Mémoires de Madame Roland, Volume 1

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Baudouin frères, 1821 - France - 540 pages

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Page 263 - Assise au coin de mon feu , mais à onze heures du matin, après une nuit paisible et les soins divers de la matinée, mon ami à son bureau, ma petite à tricoter, et moi causant avec l'un , veillant l'ouvrage de l'autre, savourant le bonheur d'être bien chaudement au sein de ma petite et chère famille, écrivant à un ami , tandis que la neige tombe sur tant de malheureux accablés de...
Page 82 - Le nez me faisait quelque peine, je le trouvais un peu gros par le bout ; cependant, considéré dans l'ensemble, et surtout de profil, il ne gâtait rien au reste. Le front large, nu, peu couvert à cet âge, soutenu par l'orbite...
Page xlii - Nous étions tous attentifs autour d'elle dans une espèce d'admiration et de stupeur. Sa conversation était sérieuse sans être froide; elle s'exprimait. avec une pureté , un nombre et une prosodie , qui faisaient de son langage une espèce de musique dont l'oreille n'était jamais rassasiée. Elle ne parlait jamais des députés qui venaient de périr, qu'avec respect , mais sans pitié efféminée , et leur reprochant même de n'avoir pas pris des mesures assez fortes.
Page xxxvii - Sous le tranquille abri du toit paternel , j'étais heureuse dès l'enfance avec des fleurs et des livres : dans l'étroite enceinte d'une prison , au milieu des fers imposés par la tyrannie la plus révoltante , j'oublie l'injustice des hommes, leurs sottises et mes maux, avec des livres et des fleurs.
Page iv - Roland avant 1789 : ses yeux, su taille et sa chevelure étaient d'une beauté remarquable et sou teint délicat avait une fraîcheur et un coloris qui, joints à son air de réserve et de candeur, la rajeunissaient singulièrement. Je ne lui trouvai point l'élégance aisée d'une parisienne qu'elle s'attribue dans ses Mémoires; je ne veux point dire qu'elle eût de la gaucherie, parce que ce qui est simple et naturel ne saurait jamais manquer de grâce.
Page 365 - L'état actuel de la France ne peut subsister longtemps : c'est un état de crise dont la violence atteint le plus haut degré ; il faut qu'il se termine par un éclat qui doit intéresser Votre Majesté autant qu'il importe à tout l'empire. « Honoré de votre confiance, et placé dans un poste où je vous dois la vérité, j'oserai vous la dire ; c'est une obligation qui m'est imposée par vousmême. Les Français se sont donné une Constitution ; elle...
Page 256 - ... et des prunes; on fait des lessives, on travaille au linge; on déjeune avec du vin blanc, on se couche sur l'herbe pour le cuver; on suit les vendangeurs, on se repose au bois ou dans les prés ; on abat les noix, on a cueilli tous les fruits d'hiver, on les étend dans les greniers. Nous faisons travailler le docteur, Dieu sait! Vous, vous le faites embrasser; par ma foi, vous êtes un drôle de corps.
Page 368 - Jus,te ciel ! auriezvous frappé d'aveuglement les puissances de la terre, et n'auront-elles jamais que des conseils qui les entraînent à leur ruine ! « Je sais que le langage austère de la vérité est rarement accueilli près du trône ; je sais aussi que c'est parce qu'il ne s'y fait presque jamais entendre, que les révolutions deviennent nécessaires...
Page 238 - ... ou des talents. Faire le bonheur d'un seul , et le lien de beaucoup par tous les charmes de l'amitié, de la décence , je n'imagine pas un sort plus beau que celui-là. Plus de regrets , plus de guerre , vivons en paix. Souvenez-vous seulement que pour garder votre fierté avec les femmes, il faut éviter de l'afficher à leurs yeux. La petite guerre que je vous ai faite pour nous amuser dans la liberté de la confiance, vous seroit faite d'une autre manière par l'adroite coquetterie, et vous...
Page xliii - Conciergerie où sa douceur l'avait déjà rendue chère à tout ce qu'il y avait de prisonniers, qui la pleurèrent sincèrement. — Le jour où elle fut condamnée, elle s'était habillée en blanc, et avec soin : ses longs cheveux noirs tombaient épars jusqu'à sa ceinture : elle eût attendri les cœurs les plus féroces ; mais ces monstres en avaient-ils un?... D'ailleurs, elle n'y prétendait pas : elle avait choisi cet habit comme symbole de la pureté de son âme. Après...

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