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tique emploi des eaux d'Arles. Le grand développement donné alors à ces thermes peut servir à constater que ficacité médicale de ces eaux, dans des cas déterminés, était, dans des temps reculés, aussi bien appréciée par l'expérience que de nos jours. La grande proximité, l'analogie des caractères génériques de la plupart des sourcès que nous venons de signaler, avec celles déjà connues par un long usage, ne permettent pas de mettre en doute qu'il y a encore similitude de propriétés médicales, et qu'elles seront également utiles, sagement administrées. La multiplicité des sources qui naissent sur la localité où l'on se propose de fonder de nouveaux thermes, donnant les moyens d'avoir des eaux avec des températures peu élevées et même avec caractères sulfureux, moins énergiques, facilitera d'en diversifier les applications médicales.

Si on remarque des modifications dans nos résultats d'analyse, comparés à ceux d'autres sulfureuses d'Arles, publiés dans le traité d'Anglada, cela provient, non d'une différence essentielle de composition chimique qui ne paraît pas exister au griffon des sources, mais à la manière particulière de déduire les conséquences des opérations, en s'appuyant sur de nouvelles considérations amenées par les progrès de la science: probablement d'autres expérimentateurs viendront plus tard modifier encore les résultats que j'ai obtenus.

SUR LA

NOTE

CONSERVATION DES

CADAVRES, POUR LES ÉTUDES

D'ANATOMIE NORMALE ET PATHLOGIQUE, SANS ALTÉRER LA COULEUR OU LA DENSITÉ DES TISSUS;

Par M. le docteur Ch. DUJAT.

Jusqu'à présent on n'était pas parvenu à s'opposer à la

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putréfaction des substances animales, sans changer l'aspect des tissus; les injections alumineuses, quoique ayant rendu des services réels dans ces derniers temps, altèrent les instruments et donnent aux muscles, aux vaisseaux, aux nerfs, une teinte blanche uniforme qui ne permet pas de les distinguer facilement; aussi l'usage n'en est-il pas devenu aussi général qu'on aurait pu le penser.

Il n'est donc pas sans intérêt de faire connaître un procédé facile pour prévenir la décomposition putride, sans changer en rien l'aspect des parties. C'est surtout dans les pays entre les tropiques que les études anatomiques étaient rendues difficiles par la putréfaction rapide des cadavres en toutes saisons; mais depuis que le docteur R. O'Shanghnssey a essayé, pour les dissections, les injections arsénicales, recommandés par le docteur Tranchina, de Palerme, pour conserver les cadavres, les études anatomiques sont suivies dans le collége médical des natifs, à Calcutta, avec plus de facilité même que chez nous (1).

L'hiver dernier et récemment aussi à l'école pratique de Paris, j'ai injecté plusieurs sujets par ce procédé, et le succès a été complet; le cerveau, après plusieurs semaines, était aussi ferme qu'on le trouve à l'autopsie; les altérations pathologiques des divers organes avaient conservé leur aspect ordinaire. Le bras d'un sujet injecté avec une solution arsénicale, en mars dernier, a été tenu dans un lieu renfermé pour en retarder la dessiccation; trois mois après il était dans un état de conservation parfaite, il aurait pu encore être disséqué: il s'est complètement desséché depuis, les muscles

(1) Cette institution, fondée ces dernières années pour l'éducation médicale des indigènes, compte une centaine d'élèves. Le zèle et l'intelligence des jeunes Indous, la bonne direction donnée aux études font espérer qu'il en sortira des sujets d'une instruction solide,

sont d'un rouge foncé, sans autre altération de couleur, Le 11 octobre dernier, j'ai suspendu la putréfaction déjà avancée d'un cadavre par l'injection arsénicale, et j'en conserve encore aujourd'hui (26 novembre) des parties qui ne présentent d'autre différence avec celles prises sur un sujet mort depuis peu de jours que le décollement de l'épiderme. Des pièces en état de putréfaction, macérées dans ce liquide, ont perdu leur odeur et se sont fort bien conservées.

On conçoit tout l'avantage de ce procédé pour les préparations de pièces anatomiques et pour les dessiccateurs dans cette partie, puisque même les pièces d'anatomie pathologique conservent ainsi leur aspect primitif, jusqu'à ce qu'elles se dessèchent.

Ce moyen est aussi précieux pour les préparations des squelettes avec les ligaments; il suffit de leur donner plusieurs couches, ou mieux un bain de la solution chaude d'arsenic, pour les mettre à l'abri des insectes et conserver les os. Comme l'injection arsénicale, poussée avec assez de force, pénètre tous les tissus; elle offre encore, pour conserver les peaux d'animaux à empailler, un moyen d'autant plus certain, que l'opération aura été faite avant que l'animal ait perdu toute sa chaleur.

J'avais cru que le docteur R. O'Shanghnssey avait eu le premier l'idée de conserver les sujets, pour les études anatomiques, par l'acide arsénieux; mais, j'ai appris depuis que le professeur Dudley, aux États-Unis, fait depuis plus de quinze ans, injecter ainsi les sujets soumis à la dissection dans l'école de Levington. Chaussier lui-même paraît avoir employé ce procédé pour conserver les cadavres.

Les propriétés vénéneuses de l'arsenic pourraient faire craindre de populariser ce moyen ; des accidents sont arrivés chez des hommes qui avaient eu pendant plusieurs heures

les mains baignées et comme macérées dans une solution d'arsenic; les mêmes circonstances ne se rencontrent pas sur la dissection; les mains ne sont humectées par le liquide du cadavre qu'accidentellement et pour un temps très court. D'un autre côté, l'acide arsénieux, peu soluble à froid, se dépose en grande partie dans la trame des tissus, et le liquide en contient très peu. Les craintes manifestées sur l'emploi de ce procédé sont donc exagérées; je suis même persuadé qu'il rend moins dangereuses les piqûres faites en disséquant; les atomes d'acides arsénieux qui pourraient être absorbés par les points dénudés de la peau, ne peuvent alarmer que des homœopathes; on a craint le dégagement d'hydrogène arséniqué; mais il ne peut s'en former, puisque la décomposition putride n'a pas lieu. D'ailleurs, le meilleur juge en toutes choses, l'expérience a démontré que ces craintes étaient mal fondées, puisqu'à Paris, à Calcutta, à Levington, de nombreux élèves ont disséqué les sujets et ne s'en sont pas trouvés incommodés; d'un autre côté, j'ai réduit à 125 grammes et même à 64 la dose d'acide arsénieux, au lieu d'un kilogramme, recommandé par le docteur Tranchina, pour l'injection d'un seul cadavre.

Voici le procédé tel que je l'emploie :

Acide arsénieux, en poudre.... 125 grammes
1 kilog. 1/2.

Eau commune..

Je fais bouillir pendant cinq à dix minutes dans un poêlon de terre ou autre, et, avec une seringue domestique, non grasse, j'injecte le liquide par l'artère crurale ou carotide, dans laquelle un bout de grosse sonde a été fixé, la seringue ne contenant que 509 grammes de liquide, on est obligé de la charger trois fois pour les 1500 gram. de solution. Celle-ci doit être employée chaude; car, comme je l'ai dit plus haut,

l'acide arsénieux se dépose en partie par le refroidissement. Il est bon de pousser l'injection avec une force modérée, chez les vieillards surtout, afin qu'elle pénètre les os, les ligaments et les autres parties qui ne reçoivent que de petits vaisseaux. Pour les sujets qui doivent servir à l'angiologie, on laisse pendant vingt-quatre heures la solution pénétrer les tissus et débarrasser ainsi les vaisseaux avant de faire l'injection grasse; cette seconde opération réussit tout aussi bien que si la première n'avait pas eu lieu. Pour les dissections ordinaires, j'ai quelquefois injecté seulement 64 grammes d'arsenic dans 1 kilogramme d'eau; mais cette quantité de liquide n'étant pas suffisante pour pénétrer toutes les parties d'un sujet de grande dimension, j'ai vu celles qui recevaient peu de vaisseaux artériels être atteintes de vers en quelques points et se putréfier, mais jamais les autres parties.

Lorsque le sujet est destiné à être conservé indéfiniment, il faut répéter l'injection à la même dose, une seconde et même une troisième fois, à quelques heures d'intervalle, lorsque la première aura déjà bien pénétré les tissus. Je suis fondé à croire qu'un cadavre pénétré de 367 gram. d'acide arsénieux sera pour toujours à l'abri de la décomposition putride, quel que soit le lieu où il sera déposé.

La solution du deuto-chlorure de mercure n'est pas un moyen assuré de conservation; ce sel finit par passer à l'état de proto-chlorure, et même par se réduire à l'état métallique, et ne possède plus, dans ces deux cas, les mêmes qualités préservatrices, tandis que toutes les combinaisons d'arsenic s'opposent à la putréfaction.

On a conseillé, dans ces derniers temps, une solution de créosote, et, tout récemment, les docteurs Babington et Rees (Guys hospital reports no 9, october 1839, page 142) ont conseillé l'esprit pyroxalique. Ces liquides conservent, il

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