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bien persuadés que nous les affligerions en publiant tout ce que l'on doit à leur charité industrieuse. Celui qui voit ce qui se fait en secret, saura leur rendre le prix de leurs services. Il nous suffit de dire que leurs titres comme leurs verlus sont de nature à inspirer une haute confiance. Presque tous sont des magistrats qui, chargés par la justice de punir le crime, doivent à la religion f'idée salutaire de chercher à le prévenir, et qui, après avoir frappé le coupable et exercé contre lui un ministère rigoureux, s'efforcent de le gagner par la douceur, de le corriger par des exhortations paternelles, de l'éclairer sur ses intérêts, et de le rendre à la religion, à la morale, à la société. Ceux qui voudront souscrire en faveur de la maison de Refuge, ou y con tribuer par une somme une fois donnée, pourront s'adresser à M. l'abbé Arnoux, hôtel du petit Luxembourg, rue de Vaugirard.

Bénédiction d'une chapelle dans l'hôpital du Val-deGráce.

L'hôpital militaire établi au Val-de-Grâce étoit privé d'une chapelle, et l'on voyoit avec peine que cet immense édifice, au milieu duquel s'élève une si magnifique église, n'eût pas cependant un lieu consacré aux exercices de la religion. Si les circonstances ne permettoient pas encore de rendre cette église à sa destination, du moins les besoins des militaires, dans un des plus vastes hôpitaux du royaume, demandoient-ils une chapelle intérieure et proportionnée à la grandeur de l'établissement. C'est ce qui vient d'être exécuté. M. le ministre de la guerre a ordonné que l'on convertît en chapelle l'ancien réfectoire de l'abbaye, que sa grandeur rendoit convenable pour cette destination, et il a affecté pour la dépense une somme de mille écus, On

a disposé un autel, on a établi une sacristie, et on a fait tous les arrangemens et embellissemens nécessaires. Les travaux ayant été terminés pour le mercredi – saint, M. l'abbé Jalabert, vicaire-général du diocèse, a, ce jourJá, 2 avril, béni la chapelle avec beaucoup de pompe. Il étoit assisté de M. l'abbé Deloutte, chanoine honoraire d'Amiens, curé et aumônier de l'hôpital. Plusieurs autres ecclésiastiques étoient venus prendre part à la cérémonie, Après la bénédiction de la chapelle, on a chanté le Veni Creator, et M. l'abbé Jalabert a célébré la messe du Saint-Esprit. A la fin de Evangile, il a prononcé un discours très convenable dans la circonstance. Il avoit pris pour texte ces paroles de l'apôtre saint Pierre: Deum timete, regem honorificate, fraternitatem diligite, qui lui ont fourni une division très naturelle sur les devoirs que les militaires ont à remplir envers Dieu, envers le Roi, envers leurs frères. L'orateur a traité ce sujet avec une attachante simplicité, qui a été goûlée de tout l'auditoire, et il a saisi l'occasion de faire l'éloge de Louis XVI et du Ror actuel, dat les bustes ornent actuellement la maison. A la communion, on a vu avec édification plusieurs militaires malades s'approcher de la sainte table avec récueillement. L'officiant, avant de leur donner la communion, leur a adressé une courte exhortation, qui a fait impression sur plusieurs de leurs camarades. M. le ministre de la guerre s'étoit d'abord proposé d'assister à cette cérémonie; mais ayant été retenu par une indisposition, il s'est fait représenter par M. le baron de Joinville, commissaire - ordonnateur en chef de la première division militaire. M. le général Despinois avoit envoyé plusieurs officiers de son état-major, une compagnie de grenadiers et le corps de musique de la iégion de l'Eure. MM. les administrateurs de la maison, les officiers de santé et les élèves de l'école d'instruction appartenant au service des hôpitaux, se trouvoient réunis, ainsi que tous les militaires actuellement dans l'hô

pital, et qui avoient été en état de quitter leur lits Des fidèles du dehors s'étoient également rendus à la chapelle. Après la cérémonie, M. le grand - vicaire, M. l'aumônier et les ecclésiastiques présens ont été invités à un dîner, qui a été servi tout en maigre. MM. les officiers et administrateurs out remercié M. Tabbé Jalabert de sa complaisance à venir présider cette cérémonie, et lui ont témoigné le désir qu'il voulût bien livrer son discours à l'impression. Les soldats ont manifesté le même vou. Ils ont été particulièrement frappés des vérités que l'orateur leitr a fait entendre, et depuis ce moment un plus grand nombre s'approche tous les jours du tribunal de la pénitence, et se dispose à remplir le devoir pascal. Le respect humain perd chaque jour de son influence; et le bon exemple de quelques braves militaires, la cérémonie du mercredi-saint, les, exhortations réitérées de l'aumônier de la maison, achèvent de décider plusieurs qui hésitoient encore, Ils profitent des grâces qui leur ont été offertes dans ces jours de salut, et des bontés du Roi qui leur accorde un lieu de prières. Ils savent que S. A. R. MADAME a bien voulu s'occuper d'eux, et qu'elle a procuré à M. l'aumônier les moyens de leur distribuer des livres el d'autres objets de piété. Cet aumônier, qui précédemment habitoit hors de la maison, est maintenant logé dans l'enceinte, afin de se trouver plus à portée de ceux qui auroient besoin de son ministère. Il visite assiduement les salles, et montre un zèle actif pour le salut des ames confiées à ses soins. Il semble, a dit M. l'abbé Jalabert dans son discours, que la Providence ait pourvu à leur bien spirituel en sauvant cet estimable ecclésiastique du massacre des Carmes, dont il fut délivré par un militaire. Dieu, qui lui a donné d'abondantes consolations dans les fonctions qu'il exerce, lui en réserve peut-être de nouvelles. Plusieurs militaires ont approché de la sainte table le jour de Pâques. On les voit avec plaisir ne pas attendre la dernière extrémité pour se

réconcilier avec Dieu, ou bien profiter de leur convalescence pour faire avec plus de fruit ce qu'ils n'avoient peut-être pas fait avec assez de connoissance et de maturité pendant la violence de la maladie. Après s'être déclarés ainsi franchement chrétiens, ils soutiendront cette première démarche, et ne retourneront point en arrière; un bon soldat une fois engagé dans le service de Dieu, n'y doit pas plus reculer que dans celui du Ror. L'hôpital du Val-de-Grâce présente à cet égard des exemples consolans. Un jeune militaire, qui y est retenu depuis quelques années par une blessure grave, pourroit être cité comme un modèle de vertu et de piété. Il ne se contente pas de pratiquer la religion avec ferveur, d'assister, quand il le peut, à la messe, d'approcher des sacremens, et de donner l'exemple de la patience dans ses maux; il est encore le consolateur de ses camarades, il leur parle de Dieu à propos, il les gagne par sa douceur et par ses complaisances, il est pour plusieurs l'instrument de la grâce. Dieu bénit les soins de sa charité, et ses manières engageantes prêtent un nouvel attrait à ses insinuations. Ainsi, la Providence se ménage partout des apôtres qui répandent autour d'eux la bonne odeur de Jésus-Christ, et qui op posent leurs vertus à la contagion des scandales, et leur pieuse adresse aux efforts du démon pour perdre les ames. De tels traits ne sont-ils pas plus touchans encore dans un état exposé à tant de dangers? Nous savons que l'hôpital du Val-de-Grâce offriroit d'autres faits non moins précieux. Nous avons ouï parler d'un vieux soldat qui, s'étant donné à Dieu, il le fit avec une ardeur admirable, et ne craignoit pas de montrer hautement et son repentir de ses fautes, et son amour pour le maître qui avoit daigné le rappeler à lui; il vécut assez long-temps pour manifester la constance de ses sentimens. Un autre, qui avoit pris malheureusement part aux excès de la révolution, voulut les expier en faisant précéder sa confestion de l'aveu de cette partie de sa vie, qui n'étoit pas

- la moins pénible à révéler; et c'étoit un spectacle étonnant, et un triomphe pour la religion, que de voir un homme qui s'étoit signalé par sa haine furieuse contre les prêtres, s'humilier alors aux pieds d'un de ces ministres qu'il avoit autrefois maudits et frappés, et solliciter avec larmes son pardon, comme ces bourreaux des premiers chrétiens qui tomboient aux pieds de leurs victimes, et qui imploroient leurs prières après leur avoir fait subir des tourmens. Ces prodiges de la grâce sont encore moins rares qu'on ne pense, et Dieu s'est réservé dans tous les états des serviteurs long-temps infidèles et ingrats, dont le retour vers lui atteste et sa puissance et sa bonté. Un militaire plein d'honneur et de loyauté est quelquefois moins loin du royaume de Dieu qu'il ne l'imagine lui-même, et les secours spirituels que la piété du Roi a ménagés à ses troupes dans la nouvelle organisation de l'armée, rappelleront peutêtre un grand nombre de soldats à ces sentimens de religion, qui fortifient la discipline, soutiennent le cou→ rage, et ennoblissent encore un état si périlleux.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le quatrième dimanche de Carême, ont commencé, suivant l'usage dans les églises de cette capitale, les catéchismes établis par Benoît XIV, pour préparer à la Pâque.

Le 21 mars, jour anniversaire du couronnement de S. S., elle reçut, au Vatican, les félicitations des souverains qui se trouvent à Rome, et qui lui envoyèrent leurs gentilshommes de cour. Les ambassadeurs, les prélats et divers corps présentèrent en personne leurs hommages au saint Père, qui assista à une messe solennelle dans la chapelle du Vatican. Le soir, un grand nombre de palais furent illuminés,

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