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Le duc de Boufflers devait bientôt épouser mademoiselle de Villeroy, fille de M. le duc de Villeroy'.

Le duc de Montmorency, fils de M. le duc de Luxem– bourg, devait épouser mademoiselle d'Auvergne, fille de M. le duc de Bouillon.

Le marquis de Langeac devait aussi bientôt épouser une fille de M. le marquis de Biron.

- On écrivait de Rome que M. le duc d'Orléans avait depuis peu fait acheter du duc de Bracciano plusieurs excellents tableaux pour une somme de quatre-vingt-dix mille écus romains, outre mille pistoles de présent ou de pot-de-vin. Lesquels tableaux étaient échus au duc de Bracciano, parmi les effets de la succession de don Livio Odescalchi, qui les avait achetés des héritiers de la reine Christine de Suède 2, qui les avait apportés de Suède à Rome, et que le grand Gustave-Adolphe, roi de Suède, père de cette princesse, avait trouvés dans Prague en Bohême, lorsqu'il se rendit maitre de cette place, où le général Gallatz 3 les avait transportés après les avoir pris à Mantoue *.

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On apprit de Brives-la-Gaillarde en Limousin, que pendant que les habitants faisaient des feux de joie sur la nouvelle de la promotion de M. l'archevêque de Cambrai, leur compatriote, au cardinalat, un orage était survenu avec tant d'impétuosité, que le vent avait élevé des étin

Ce mariage eut lieu; mais le duc de Boufflers avait, il paraît, des goûts assez singuliers. Marais parle d'une aventure qu'il eut avec le marquis de Rambures dans un bosquet de Versailles. (Voyez Revue rétrospective, 2a série, t. VIII, p. 321.)

2 Christine, reine de Suède, fille de Gustave-Adolphe et de Marie-Éléonore, princesse de Brandebourg, naquit le 8 décembre 1626, et mourut à Rome en 1689.

Mathias Gallas, feld-maréchal des armées impériales, né en 1589, mort en 1647.

La collection de la reine Christine a été décrite deux fois : 1° par Havercamp, sous le titre Nummophylacium reginæ Christinæ, 1742, in-fol.; 2° dans un ouvrage intitulé Musæum Odescalcum.

celles dans la charpente de la principale église, de telle sorte qu'elle en avait été entièrement brûlée, malgré tout ce qu'ils avaient pu faire pour empêcher cet incendie.

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Le jour de saint Louis au soir, il y eut un concert de voix et d'instruments aux Tuileries, n'ayant pu se faire la veille à cause d'un grand orage de pluie, de vent impétueux et de tonnerre. Et au milieu du concert on tira un feu d'artifice sur le bord du bassin, qui représentait les travaux de Vulcain, et l'artifice fut en si grande quantité et si vif, que quatre artificiers en furent dangereusement blessés et portés à l'hôpital de la Charité.

— Le même jour au matin, M. le prince de Conti fit présenter au Roi pour son bouquet plusieurs cages qui renfermaient cent dix perdreaux rouges, que Sa Majesté fit aussitôt porter au château de la Muette, pour les lâcher dans le parc du bois de Boulogne.

La veille de saint Louis, les garçons ouvriers de tous les métiers du faubourg Saint-Antoine, proprement vétus, au nombre d'environ quatre cents, avec timbales, tambours, fifres, trompettes et hautbois, allèrent au Louvre présenter au Roi un oranger très-bien rempli de fleurs et orné de quantité de rubans bleus et blancs, avec de pareilles cocardes à leurs chapeaux. Sa Majesté leur ayant fait jeter plusieurs poignées de pièces de cinquante sols, fut étonnée de ce qu'aucun de ces jeunes gens ne s'était baissé pour en ramasser. M. le maréchal de Villeroy leur en ayant fait demander la raison, ils répondirent qu'ils suppliaient seulement Sa Majesté de leur accorder la continuation de leurs priviléges et de la franchise du faubourg Saint-Antoine, que M. le duc d'Orléans voulait faire supprimer, ce que Sa Majesté eut la bonté de leur accorder.

Le 4 de ce mois, le régiment d'Orléans et un autre régiment d'infanterie, avec un autre régiment de dragons, eurent ordre de marcher dans le Gévaudan, pour en occuper les passages, afin d'empêcher la communication

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de la peste, que l'on assurait faire du ravage dans le Gévaudan, à Saint-Flour, à Riom en Auvergne, et au voisinage de Clermont.

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M. l'abbé de Saint-Albin reçut alors de Rome la dispense d'âge pour être admis aux ordres sacrés et à celui de la prêtrise.

On mit à la Bastille un chanoine de Presbourg en Hongrie, pour l'obliger de rendre compte des sommes qu'il avait touchées pour le prince Ragotzki, depuis que ce prince est hors de France et à Constantinople, lequel avait chargé ce chanoine de gérer ses affaires à Paris, n'ayant, depuis tout ce temps, rien envoyé à ce prince, qui avait cent cinquante mille livres de rente sur l'hôtel de ville de Paris.

Le 31 août, les bateliers tirèrent l'oie au-dessous du pont Royal; plusieurs jeunes gens d'entre eux se jetèrent ensuite dans l'eau en nageant, pour exciter des chats et des canards qui faisaient plonger les chats malgré eux. Ce qui donna beaucoup de plaisir au Roi, qui regardait ce spectacle étant au pavillon qui est en cet endroit. Ensuite, une fille, une femme et trois hommes dansèrent et voltigèrent sur une corde tendue au-dessus de la rivière; leur Gilles vétu grotesquement y dansa aussi à son tour avec des sabots à ses pieds.

-Le fils du sieur Bizoton, commissaire au Châtelet de Paris, obtint alors la charge de procureur général et de garde du sceau du conseil souverain établi à SaintDomingue à la Nouvelle-France, et épousa une nièce du sieur de La Forcade, premier commis du bureau de la marine.

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Au commencement de ce mois, on distribua commis employés au visa du Louvre une somme de deux cent soixante-dix mille livres pour leurs salaires du mois de juillet, et l'on en congédia un grand nombre, de sorte qu'il n'y en restait plus que soixante.

Comme on parlait depuis quelque temps du mariage du Roi, voici la lettre que le roi d'Espagne lui écrivit à ce sujet : « C'est un grand plaisir et en même temps un grand bonheur pour moi, que la première lettre que j'écris de ma main à Votre Majesté soit sur un sujet si conforme aux liens du sang qui nous unissent, et à la tendre inclination de mon cœur pour elle. Les sentiments conformes à ma naissance que j'y ai conservés, et les paroles pleines de sagesse et de bonté que le feu Roi mon grand-père me dit dans le temps de notre séparation et qui y sont profondément gravées, aussi bien que dans mon esprit, m'ont toujours fait souhaiter avec ardeur de voir affermir et fortifier par de nouveaux liens l'union étroite et l'amitié qui doit toujours subsister dans notre maison. Dieu semblant donc en avoir préparé les moyens en me donnant une fille dont l'âge est proportionné à celui de Votre Majesté, je crois remplir les desseins du feu Roi mon grand-père et même ceux de la Providence, et satisfaire en même temps aux mouvements de ma tendre amitié pour elle, en lui proposant, comme je le fais aujourd'hui, d'assurer dès à présent son mariage avec l'infante ma fille, et de la faire passer en France pour y être élevée et formée dans les principes conformes à l'état où elle sera appelée, et qui puisse remplir les vœux sincères que je ferai toujours pour le bonheur de Votre Majesté et pour les avantages d'un royaume où j'ai pris naissance et qui a tant contribué à me maintenir sur le trône où Dieu m'a appelé. J'espère que Votre Majesté recevra avec plaisir une proposition si conforme à notre proximité et à l'amitié parfaite qui doit être entre nous, et qui me comblera de joie par le désir que j'ai de lui marquer toute la sincérité de mes sentiments pour elle.

Signé PHILIPPE.

» Écrit à l'Escurial, le 3 de septembre 1721. »

Cette lettre fut lue le 14 au conseil et approuvée généralement, et il fut aussitôt résolu d'accepter la proposition du roi d'Espagne.

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L'infante n'avait pas encore quatre ans accomplis', et le Roi était né le 15 de février 1710.

Le même jour 14 de septembre, il fut résolu au conseil que les notaires seraient contraints de fournir des déclarations de tous les contrats d'acquisitions qu'ils avaient passés depuis l'établissement de la Banque royale.

Madame la duchesse de Ventadour fut nommée gou

vernante de l'infante d'Espagne.

- Le 19, M. l'abbé de Saint-Albin fut ordonné prêtre par M. l'évêque de Viviers, au séminaire des Bons-Enfants.

M. le maréchal de Tallard fut nommé pour aller à Madrid en qualité d'ambassadeur de France.

Le 18, on brûla à l'hôtel de ville soixante-quatorze mille neuf cent quarante-six actions de la Compagnie des Indes et d'Occident; cinquante mille trois cent trente-six actions qu'on appelait dividendes, et quatre-vingt-treize mille dixièmes d'actions intéressées.

Quelques jours auparavant on enregistra au Parlement les lettres patentes qui ordonnaient la démolition du petit Châtelet, et qui en donnaient l'emplacement à l'Hôtel-Dieu 2.

On avait aussi résolu la démolition des deux pavillons du collége Mazarin, comme étant trop avancés sur le quai et le rendant trop étroit.

Une compagnie de gens d'affaires offrit deux cent cinquante millions au conseil pour équivalent de ce qui

1 Marie-Anne-Victoire, née le 31 mars 1718.

2 Lettres patentes de Louis XV portant don à l'Hôtel-Dieu de Paris de l'emplacement du petit Châtelet et des démolitions qui en proviendront, et décharge de bâtir des prisons. Données à Paris, au mois de septembre 1721, registrées au Parlement le 6 septembre de la même année.

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