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Porphire, Julien, Hiéroclès supposent tous l'existence de Jésus-Christ. Ce fait ne peut donc plus être contesté par quiconque connoît les règles de la critique; et le pyrrhonisme le plus obstiné, ou plutôt la mauvaise foi la plus décidée, peuvent seuls tenter d'obscurcir l'éclat et la vérité d'une histoire corroborée par tant de témoignages. 2°. Que peut-on demander pour prouver l'authenticité des Evangiles? qu'on y raconte des faits importans, palpables, opérés sous les yeux d'un grand nombre de témoins; que les historiens qui ont dressé ce récit n'aient pu être trompés, n'aient point voulu tromper, et n'aient pu y réussir quand ils l'auroient voulu? Or, les Evangiles offrent tous ces avantages. Ils contiennent sans doute des faits assez importans, puisqu'il s'agit d'une doctrine répandue par toute la terre. Les chrétiens ont toujours regardé les Evangiles comme le code de leur foi; et comme ils ont pris ces livres pour la règle de la conduite, ils ont dù en faire un examen sérieux. Dès le second siècle, saint Justin, qui de philosophe étoit devenu chrétien, soutient l'authenticité des Evangiles. Saint Irénée, disciple de saint Polycarpe, qui l'avoit été de saint Jean; Tertullien, Origène, Clément d'Alexandrie s'appuient constamment, sur les Evangiles. Mais, dit-on, ce sont les chrétiens eux-mêmes qui ont écrit leur histoire. Eh bien! nierons-nous l'histoire grecque parce qu'elle a été écrite par des Grecs, et n'ajouterons-nous plus aucune foi à l'histoire romaine parce qu'elle nous a été transmise par des auteurs romains? Ni Porphire, ni Julien ne se sont avisés de nier que les quatre Evangiles fussent l'ouvrage des auteurs dont ils portent les noms; en sorte que nous pouvons nous glorifier que les plus beaux titres de créance de ces livres nous viennent de leurs ennemis mêmes. Ne doit-on pas, d'après cela, déplorer amèrement l'ignorance et la témérité de ceux qui viennent si tard pour contester ce que tout le monde a reconnu avant eux?

Les Evangiles, dit-on, ont été fabriqués par quelque imposteur. Mais à quelle époque a-t-il paru? Est-ce lorsqu'il existoit encore des témoins des faits? est-co après leur mort? L'une et l'autre suppositions présentent également des difficultés que l'orateur a fait sentir. Il y a eu de faux évangiles, il est vrai; mais le soin même qu'on a pris de les distinguer des véritables, prouve en faveur de ces derniers. 3°. Que faut-il penser de leur intégrité? Il est possible sans doute que l'inadvertance des copistes ait introduit, pendant tant de siècles, quelques variantes dans l'Evangile; mais on peut assurer qu'ils n'ont point souffert d'altération pour ce qui regarde la doctrine. Le respect des premiers chrétiens pour ces livres alloit jusqu'au scrupule, et ce qui arriva lors de la traduction donnée par saint Jérôme, prouve avec quel soin religieux on conservoit ces oracles divins. Les érudits se sont donné la peine de compter les variantes; il y en a beaucoup, et il n'y en a point d'importantes. Les écrivains du siècle d'Auguste ont aussi les leurs, et on ne s'en est jamais servi pour nier leur fidélité sur le récit principal. Que sont au fond toutes ces difficultés? Des chicanes qui ne résistent pas à la critique. Qui sont ceux qui les élèvent? Prétendent-ils soutenir la comparaison avec les géuies de tous les siècles qui ont cru et défendu ce qu'ils croyoient? Dégageons-nous de nos passions, et la vérité nous frappera de son éclat, et la religion se montrera à nous toute resplendissante de la beauté de sa doctrine, de la pureté de sa morále, et du spectacle des vertus par lesquelles elle a consolé la terre. Telle est l'analyse rapide de cette conférence, où l'auteur s'est montré, comme à l'ordinaire, digne de son sujet, et où il s'est concilié l'attention d'un auditoire distingué, qui semble s'augmenter de jour en jour.

RENNES. L'heureux changement que la mission avoit opéré en cette ville se soutient, et ce qui se passe encore

aujourd'hui, prouve que ce n'a point été une ferveur d'un moment. Le même esprit de piété paroît régner parmi ceux qui ont suivi les exercices de la mission. Il y a tous les jours beaucoup de moude à la croix qui a été plantée. Le jour du vendredi-saint, toutes les paroisses, à l'exception d'une, y sont allées en procession. M. l'évêque, le chapitre, la paroisse Saint-Pierre, et les nombreuses congrégations d'hommes et de femmes, s'y sont rendus également à cinq heures du soir: un détachement de la garde nationale et la musique accompagnoient la procession. On a remarqué que, pendant tout ce jour-là, il y avoit eu constamment au moins quinze cents personnes au pied de la croix. Les églises où la dévotion du chemin de la croix a été établie, ont été visitées par un grand nombre de fidèles qui faisoient leurs stations. En général, les églises sont beaucoup plus fréquentées, et il y a plus d'ardeur pour les bonnes œeuvres. Des rixes fâcheuses ont eu lieu; si quelque chose peut calmer les esprits, c'est sans doute les prières des bonnes ames qui ne cessent de demander à Dieu qu'il éclaire leurs frères, et l'exemple des vertus et de la charité qu'elles exercent envers les pauvres et les affligés.

ORLÉANS. Il y a ici depuis plusieurs mois en garnison un régiment suisse de la garde royale. Tous les catholiques, qui en forment la majeure partie, se sont approchés publiquement des tribunaux de la pénitence, et ont, pendant la quinzaine, officiers et soldats, rempli le devoir pascal avec l'extérieur le plus recueilli. Un bataillon qui devoit partir pour Paris au commencement de la semaine-sainte, s'étoit préparé avant son départ à cet acte de religion, et l'avoit rempli avec la même édification. Le peuple a été fort touché de cet exemple. Ainsi tout concourt à ramener les esprits à la religion. Les campagnes mêmes qui sont le plus abandonnées par suite de la disette des prêtres, viennent de recevoir des

secours, passagers à la vérité, mais néanmoins fort précieux. Un zélé missionnaire a parcouru plusieurs paroisses de ce diocèse, a ranimé la foi, et a trouvé encore des cœurs dociles et empressés à l'entendre. Il n'est que trop naturel d'oublier la religion quand on n'enteud plus sa voix; mais les esprits même assoupis se réveillent au son de ses exhortations touchantes. C'est une mère qui n'a besoin que de parler à ses enfans pour les faire céder à son autorité, où plutôt à sa tendresse. C'est ce que l'on a éprouvé dans les campagnes où le missionnaire s'est montré. Seul, il a fait impression sur des hommes moins pervertis qu'égarés. Il y a des paroisses où il n'a fait que passer; il y en a d'autres plus beureuses où il a fait quelque séjour. Sougy, à l'extrémité nord-ouest du diocèse, a joui de sa présence pendant trois semaines. Cette paroisse et celle d'Huêtre, qui sont réunies, ont paru recevoir ce bienfait avec reconnoissance. Les habitans des campagnes voisines se rendoient à la mission avec empressement, matin et soir, quoique la plupart fussent assez éloignés. Ni les mauvais chemins, ni la saison contraire, ni le temps qui fut constamment mauvais, ne parent ralentir le zèle que l'on montroit dans ce canton pour entendre la parole de Dieu. Le missionnaire, de son côté, étoit infatigable, et faisoit deux instructious par jour. Au bout de trois semaines, il alla donner une mission à Terminiers, paroisse voisine, mais du diocèse de Versailles, où l'empressement des fidèles ne fut pas moins vif, malgré les mêmes obstacles du temps, des chemins et de l'éloignement. Celte mission fut terminée par la plantation d'une croix, qui eut lien avec beaucoup de solennité; après quoi le missionnaire revint à Sougy pour une pareille cérémonie. Il eût volontiers procuré le même avantage à d'autres paroisses, mais il étoit attendu à Fontainebleau. Ce pieux ecclésiastique est déjà connu dans ce diocèse par son zèle désintéressé et par ses prédications instructives. Il donna, l'année

dernière, plusieurs missious dans la partie de Blois. La simplicité de sa vie, son courage, sa patience lui concilient partout le respect et l'estime, et préparent l'effet de ses discours. Les lieux où il a passé se félicitent même des courts momens qu'il leur a donnés, et les pasteurs qui ont pu procurer ce bienfait à leurs troupeaux, en ressentent les heureux fruits. Il dissipe les préventions par sa prudence et par ses vertus. Il rend la religion respectable par son exemple; it seconde le zèle des curés, il leur concilie les coeurs, il rend leur ministère plus facile et plus fructueux. Qui pourroit être jaloux d'un concours qui tend à la gloire de Dieu et au salut du prochain? Puisse donc la miséricorde divine multitiplier ces ouvriers généreux, et puissent-ils suffire à la fois aux besoins des villes et à ceux des campagnes, où tant d'ames rachetées aussi du sang de Jésus-Christ attendent que l'on vienne remuer pour elles la piscine, et leur rompre le pain de la parole dont elles jeûnent depuis tant d'années !

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. S. M. a présidé plusieurs fois le conseil des ministres. Elle se porte beaucoup mieux, et marche dans ses appartemens.

Mgr. le duc d'Orléans est arrivé à Paris, le mardi 15 au soir, Mme. la duchesse d'Orléans, Mile d'Orléans, sa sœur, et toute sa famille. Le lendemain, le Prince et les Princesses se sont rendus aux Tuileries pour faire leur cour au Roi, aux Princes et aux Princesses Mr. le duc d'Orléans étoit débarqué, le 12, à Calais, avec toute sa suite, remplissant sept Voitures.

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- Les officiers de la compagnie des gardes du corps de Noailles, ayant à leur tête M. le duc de Mouchy, leur capitaine, ont été admis, avant-hier matin, au serment qu'ils ont eu l'honneur de prêter entre les mains dè S. M. On croit

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