux Clercs; cette vente fut ratifiée par lettres du roi Louis XV, en date du 7 février de la même année.

2 Adine était de l'Académie française et avait acheté le marquisat de Villesavin, dont ses enfants portèrent le titre; il avait été dénoncé par son laquais; il mourut de la goutte quelques années après.

de la France en Catalogne, eurent ordre de se défaire de leurs provisions de la manière qu'ils jugeraient à propos.

- Le 16, on dépêcha un courrier à Rome, avec avis que l'accommodement de l'affaire de la constitution Unigenitus avait été signé le 13 de mars au Palais-Royal, par MM. les cardinaux de Noailles, de Rohan, de Bissy, de Gesvres et de Mailly, et par plusieurs archevêques et évéques qui l'avaient ci-devant acceptée en présence de M. le duc d'Orléans, régent, suivant un corps de doctrine qui contenait la pureté de toute la doctrine de l'Église concernant les cent une propositions condamnées par cette bulle, avec des explications digérées par plusieurs prélats et docteurs en théologie, de piété et d'érudition.

Le 14, la Compagnie des Indes manda les supérieurs et les procureurs des communautés séculières et régulières, afin qu'ils eussent à déclarer la quantité d'espèces qu'il y avait dans leurs maisons au-dessus de cinq cents livres, A quoi les Jacobins de la rue Saint-Dominique, et les Religieux de la Charité du faubourg Saint-Germain, se crurent obligés de satisfaire.

On confisqua douze cents livres chez le sieur Dupuis, notaire, proche Sainte-Croix de la Bretonnerie.

Le sieur Ganeau, secrétaire du Roi, était alors en peine de savoir ce qu'était devenu un sien domestique, qu'il avait chargé d'actions pour la valeur de huit cent mille livres, pour les négocier en la rue Quincampoix quelques jours auparavant, ce qui donnait lieu de craindre qu'il n'eût été assassiné.

On trouva pour lors, au bas du pont Royal, le corps du valet de chambre de M. le comte de Busca, lieutenant général des armées du Roi, coupé par morceaux; ce seigneur l'avait chargé d'actions pour la valeur de cent mille livres, afin de les négocier à la même rue.

Un particulier de la rue Saint-Jacques ayant eu l'imprudence de se vanter qu'il avait pour soixante mille livres

d'espèces d'or et d'argent, anciennes et nouvelles, fut dénoncé ; le tout fut confisqué, et fut de plus condamné à dix mille livres d'amende; mais, peu de jours après, le dénonciateur se trouva assassiné.

Le Roi fit donner aux Théatins une somme de cent cinquante mille livres, pour la construction du grand autel de leur église, et leur fit assigner seize mille livres par an pour achever le bâtiment de la même église.

-Le mariage du comte de Lespar, second fils du duc de Guiche, fut conclu avec une fille du marquis de Biron, lieutenant général des armées du Roi et premier écuyer de M. le Régent.

-Le grand maître de Malte écrivit alors des lettres circulaires à tous les chevaliers de son ordre qui étaient en France et ailleurs, afin qu'ils eussent à se disposer à se rendre à Malte au plus tôt pour la défense de l'île, qui paraissait de nouveau menacée par les Turcs, qui armaient dans tous leurs ports un très-grand nombre de vaisseaux et de troupes; et que les chevaliers qui ne pouvaient pas s'y transporter en personne, pour leur grand âge ou pour d'autres infirmités, eussent à y contribuer à proportion de leurs revenus.

CHANSON

Sur l'air ToN HUMEUR, CATHERINE......

D'Argenson, dans la finance,

S'est emporté comme un fou,
Mais il nous fallait, en France,
Un esprit bien plus filou.

Law en a donc pris la place;
Il nous mènera grand train
Dans un carrosse sans glace,

Tout droit chez la Pataclin 1.

Supérieure de l'hôpital de la Salpêtrière.

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