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Quatrième essai. — Papier vert.

Les dix bandes de papier vert pomme glacé, saisies comme les échantillons précédents, à l'ancien domicile des époux D..... (rue de Vanvres, commune de Montrouge), ont été examinées avec soin.

Ce papier, mis dans la flamme d'une chandelle, brûlait en répandant une odeur d'ail peu intense à la vérité, mais cependant facile à reconnaître.

Plongé pendant douze heures environ dans une solution étendue d'ammoniaque pure, il a fourni un liquide bleu céleste, qui fut filtré et évaporé à une douce chaleur dans une capsule de verre.

Le résidu de cette opération était vert pomme foncé, pulvérulent, presque insoluble dans l'eau, ne faisant point effervescence avec les acides, dégageant sur les charbons une odeur alliacée très distincte ; enfin, traité par l'acide nitrique pur à chaud, il se transforma en un sel soluble qui donnait, à l'aide du nitrate d'argent, un précipité briqueté d'arséniate d'argent, d'où il fut facile d'isoler l'arsenic métallique au moyen de la réduction par le charbon.

La couleur verte de ce papier était donc due à l'arsénite de cuivre (vert de Scheèle), employé fréquemment à cet usage.

Résumé.

Les divers échantillons de papiers colorés soumis à notre analyse devait donc leur coloration.

1o Au' chromai jaune de plomb.

2° Âu minium (acatoxide de plomb).
3o A un composé renfermant de l'indigo.
4° A l'arsénite de cuivre (vert de Scheèle).

Inductions.

L'absence de l'arsenic dans les résultats de l'analyse de l'estomac et des intestins du sieur D....., ne permet pas de supposer que la matière colorante verte de l'essai no 4 ait pu causer la mort de cet individu. Quant à la présence du plomb, dont le métal a été reconnu dans les organes de D..... après sa mort et par suite de l'analyse, il serait difficile de penser que les papiers ainsi colorés, surtout ceux par le minium, aient servi à l'empoisonner, vu la difficulté de faire prendre à un individu de semblables substances à son insu; mais il ne serait pas hors de probabilités, que le plomb trouvé dans le cadavre ne provînt, quant au corps du sieur D....., des débris de semblables papiers, qui auraient servi à la combustion, et dont les résidus métalliques se seraient trouvés dans les cendres, dont une partie a été introduite dans ses organes après l'autopsie, ainsi que cela a été dit dans un précédent rapport.

EMPOISONNEMENT PAR L'HUILE ESSentielle D'AMANDES AMÈRES, OBSERVÉ PAR M. CHAVASSE.

M..... droguiste, avait mis une bouteille d'huile essentielle d'amandes amères dans une commode, sans étiquette, à côté d'une autre bouteille non étiquetée et contenant de l'esprit de nitre dulcifié. Il était bien portant, mais souffrait de temps en temps des douleurs néphrétiques. Ayant éprouvé une vive attaque de ces douleurs, il court précipi tamment vers la bouteille d'esprit de nitre, et en boit d'un seul trait la valeur d'une demi-once; mais, par malheur, il avait pris inattentivement la bouteille à l'huile d'amandes au lieu de l'autre. Il s'aperçoit de suite de son erreur, et fait ap

peler son médecin. Une demi-minute après, il pâlit, tombe en syncope, éprouve des convulsions; son visage acquiert la pâleur de la mort, et son pouls devient imperceptible.

M. Chavasse arrive sans délai; il trouve le malade au lit. La syncope s'était dissipée quelques minutes après, et on l'avait couché; il vomit immédiatement beaucoup d'aliments et de bile sentant fortement l'acide prussique. Pâleur mortelle, froid général; pouls d'abord petit, fréquent, intermittent, ensuite lent et régulier. Subdélirium; le malade balbutie avec incohérence; mouvements convulsifs surtout des paupières; ensuite rire sardonique, visage gai, yeux brillants; respiration courte et haletante; attaques de suffocation; retour des convulsions par accès. M. Chavasse cherche de suite une pompe gastrique; mais ne pouvant en trouver, il fait vomir le malade à l'aide de l'eau chaude et du sulfate de zinc, qu'il donna jusqu'à la dose de trois gros. Il a en même temps visé à réchauffer le corps à l'aide de bouteilles d'eau chaude, de sachets et de linges chauds; mais il ne perdit pas de vue l'indication essentielle, après le vomissement, l'administration de moyens stimulants. Aussi a-t-il fait boire un mélange d'eau-de-vie et d'ammoniaque, délayés dans de l'eau. L'amélioration fut instantanée, le pouls, la chaleur et les autres fonctions se relevèrent petit à petit, et le malade passa de la mort à la vie. On fit continuer la potion suivante: ammoniaque, 1 gros; teinture de cardamome, I once; mixture de camphre, 7 onces. Le malade est guéri. (Gazette des hôpitaux.)

Note du rédacteur. Il serait à désirer que l'autorité portât quelque attention sur les magasins des parfumeurs en gros et des droguistes, qui débitent à tous les faiseurs de pommades, par onces, de cette huile essentielle d'amandes amères

comme parfum, huile qui est cependant un poison violent à cause de l'acide hydrocyanique qui y est contenu. Nous en avons examiné une once qui venait d'être achetée coiffeur, et nous nous sommes convaincu de ce fait.

par un

EMPOISONNEMENT DÉTERMINÉ DE LAPINS PAR LE SULFATE de QUININE ADMINISTRÉ A HAUTE DOSE;

Par M. DESIDERIO.

L'auteur, dans un mémoire écrit en italien, fait connaître les résultats de neuf expériences dans lesquelles il a administré à des lapins le sulfate de quinine, soit seul, soit associé à d'autres substances actives.

Dans les deux premières expériences 40 grains donnés à des animaux adultes ont produit la mort en moins de cinq heures. Un lapereau a été tué en six heures par 15 grains.

Dans d'autres expériences, l'auteur du mémoire a associé à l'action du sulfate de quinine, celle de l'alcool étendu d'eau de cannelle, celle de l'eau distillée de laurier cerise, et enfin celle de l'opium.

EMPOISONNEMENT PAR L'ACONIT.

On sait que l'aconit napel est un violent poison. Mathiole, Pallas et d'autres auteurs ont fait connaitre des cas d'empoisonnement par ce végétal, qui est répandu dans nos jardins comme plante d'ornement. Voici un nouvel exemple du danger que présente cette plante.

A Suippes (Marne), un jeune enfant de vingt-un mois, plein de vie, fut conduit dans un jardin par sa mère, il s'arrêta à côté d'un pied d'aconit napel, plante très vénéneuse, con

nue vulgairement sous le nom de capuchon de moine; il en cueillit une tige, de laquelle il détacha quelques feuilles et deux ou trois fleurs qu'il avala. Sa mère, occupée d'un autre côté, s'en aperçut aussitôt, et bien qu'elle ignorât complètement les propriétés malfaisantes de cette plante, elle la lui retira des mains et la jeta au loin. Malheureusement il était trop tard; au bout d'une demi-heure, l'enfant commença à chanceler sur ses pieds, son visage s'anima, et bientôt la station devient impossible. Dans le premier moment, ses parents crurent qu'on lui avait fait boire du vin chez quelque voisin, ils s'inquiétèrent peu de son état. Cependant, comme les accidents s'aggravaient de plus en plus, et que le petit malade se plaignait continuellement de souffrir du ventre, on fit appeler un médecin, deux heures environ après la manifestation des premières douleurs. Celui-ci reconnut aussitôt chez cet enfant tous les symptômes d'un empoisonnement, il s'empressa de lui administrer, comme antidote, quelques cuillerées d'une potion émétisée, dont l'effet fut de provoquer immédiatement un vomissement. Mais les secours avaient été malheureusement trop tardifs; au moment de faire prendre à l'enfant quelques cuillerées de la même potion, le médecin vit ses yeux se convulser, ses mâchoires se resserrer, le tronc se raidir et se courber en arrière, les membres céder à des mouvements convulsifs. Cinq minutes plus tard, l'enfant avait cessé de vivre.

SUR LA PRÉSENCE DE L'ARSENIC DANS LA FONTE.

Déjà quelques auteurs avaient établi que la fonte contenait de l'arsenic, nous en avons obtenu la preuve en nous livrant à des essais avec l'appareil de Marsh. (Voir le Journal de chimie médicale, t. xv, p. 385.)

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