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que

aucun asile dans son royaume à aucun des sujets des puissances contractantes qui auraient été déclarés rebelles, et Sa Majesté les ferait sortir des terres de son obéissance dans l'espace de huit jours, après que la réquisition en aurait été faite. Sur quoi il fut fait alors de très-expresses défenses à tous ceux des sujets de l'Empereur, du roi d'Angleterre et des États Généraux qui étaient ou qui seraient à l'avenir déclarés rebelles, d'entrer ni de séjourner dans son royaume de France, et leur fut enjoint d'en sortir dans l'espace de huit jours pour tout délai; le tout à peine d'être arrêtés et punis comme désobéissants aux ordres de Sa Majesté. On voulait que ce qui avait donné lieu à cette ordonnance provint de ce que M. Law avait fait distribuer une somme de cent mille écus à un grand nombre d'Écossais qui étaient à Paris depuis quelque temps, pour les empêcher de mourir de faim. Sur quoi le comte de Stairs fit de grandes plaintes à M. le duc d'Orléans, comme si ce prince l'eût ordonné au sieur Law, afin d'entretenir ces Écossais dans leur rébellion contre le roi d'Angleterre en faveur du Prétendant, qui était retourné à Rome, après son voyage d'Espagne qui ne lui avait pas réussi, et qui, peu après son arrivée à Rome, avait épousé la princesse Sobieska, et était reconnu par le Pape et par tous les cardinaux du sacré collége comme roi de la Grande-Bretagne, sous le nom de Jacques III.

-Le dimanche 3o de mars, on prétendait qu'à la sortie du conseil de Régence M. le duc d'Orléans avait dit à M. le duc de Bourbon: « Il semble, Monsieur, que vous preniez plaisir à détruire en un moment ce que nous avons beaucoup de peine à établir en plusieurs jours. Est-ce prendre les intérêts de l'État de la manière que vous en agissez? pas vouloir vouloir essayer de tarir la Banque en tirant de la Banque jusqu'à vingt-cinq millions, comme vous avez fait depuis quatre jours, et M. le prince de Conti qui en a tiré en même temps quatorze millions? Que voulez-vous

N'est-ce

faire l'un et l'autre d'une si grande quantité d'argent? If semble que vous agissiez tous deux de concert pour me traverser dans tout ce que je crois faire de mieux pour le service du Roi et pour le bien de l'État. Est-ce là se conformer à la dernière ordonnance du Roi, qui enjoint à tous ses sujets sans exception don'avoir pas plus de cinq cents livres pour tout argent comptant? Ne savez-vous pas que la même ordonnance porte qu'il sera fait visite dans toutes les maisons sans aucune exception, pour voir si chacun s'y conforme? Ainsi, Monsieur, ne vous étonnez pas, ni vous ni M. le prince de Conti, si l'on nomme des commissaires pour aller chez vous faire la visite. » A quoi M. le duc de Bourbon répliqua : « Il est vrai, Monsieur, que j'ai tiré de la Banque vingt-cinq millions qui devaient me revenir, parce que j'aime beaucoup l'argent; on peut venir quand on voudra faire la visite en mon hôtel. » Quelques commissaires y allèrent le lendemain et n'y découvrirent rien; on disait que leurs recherches n'avaient pas été exactes, ou plutôt on présumait qu'ils avaient reçu ordre de ne pas les faire avec soin, afin de faire voir au public que le duc de Bourbon n'en était pas exempt lui-même.

-On publia un arrêt du conseil d'État, rendu le 23 février, par lequel le Roi, informé du bon état de ses finances, ordonnait que les pensions et les gratifications ci-devant accordées par le feu Roi fussent employées sur les états qui devaient être arrêtés au conseil, sur le même pied qu'elles avaient été accordées sans aucune réduction du cinquième, ainsi qu'il avait été résolu par une déclaration du 30 janvier 1717, et par un édit du mois d'août de la même année, à commencer du premier jour de janvier de cette année 1720, à la réserve que le dixième en serait retenu par le Trésor royal.

- M. l'abbé Dubois, secrétaire d'État, nommé à l'archevêché de Cambrai, alla quelques jours auparavant à Pontoise, qui est un vicariat du diocèse de Rouen, où le

grand vicaire lui conféra les ordres sacrés de sous-diacre, de diacre et de prêtre, sans avoir néanmoins célébré la sainte messe, l'abbé Dubois s'étant réservé de la dire avec cérémonie pour la première fois le jour de son sacre, après qu'il aurait reçu les bulles de Rome; et en attendant le courrier qui devait les apporter et le jour de son sacre, il se faisait instruire par son neveu, chanoine de SaintHonoré, de la manière qu'il fallait dire la messe, dans une chambre de son appartement, où il avait fait dresser une espèce d'autel. Cet abbé choisit Pontoise, pour éviter qu'on ne lui retardat l'envoi de ses bulles et la chicane que la cour de Rome aurait pu lui faire, s'il s'était adressé à M. le cardinal de Noailles, archevêque de Paris, pour rece voir les ordres sacrés, parce que le cardinal était comme le chef des appelants de la constitution Unigenitus'.

-On écrivait de Rome que dans le mois de janvier 1720, un vigneron travaillant à sa vigne, située au voisinage de la porte de Saint-Paul, avait trouvé une espèce d'urne de

1 «Dubois se rendit clandestinement à Pontoise comme à une partie de chasse, dont il portait les habits, pour se faire administrer les ordres moindres, le sous-diaconat, le diaconat et la prêtrise; le public dit alors que Dubois avait abdiqué ce jour-là le septième sacrement de l'Église (le sacrement de mariage; le bruit courait alors que Dubois était marié; on ajoutait même qu'un intendant de province, pour lui faire sa cour, avait déchiré des registres de l'état civil la page où se trouvait inscrite la preuve de ce mariage, et qu'il n'avait pu y parvenir qu'en enivrant le curé détenteur et gardien du registre), pour en recevoir à la fois quatre autres la confirmation, la première communion, la confession et l'ordre..... La suite d'une telle ordination fut aussi leste que la préparation; le soir même, Dubois, devenu prêtre, se présenta au conseil, qu'il scandalisa par une de ces opinions hardies qui le distinguaient si souvent de ses collègues. On voulut badiner, au sortir du conseil, sur sa rare vocation, et il eut l'impudence de dire que celle des Pères de l'Église n'avait pas été différente. » (Soulavie, Mémoires du maréchal de Richelieu, t. III, p. 204.)

pierre précieuse, ornée de figures antiques ou bas-reliefs, entières et très-délicatement taillées, qu'on prétendait du temps de l'empereur Vespasien, dans laquelle urne il s'était trouvé une quantité de médailles ou monnaies d'or, d'argent et de bronze de ce temps-là, que ce vigneron avait présentées au Pape avec l'urne, dont Sa Sainteté fut si contente, qu'elle lui permit de fouiller dans sa vigne comme il le voudrait, et lui accorda la propriété de tout ce qu'il trouverait dans la suite.

M. le Régent nomma des ingénieurs pour diriger les travaux que Son Altesse Royale avait résolu de faire à Mardick, pour en rétablir le port et les forts qu'on avait commencés suivant les conventions faites avec le roi d'Angleterre et même avec le parlement de la GrandeBretagne.

M. le cardinal de Noailles était depuis quelque temps occupé à dresser un corps de doctrine avec le P. Massillon, évêque de Clermont, et le P. de La Tour', supérieur général de la Congrégation des pères de l'Oratoire, au sujet de la constitution Unigenitus, avec des explications sur les propositions condamnées par cette bulle, afin de le communiquer ensuite à MM. les cardinaux de Rohan, de Bissy, de Gesvres et de Mailly, et aux prélats de leur part, pour tâcher de terminer cette affaire importante par un accommodement qui pût concilier tous les esprits de part et d'autre, et rétablir enfin la paix de l'Église.

-Le 1" de mars, la princesse de Lillebonne mourut âgée de..... ans2.

Pierre-François de La Tour, fils de Henri de La Tour, premier écuyer de mademoiselle de Montpensier, né le 21 avril 1653, mort le 13 février 1733.

La comtesse, puis princesse de Lillebonne, morte à quatrevingt-deux ans; elle était fille naturelle de Charles IV, duc de Lorraine, et de la comtesse de Cantecroix; elle était veuve du frère cadet du duc d'Elbœuf.

- Le 2o, le marquis de Fourille, lieutenant général des armées du Roi, qui depuis trois ans avait perdu la vue et qui jouissait d'une pension de douze mille livres, mourut aussi àgé de..... ans'.

- On publia un arrêt du conseil d'État qui révoqua tous les affranchissements des tailles dont plusieurs particuliers jouissaient pour avoir acquis des charges auxquelles ce privilége était attaché, quoiqu'ils fussent les plus richest habitants de leur paroisse.

- On assurait que les capucins de la rue Saint-Honoré avaient depuis peu dénoncé au Saint-Siége l'ouvrage de M. Baillet, bibliothécaire de M. le président de Lamoignon, concernant la Vie des Saints.

CHANSON.

A la mort, un bon capucin
Exhortant un actionnaire,

Lui disait : « Des tourments sans fin
De nos péchés sont le salaire,

Ce ne sont point des fictions;

Récompenses, mon fils, ou peines éternelles,
Sont le prix de nos actions. »

Le mourant, à ces mots, dit : « A combien sont-elles? »

AUTRE.

1.

Que servent tous ces vains discours

De feu, de tendresse et d'amour?

D'un amant qui soupire

On a banni ces longs détours,

Saint-Simon, t. XXVII, p. 111 et 112, parle d'un Fourille, capitaine aux gardes, cordon rouge et aveugle, et de l'abbé son fils, à qui il fit avoir une abbaye à Senlis.

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