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On observe donc dans les os malades, le même ordre dans les proportions qu'à l'état sain.

M. Rees ayant analysé à plusieurs reprises la matière terreuse des os longs des extrémités, et celle des os du tronc à l'état sain, et ayant trouvé pour les premiers 86 pour 100 de phosphate de chaux, et 83 pour 1oo dans les derniers, il soumit à la même analyse la matière terreuse obtenue du péroné, de la côte et de la vertèbre affectés de ramollissement, il ne trouva plus que 78 pour too de phosphate de chaux.

Il conclut de ce résultat que dans la matière terreuse qui est absorbée, c'est surtout le phosphate de chaux qui domine.

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EAUX SULFUREUSES D'ARLES.

EXTRAIT D'UN RAPPORT POUR OBTENIR L'AUTORISATION D'un ÉTABLISSEMENT;

Par M. Bouis fils, professeur de chimie.

A Arles-les-Bains, les eaux thermales sulfureuses sont très multipliées, malgré leur circonscription sur une petite étendue. Anglada, dans son traité des eaux minérales des PyrénéesOrientales, en indique quatorze; elles y sont plus nombreuses, mais l'accès difficile de quelques unes en fit négliger le signalement.

Toutes ces sources naissent sur les côtés nord d'un angle terminant deux faces adjacentes d'une montagne appelée Sarrat d'en Merle, formée par un granit talcqueux, feldspathique, véritable protogyne avec du fer sulfuré disséminé et des veines quartzeuses.

Ces eaux d'Arles sont les dernières sulfureuses des Pyrénées, en se dirigeant vers l'Orient, et par conséquent les plus rapprochées de la Méditerranée. Elles sourdent au pied d'un des contreforts de cette partie de la chaîne pyrénéenne qui va se lier directement au Canigou par Costa-Bonna, et c'est sous ce dernier mont que surgissent les eaux de la Preste. Arles et la Preste, les seuls foyers d'eaux thermales dans la vallée du Tech, sont situés presque à ses deux extrémités; la Preste, non loin de sa partie supérieure ; Arles-les-Bains, non loin de son embouchure, à une hauteur barométrique de 222 mètres. Cette position, peu élevée, donne à cette commune une température moyenne atmosphérique peu au dessous de celle de Perpignan, qui est de 14o c. Aussi les eaux thermales d'Arles sont-elles usitées avec presque autant de succès en hiver qu'en été.

Les géologues admettent que le mont Canigou est le résultat d'un soulèvement postérieur à celui de la chaîne générale des Pyrénées; sa position avancée peut le faire comparer à un promontoire placé au fond du bassin formé par la plaine du Roussillon. Il est à observer que c'est autour du Canigou, mais sur les faces opposées de ses vallées, que surgissent les sources thermales des Pyrénées-Orientales. A l'est Arles; au sud la Preste; vers l'ouest Vernet et l'aggiomération de Nyer, Canaveilles, Thuès; au nord Molitg et Vinça.

En voyant toutes ces sources ceindre ainsi le Canigou, sans sortir de ses propres flancs, on peut croire qu'il y aura

coexistence entre leur apparition et l'époque du soulèvement de cette montagne. Il est à supposer, au contraire, que les eaux sulfureuses de la Cerdagne sont contemporaines avec la chaîne centrale des Pyrénées.

Si de nouvelles observations parviennent à établir des rapports d'origine ou de minéralisation entre les eaux sulfu reuses pyrénéennes et les gisements métallifères, constatons que celles de Nyer, Thuès, Canaveilles, sont attenantes aux grands filons cuivreux de Canaveilles, peu éloignés de ceux de Caransac; qu'autour de la Preste il y a de nombreux affleurements de cuivre pyriteux et de minerais arsénicaux; qu'aux environs d'Arles, les galènes sont reconnues sur divers points, et que la montagne schisteuse, sur laquelle est construit le fort des Bains, est imprégnée de fer sulfuré; enfin, que Vernet, Molitg et Vinça sont à peu de distance de ce barrage de fer et de plomb en divers endroits, qui borde le Canigou au nord et à l'est; barrage qui commence à Sahorre, se continue par Fillols et Ballestavy, pour se terminer à l'est à Batère.

Quatorze sources distinctes ont été déjà signalées à Arles; huit de ces sources naissent sur la face nord de la montagne dite Sarrat d'en Merle; les six autres sur la face est et sur la rive gauche du Mondony. Ces dernières sont sur une même propriété avec les sources non encore décrites, qui sourdent les unes presque dans le lit de la rivière (il y en a même dans ce lit), les autres reconnaissables à la vue, par le sédiment blanc qui se développe au dessous de leur embouchure, elles raissent la plupart vers le bas de la face nord de la montagne, en remontant le ravin des Bains. Quelques premiers travaux de recherche, opérés là où les sédiments blancs indiquaient des infiltrations sulfureuses ont amené à la surface divers jets d'eau à diverses températures. Tous ces jets sortent di

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rectement des fentes de la roche et sont à l'abri de mélanges d'eaux étrangères. L'un de ces jets, nous l'appellerons source du Bassin, à cause de sa proximité d'une espèce de bassin naturel au confluent des eaux des bains avec celles du Mondony qui y tombent en cascade. L'eau de cette source est décidément sulfureuse; sa température a été trouvée à 46°,25c (37 R). Elle pourra être appropriée à la boisson. A plusieurs mètres plus haut, en remontant le ravin des Bains, on a fait jaillir aussi une belle source sulfureuse, à une pérature de 43°,5c (34°,80 R). Nous la distinguerons momentanément par le nom de source du Ravin. Elle a de l'onctuosité à la peau, utilisée en boisson par plusieurs personnes, dès le premier jour où elle a paru en jet, elle a joui de la faculté d'être digérée sans effort par l'estomac. A côté de cette source on a encore obtenu d'autres jets sulfureux avec des températures peu élevées.

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Un travail postérieur donnera une description plus exacte de ces diverses sources nouvellement amenées à la surface ainsi que de celles anciennement connues, existant toutes sur la même propriété. Nous allons maintenant nous occuper seulement de la source la mieux située pour alimenter de nouveaux thermes, où seront réunies aussi les autres sources nécessaires au service de l'établissement.

Cette source sera appelée source Amélie; elle est désignée par Anglada, au no 9, t. II, p. 69. Elle naît au dessus de Mondony et du ravin des Bains, à 30 mètres environ du confluent de ces deux cours d'eau, à l'est du grand Escaladou et au sud-est de l'ancien établissement. Elle est au nord sur une propriété formée par des jardins en terrasse, vignes, oliviers, etc., que traverse la promenade des bains conduisant à la gorge de Montalba. Cette propriété, formant un plan incliné depuis Mondony jusqu'au sommet de la mon

tagne, borde la rive gauche de cette rivière depuis le ravin des bains jusqu'au delà de l'entrée de la gorge de Montalba. A cette entrée se trouve le roc appelé Rocher Castellane dans lequel on a pratiqué une ouverture de i mètre de large, par où l'on pénètre dans la gorge. Un peu au delà, en suivant un sentier périlleux de 50 à 60 centimètres, bordé à droite par le roc et à gauche par des gouffres profonds sur lesquels coulent le Mondony, est la grande cascade dite douche d'Annibal, dont le gouffre qui est au pied aurait, d'après les traditions du pays, une profondeur de plus de 15 mètres (neuf tirandes). Cette cascade coule le long d'une antique muraille de chaux et de fragments caillouteux aussi durs actuellement que la roche qui lui sert de fondement. Tout fait présumer que cette muraille est une construction romaine élevée, lors de la fondation des thermes actuels, pour servir de barrage aux eaux de la rivière et les amener à ces thermes pour tempérer dans certaines circonstances la chaleur trop intense des sources thermales, ou même pour y être employées en bains froids. On voit encore de chaque côté de la gorge, où s'appuient les restes de cette muraille, des rainures qui doivent avoir reçu des madriers en bois dur, pour former l'encadrement dans lequel a été coulé le mélange hydraulique qui, en durcissant, a donné cette construction remarquable toujours par sa position et sa solidité. Des eaux froides, tirées de Mondony, sont encore conduites au village des Bains; mais elles sont prises à un point plus élevé que la muraille d'Annibal, en remontant la gorge. Celle-ci est une coupure à pic de 10 à 20 mètres de large et d'environ 200 mètres de haut, dont le fond ne reçoit le soleil que lorsque ses rayons sont presque perpendiculaires, et qui isole la montagne des bains de la chaîne inférieure longeant la haute chaîne des Pyrénées, en se dirigeant sur

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