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goise pendant le 18. siècle, rappelle aussi les reproches qu'on est en droit de faire à Voltaire, cette colère qui lui fit perdre la modération, la pudeur et le goût, ce contraste séduisant et dangereux de choses graves traitées avec un ton de frivolité, cette variation continuelle d'opinions et de systémes, ces assertions toujours absolues et qui se contredisent sans cesse, ce défaut de réflexion et d'examen, rette mobilité et cette inquiétude que l'age ne put calmer, et cet esprit de secte et cette haine de la religion qui lui inspirèrent les pamphlets obscurs, les facéties, les brochures clandestines, écrits indignes en général d'un honnéte homme. On s'afflige qu'il se soit plongé dans un cynisme qui forme un contraste révoltant avec des cheveux blancs, symbole de sagesse et de pureté. Quel spectacle plus triste qu'un vieillard insultant la Divinité au moment où elle va le rappeler, et repoussant le respect de la jeunesse en partageant ses égaremens!

Voilà donc ce que des juges impartiaux pensent et disent de Voltaire. Peut-on assez déplorer après cela l'obstination de ceux qui veulent trouver tout admirable dans ce champion de l'incrédulité, et qui donnent une nouvelle publicité à ses blasphêmes, à ses calomnies, à ses satires? Trouveroient-ils par hasard que ce n'est pas assez d'une révolution, et leur devonsnous des remercîmens pour le soin qu'ils apportent à rassembler les matériaux d'un nouvel incendie, à répandre le poison des mauvaises doctrines, à pervertir, les mœurs des générations naissantes, à exalter les esprits par le délire des opinions les plus discordantes, et à jeter dans leur patrie les germes de calamités pires que celles dont nous sortons à peine 2

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. MS. le grand-aumônier vient de publier un Mandement pour le carême, adressé au clergé et aux fideles soumis

à sa juridiction. Ce Mandement, nourri des passages de l'Ecriture, respire le zèle et la piété. Il commence ainsi: «Nous, Alexandre-Angélique de Talleyrand-Périgord, archevêque, premier pair, duc de Reims, grand-aumônier »........ Nous en citerons le passage suivant :

« De l'abîme de nos malheurs, nous reconnoissons enfin la main qui nous a frappés: un cri retentit de toutes parts; nous ne disons plus, c'est le hasard qui a produit ces fléaux qui nous ravagent et ces calamités qui nous désolent; mais c'est le Seigneur qui se venge de nos longues transgressions et du mépris de sa loi partout où retentit la voix des ministres de la religion, partout où pénétrent ces infatiga bles missionnaires, qui en ce moment parcourent nos villes et nos campagnes, les célestes bénédictions suivent leurs pas leurs exhortations remuent les ames et font couler les larmes du repentir: les peu, ples abjurent ces systêmes impies qui les avoient séduits, et rentrent en foule dans le sein de l'Eglise consolée.

» Pour vous, N. T C. F., qui êtes la portion la plus noble de l'Etat; vous qui devez aux peuples l'exemple, au lieu de le recevoir d'eux; vous à qui il appartient de vous montrer à leur tête dans les devoirs de la vie civile et chrétienne, comme au jour des combats, vous de vous laisserez pas devancer dans cette carrière de la sagesse et de la vertu. Ah! nous vous le demandons, au nom de la patrie, qui ne peut être sauvée que par les mœurs et la religion, et qui n'a pas moins besoin de votre foi que de votre valeur; au nom de votre souverain, qui regarde comme son plus beau titre, celui d'enfant de saint Louis, et comme sa première obligation celle de retracer ses vertus; au nom de cette famille, la plus illustre de la terre, comme la plus infortunée, et qui, dans ses malheurs, a ressenti plus fortement encore le prix et le bonheur de cette religion divine, à qui seule il appartient de tempérer l'amertume des grandes tribulations; que cetié salutaire époque soit pour vous celle de la réconciliation et du salut; que la foi et la piété renaissent dans les cœurs; qu'une sainte ligue se forme de toutes parts en faveur de la cause de Dieu; que les magistrats, les guerriers, les princes du peuple, offrent le touchant modèle de la soumission aux lois divines, comme ils se distinguent par leur dévouement au Prince; que Dieu soit servi à l'égal du Rot; ses solennités saintes respectées; les pratiques de pénitence imposées par son Eglise, religieusement observées; et qu'enfin, les habitans de nos provinces, en apprenant l'hommage que vous rendez à la religion, rougissent des leçons de l'impiété, qui leur ont été si funestes ».

Le séminaire des Missions étrangères recommence à remplir, autant que les circonstances le permettent, l'objet de son institution. Il a reçu plusieurs jeunes ecclésiastiques qui se destinent à prêcher la foi parmi les nations idolâtres de l'Orient. Il en étoit déjà parti il y a plusieurs mois. Deux autres sont en ce moment dans les ports ou en mer pour se rendre.

dans l'Inde, d'où ils doivent passer à Macao. C'est-là qu'ils recevront leur destination ultérieure. D'autres jeunes ecclésiastiques suivent leurs études au séminaire, et se préparent au même apostolat. Puisse le ciel susciter des imitateurs de leur courage, qui se consacrent à une œuvre si précieuse pour la religion, si honorable pour la France, et qui menace de périr. La révolution a empêché, pendant plusieurs années, d'envoyer des ouvriers dans ces missions lointaines. Le séminaire même a perdu successivement la plupart de ses directeurs, qui sont aujourd'hui réduits à un très-petit nombre, et qui peuvent à peine suffire au soin de former les jeunes missionnaires. Ils viennent de s'adjoindre récemment un ecclésiastique d'un mérite distingué, qui s'associe à leurs travaux.

-La quête faite, le 12 février, à Saint-Etienne-du-Mont, pour le bureau de charité du 12o. arrondissement, a produit 8000 fr. S. M. a voulu y contribuer pour 12,000 fr. La garde nationale a donnée une somme considérable.

MONTAUBAN. La mission qui se donnoit ici a été terminée aussi heureusement qu'elle avoit été commencée. La procession solennelle et la plantation de la croix eurent lieu le vendredi 24 janvier. M. de Chièze dit la messe dans l'église Notre-Dame, et prononça un discours sur la Passion, qui fut suivi d'une distribution de pain faite aux pauvres. A midi, toutes les autorités de la ville, le peuple et les troupes étant rassemblés, les missionnaires bénirent la croix, et après une exhortation pathétique, ils firent et demandèrent le serment d'être fidèles à Dien, à Jésus-Christ, à la religion et au Roi, Des milliers de voix leur répondirent par le même engage ment. A une heure, la procession commença à sortir. Les pauvres étoient à la tête, rangés sur denx files, puis les demoiselles, les dames et les veuves, parmi lesquelles étoient des personnes des meilleures maisons de la ville, qui don noient l'exemple du recueillement et de l'humilité. Le cortège des hommes étoit rangé dans le même ordre, et précédé aussi d'une bannière que portèrent successivement M. le comte de Gironde, maréchal de camp; M. le marquis de Vassal M. Delbreil-Descorbiac, sous-préfet de Moissac, et MM. Dursau de Villange et Darassus, chevaliers de Saint-Louis. Tout le monde portoit à la main le signe de notre rédemption. La croix, qui devoit être plantée, étoit portée par soixante jeunes

gens qui se relevoient, et qui avoient voulu suivre l'exemple de M. Miquel et de M. de Chieze, et marcher, comme eux, pieds nus. A la suite de la croix venoit le clergé de la ville et des environs; M. Capoul, le plus âgé des missionnaires; M. l'abbé de Trélissac, vicaire-général; MM. Laporte et Capmas, curés de Notre-Dame et le Saint-Jacques; et après le clergé, MM. le préfet, le général commandant le département, le président du tribunal et le maire de la ville. On shantoit des psaumes et des cantiques, et tout se passa aveo beaucoup d'ordre. Lorsque l'on fut arrivé à la place d'armes, où la croix devoit être plantée, M. Miquel prononça, au pied de la croix, un discours plein de force et d'onction, et exhorta vivement les assistans à rester fidèles à Dieu, et à vivre ensemble en frères. Il termina par des vœux pour la conversion de nos frères errans. Le Te Deum termina cette céré monie. Le dimanche 26, les missionnaires prêchèrent encore tour à tour, et à la suite d'un sermon sur la charité, par M. de Chièze, on fit une quête pour les pauvres, qui a produit des secours abondans. Le 27, fut célébré un service pour les morts. Ainsi s'est terminée cette mission, qui a duré environ quarante jours. Elle a fortifié dans les uns et fait naître dans les autres les sentimens de la religion et l'amour de la vertu. Elle a frappé les protestans eux-mêmes, et nous ne se~ rions pas étonnés qu'elle eût fait sur quelques-uns une impression assez forte pour les décider à rentrer dans le sein de l'Eglise à laquelle avoient appartenu leurs pères.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le Roi a reçu dimanche, après la messe, les ministres, les maréchaux de France, beaucoup d'officiers supérieurs et de fonctionnaires publics. Il y a eu aussi audience chez MADAME et chez les Princes.

-La grande députation de la chambre des députés a été présentée au Roi le 14 février au soir. M. de Serre, président de la chambre a eu l'honneur de haranguer S. M., qui a répondu: «Je suis vivement touché des sentimens que vous m'exprimez au nom de la chambre des députés. J'ai souvent reçu des témoignages d'amour de non peuple... Enfin je puis l'en'

payer en soulageant ses maux, et c'est l'époque la plus heureuse de ma vie ».

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Mgr. le duc d'Orléans est arrivé à Paris dans la nuit du 14. Le lendemain ce Prince a été admis à saluer le Roi, et a resté trois-quarts d'heure avec S. M. Il a fait ensuite visite à MADAME et aux Princes.

M. le prince de Condé, qui avoit été malade, est mieux depuis quelque temps.

La ville de Pau, patrie de Henri IV, à laquelle S. M. a accordé le titre de bonne ville, a reçu du ministre de l'intérieur un tableau représentant une scène de la vie de Henri IV.

Le nommé Valette, ancien ouvrier de la marine, a été condamné à six mois de prison et 50 fr. d'amende pour avoir, le 1. janvier dernier, tenu des propos séditieux, et insulté un soldat de la garde royale.

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Le 6 février, M. le président a rendu compte de la députation faite au Roi, et de la réponse de S. M. L'ordre du jour appeloit la discussion des deux proje s de loi présentés dans la dernière séance. Le ministre de la police et les deux commissaires du Roi ont été introduits. Lecture faite du projet sur les journaux, la chambre, au lieu de le discuter, en a ordonné le renvoi à une commission spéciale composée de MM. les comtes de Malleville, de Lally-Tolendal, de Marbois, Laplace et Lenoir-Laroche.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 14 février, après un rapport sur quelques pétitions, on a procédé à la désignation, par le sort, des vingt membres qui doivent former la députation chargée de présenter une adresse au Roi. M. le ministre des finances a pris la parole sur le budget; il a réduit la discussion à quatre chefs, les économies, le paiement de l'arriéré, l'emprunt et la dotation de la caisse d'amortissement. Quant au premier point, le ministère des finances a fait tout ce qu'il étoit possible d'opérer dans les circonstances. En deux années, il a réduit ses dépenses de 13 milHons. Relativement à l'arriéré, la loi aujourd'hui en discussion ne dé

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