Page images
PDF
EPUB

décadence, la civilisation et la barbarie appliquées à l'animalité sont des mots vides de sens.

L'homme enfant est le plus stupide des animaux; là où le jeune singe trouve sa pâture, ses moyens de défense, son habitation, l'enfant mourrait de faim. Pourquoi? si ce n'est que le singe est dans la science de sa vie et que l'homme enfant est dans l'ignorance absolue de la sienne.

La Providence a refusé l'instinct à l'homme; l'homme n'est donc pas un animal.

III

PSYCHOLOGIE DU DROIT.

La philosophie du droit, s'élevant au-dessus des formes juridiques des lois ou des coutumes, recherche le principe générateur du juste et de l'injuste; cette notion fondamentale ne saurait se comprendre en dehors d'un être moral spirituel, l'âme. Sous ce point de vue, le droit se développant dans l'histoire de l'humanité est la plus haute démonstration et la moins connue de la dualité humaine, l'âme et le corps.

Jetons un rapide coup d'œil sur cette partie de la science du droit.

Le mariage n'est pas seulement l'union des corps; il est surtout l'union des âmes; l'amour conjugal et l'amour bestial sont en opposition comme l'âme et le corps. La monogamie et la perpétuité du mariage, pendant la vie des époux, découlent du principe spirituel de l'âme ; la polygamie, la répudiation, la promiscuité, dérivent du principe charnel du corps. Quels que fussent les commencements de l'humanité sur cette terre, on ne comprendrait pas, dans l'hypothèse où l'homme serait d'une nature simple purement matérielle, on ne comprendrait pas comment la monogamie et la perpétuité du mariage auraient pu s'établir dans les sociétés humaines, alors que les passions déchaînées et sans entraves entraînaient l'homme à s'affranchir de tous les liens.

Sans doute les philosophes matérialistes opposent les avantages qui naissent de l'union légitime des sexes pour la famille et pour la société; mais, pour que ces avantages fussent reconnus et acceptés, il fallait d'abord que le mariage existât sur des bases inébranlables; or, ces bases, où les trouver, si ce n'est dans le principe immatériel de l'âme. Si l'unité et la perpétuité du mariage n'appartenaient pas à la nature humaine, ces principes n'eussent pas plus existé parmi les hommes qu'ils n'existent chez les quadrumanes chimpanzés et orang-outangs, nos pré. tendus ancêtres.

Le mariage est donc la démonstration philosophique de la dualité humaine, de l'existence d'une

âme personnelle distincte du corps matériel; d'autres déductions affirment cette thèse.

La propriété existe hors de l'homme parce qu'elle existe dans l'homme. L'âme propriétaire du corps, étend son moi, sa possession, sur tout ce qui est nécessaire à son existence matérielle dans l'espace et le temps. Ainsi, le droit de l'âme sur le corps matériel est le fondement du droit de l'âme sur tout ce qui est matière. Si l'homme était seul sur la terre, la terre lui appartiendrait; son droit n'est limité que par le droit des autres hommes. Le verbe humain démontre que la propriété puise son principe dans l'âme; moi, toi, le mien, le tien; ce qui est à moi est moi, ce qui est à toi est toi. L'âme semble rayonner hors du corps et s'incarner dans le droit de propriété.

L'école matérialiste ne verra dans le principe du droit de propriété qu'un fait purement matériel qui ne différencie nullement l'homme de la brute; l'oiseau n'a-t-il pas son nid, l'abeille sa ruche. Oui, l'oiseau a son nid comme il a son corps, mais seulement comme extension matérielle de son corps. Le droit de propriété existe par un principe supérieur, la liberté, apanage de l'âme humaine seule. Le castor subit dans ses constructions la loi de la nécessité; il n'en est point l'architecte, mais le maçon, puisqu'il ne saurait varier son plan. Les chiens, qui se battent pour la possession de leur proie, ont certainement l'idée du mien et du tien, mais ils n'ont aucune notion du droit de propriété.

La brute a la propriété de fait; l'homme a la propriété de droit; il n'existe qu'une seule propriété pour l'animal parce que sa nature est simple; c'est la propriété de fait; il existe deux propriétés pour l'homme parce que sa nature est double; la propriété de fait ou détention et la propriété de droit.

La nature, disons mieux, la Providence, a départi aux animaux la seule propriété de fait indispensable à la nourriture, à l'habitation et à l'élève des jeunes; mais l'homme, dès son apparition sur la terre, a dû faire acte de propriété libre et indépendante en se couvrant de vêtements; chasseur, il a dû fabriquer son arc et ses flèches; pêcheur, ses filets et sa barque; ainsi, l'homme ne peut se nourrir et se vêtir qu'en faisant un acte libre et raisonné de propriété; les animaux en ont été dispensés; tous sont vêtus, sont pourvus d'organes nécessaires à la capture de leur proie; l'homme seul, le roi des animaux, en fut privé; dans quel but, si ce n'est de le contraindre à la pratique du droit qui devait fonder les sociétés humaines.

Des déductions qui précèdent, nous devons conclure que la propriété de fait, la simple détention, est un acte purement matériel, indispensable à la conservation de tous les êtres vivants; mais que la propriété fondée sur le droit, n'appartient qu'à l'homme seul, comme étant la conséquence de sa nature morale et spirituelle. Le droit de propriété est ainsi la démonstration de l'existence de

l'âme. Si l'âme n'existe pas, le droit est une chimère, le fait seul demeure.

L'existence de l'âme est le fondement du mariage et de la propriété ; l'immortalité de l'âme est la base du droit de succession; l'homme ne veut pas mourir ; il ne croit pas à la mort. Si, en lui, la propriété de fait périt avec son corps, la propriété de droit est immortelle; la famille est la résultante des deux natures de l'homme, le corps et l'âme; les enfants ont reçu de leurs ancêtres la génération matérielle et spirituelle; après la mort du père, la famille charnelle est brisée, mais le lien spirituel reste vivant; la propriété de fait s'anéantit, la propriété de droit subsiste, immortelle comme l'âme.

La famille, la société, l'humanité, reposent sur ces trois fondements du droit : le mariage, la propriété et les successions. Le principe moral de cette triple base indique son origine spirituelle et démontre ce que la philosophie et l'histoire affirment l'existence de l'âme.

A l'origine des sociétés humaines, le contrat de mariage, l'acquisition de la propriété et la transmission des héritages furent des actes religieux.

D'après la Genèse, l'Éternel Jéhovah imposa à l'homme l'unité et la perpétuité du mariage. La monogamie fut sanctifiée par la croyance religieuse les époux ne seront pas deux, mais ils seront, dit la Genèse (II, vers. 24), une même chair. Cette parole retentit dans l'Étrurie. Le mariage des âmes, le mariage consacré par les rites sacrés;

« PreviousContinue »