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PRÉFACE.

LORSQUE je me livrai à la composition du Traité de la dot que j'ai publié en 1829, j'eus l'intention de consacrer un chapitre de cet ouvrage à l'explication des principes relatifs aux biens paraphernaux ; je recueillis d'abord quelques matériaux, mais je m'aperçus bientôt que cette matière, féconde en questions graves et difficiles, ne pouvait être traitée dans les bornes étroites que je lui avais assignées dès-lors je conçus le dessein d'en faire l'objet d'un traité particulier; je le livre aujourd'hui au public.

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Personne avant moi n'avait écrit sur ce sujet, parce que les écrivains jurisconsultes n'avaient pas cru, sans doute, qu'on pût lui donner quelques développements utiles. M. Toullier ne leur a consacré que quelques pages dans son chapitre sur le régime dotal, et M. Duranton s'est contenté de rappeler les dispositions du Code sur la matière.

VI

Les nombreuses questions que nous avons agitées dans ce livre feront voir au lecteur combien un ouvrage spécial sur les biens paraphernaux était devenu nécessaire. La jurisprudence, bien loin d'éclairer l'étude des principes qui leur sont propres, n'avait fait que la rendre plus difficile. On avait généralement mal interprété les dispositions de la loi relatives à cette matière, en un mot, on ne les avait pas comprises. Nous croyons avoir été plus heureux; l'opinion de la magistrature et du barreau confirmera, nous l'espérons, notre conviction.

Les mauvaises doctrines, en droit, peuvent avoir des résultats trop funestes pour les justiciables, pour qu'un jurisconsulte ne fasse pas tous ses efforts pour les combattre ou les dénoncer aux tribunaux; c'est cette pensée qui m'a fait rapporter dans le cours de ce traité un nombre d'arrêts peut-être un peu trop grand, mais dont il était urgent de signaler les erreurs; je me suis, au reste, livré à leur critique avec cette réserve consciencieuse qui doit régner dans toute discussion ayant pour objet la recherche de la vérité.

Cette partie polémique de mon travail a

VII

fait naître en moi une pensée qu'il est peutêtre utile de manifester ici, bien qu'elle soit étrangère à mon sujet : il existe en France un grand nombre de jurisconsultes dont l'autorité est devenue, en quelque sorte, une nécessité dans l'examen des questions importantes; pourquoi ces jurisconsultes ne se réuniraient-ils pas pour créer un journal critique de la jurisprudence et de la doctrine des auteurs? à quelle entreprise plus utile pourraient-ils consacrer leurs profondes connaissances et la pureté de leur jugement?

Et qu'on ne pense pas que cette critique, essentiellement impartiale et désintéressée, pût attaquer l'indépendance de l'opinion du magistrat en réfutant ses décisions on respecterait la religieuse conviction qui les aurait dictées, car en France le titre de magistrat fut toujours la garantie de la probité la plus sévère.

Ce journal aurait pour résultat de préparer les éléments d'une révision éclairée du Code civil; de fixer les points sur lesquels le législateur devrait arrêter plus particulièrement son attention; de concourir, en un mot, au perfectionnement de cette œuvre

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