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DE

CHIMIE MÉDICALE,

DE PHARMACIE, DE TOXICOLOGIE,

ET

REVUE

DES

NOUVELLES SCIENTIFIQUES
NATIONALES ET ÉTRANGÈRES,

PAR LES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ DE CHIMIE MÉDICALE,

MM. BÉRAL, CHEVALLIER, DUMAS, FÉE, GUIBOURT,
JULIA DE FONTENELLE, LASSAIGNE, ORFILA, PAYEN, E. PELIGOT,
G. PELLETAN, PELOUZE, A. RICHARD ET ROBINET.

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PARIS.
BECHET JEUNE ET LABÉ,

LIBRAIRES DE LA FACULTÉ de médecine de pARIS,

PLACE DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE, N° 4.

1840

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IMPR. ET FOND. DE FÉLIX LOCQUIN ET COMP.,

16, rue Notre-DAME-DES-VICTOIRES.

DE CHIMIE MÉDICALE,

DE PHARMACIE ET DE TOXICOLOGIE.

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EXAMEN CHIMIQUE

DES TURIONS DU HOUBLON (HUMULUS LUPULUS, L.; DIOECIE PENTANDRIE, FAMILLE DES URTICÉES J.)

(Mémoire lu dans la séance du 3 juin 1839, de la société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles.)

Par F. G. LEROY, pharmacien, Membre résidant.

Le houblon est une plante indigène qui forme depuis les temps les plus reculés une branche des plus importantes de l'agriculture et du commerce dans les Flandres; c'est même de ces dernières contrées, paraît-il, qu'il fut importé en Angleterre, vers 1524, sous le règne de Henri VIII. Il fut d'abord cultivé avec succès dans les comtés de Kent, d'Essex et de Surrey; il se répandit ensuite dans le sud et dans l'ouest de ce royaume. Depuis le siècle dernier, cette cultore y a obtenu un tel succès que non seulement elle suffit pour approvisionner l'Angleterre, l'Écosse et l'Irlande, mais que beaucoup de houblon est encore exporté à l'étranger.

Cette plante occupe un rang distingué parmi celles qui sont les plus utiles à l'homme ; les rigueurs de l'hiver cessentelles de se faire sentir, les végétaux sont-ils à peine sortis

de leur état d'engourdissement, que déjà elle nous fournit dans ses jeunes pousses un aliment très recherché comme primeur; cuites et mangées comme les asperges, ces pousses sont agréables au goût, mais laissent une légère âcreté à la gorge, âcreté due à un principe que je ferai bientôt connaître.

La plupart des personnes qui font usage des jeunes pousses comme aliment ne sont nullement incommodées de cette légère âcreté; cependant j'en connais une qui, chaque fois qu'elle fait usage de ce légume, est atteinte d'une irritation violente de cet organe.

Indépendamment de ses jeunes pousses que le houblon nous fournit, on retire de ses tiges, macérées dans l'eau, une filasse grossière, analogue à celle du chanvre et avec laquelle on fabrique d'assez bonnes cordes. Il est à regretter que nos cultivateurs ne cherchent pas à utiliser cette partie de la plante qu'ils rejettent comme inutile, et qui cependant pourrait fournir au commerce un produit de plus. Tous les bestiaux recherchent cette plante; ses feuilles et ses sarments choisis jeunes, forment pour eux une bonne nourriture.

Enfin tout le monde sait l'emploi que l'on fait dans le nord de l'Europe de ses fruits ou cônes pour assaisonner la bière et empêcher qu'elle n'aigrisse; appliqué à cet usage le houblon doit être mis au rang des plantes de grandes cultures les plus intéressantes. M. Richard rapporte qu'en Angleterre on se sert quelquefois de petits coussins remplis de ces fruits, que l'on place sous la tête des malades fatigués par une longue insomnie. Il est rare, dit-il, que ce moyen n'amène pas un état de calme et un sommeil réparateur. La propriété narcotique des cônes du houblon fait qu'ils sont encore employés intérieurement en médecine, soit en décoction soit en infusion, mais cette propriété ne se fait sentir que quand on

en fait usage en grande quantité; ainsi beaucoup de personnes éprouvent, après avoir bu plusieurs verres de bière une envie de dormir insurmontable. Mais dans la décoction ou l'infusion que l'on prépare avec un ou deux gros de cônes, cette action stupéfiante est presque inappréciable.

La partie de la plante qui fut l'objet principal des recherches des chimistes, est cette poussière jaunâtre, dorée, résiniforme, aromatique et amère, qui se rencontre sur les bractées foliacées, velues, qui constituent des espèces de cônes à l'époque de la maturité du fruit. Cette poussière fut d'abord étudiée par M. le docteur Saint-Yves de New-York, qui la nomma lupuline. Les recherches de MM. Chevallier et Payen ont démontré (Journal de pharmacie, VIII, 209) que celte substance est un composé de résine, d'huile volatile,

d'un principe amer, de gomme, de matière extractive, de matière grasse, etc.

MM. Lebaillif et Raspail, qui ont les premiers examiné cette substance au microscope, l'ont trouvée composée de globules remplis d'une matière jaune, et sous ce rapport ils ont signalé son analogie avec le pollen des étamines. D'après plusieurs essais, la lupuline paraît être surtout le principe actif du fruit du houblon.

Jusqu'ici, que je sache, il n'a point été fait de recherches chimiques à l'effet de s'assurer des principes qui se trouvent dans les jeunes pousses; le désir d'isoler celui qui cause cette âcreté à la gorge, m'en a fait entreprendre l'analyse. Mon intention n'ayant été que d'isoler les principes sans m'attacher à en déterminer la quantité, je me bornerai à les signaler.

Je pris des turions de houblon, que je lavai à l'eau froide pour les débarrasser de la terre qui y adhérait et je les mis à égoutter pendant une demi-heure; après ce temps ils furent traités dans un mortier de marbre et mis à la presse pour en

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