Page images
PDF
EPUB

abondamment par haut et par bas, sinon toujours, du moins presque toujours.

Quel sera ensuite le mode de traitement à employer contre la maladie développée par l'acide arsénieux qui a déjà été absorbé? Ici, nous sommes en présence de trois systèmes : 1o la méthode antiphlogistique et adoucissante; 2o la médication tonique; 3o le traitement par les diurétiques.

La méthode antiphlogistique pronée de temps immémo⚫ rial, compte de nombreux succès chez l'homme. La saignée pratiquée dans les cas où il y avait réaction évidente, lorsque la peau était chaude, le pouls fort et fréquent, la face rouge et comme vultueuse, qu'il y eût ou non des pustules sur quelques parties du corps, délire, etc., a été d'une utilité incontestable. J'ai déjà obtenu vingt et un succès par l'emploi de cette méthode. On lit dans les journaux de médecine anglais que sur dix-neuf cas d'empoisonnement recueillis par l'acide arsénieux depuis quelques années, dix-huit ont été guéris après que la saignée avait été pratiquée. Enfin, le docteur Schedel, qui a suivi avec soin les effets exagérés de la médication arsénicale, si souvent administrée à l'hôpital Saint-Louis, ne balance pas à se prononcer en faveur de la saignée et contre les toniques pour calmer l'irritation développée par cette médication; l'expérience qu'il a acquise sous ce rapport dans le service de Biett, médecin des plus distingués, ne lui laisse aucun doute à cet égard. Et qu'oppose t-on à des faits déjà si nombreux et si bien avérés? quelques expériences sur des chiens auxquels on avait administré de fortes doses de poison arsénical, et qui sont en grande partie morts après avoir été saignés. Mais ces expériences ont été si mal dirigées et si mal décrites, qu'on ne saurait y avoir égard; les animaux qui en font l'objet n'ont pas avalé une goutte d'eau ni d'aucun autre liquide

propre à favoriser le vomissement; les saignées ont été souvent pratiquées peu de temps après l'empoisonnement, au moment où elles devaient favoriser l'absorption, etc. Voyez si, dans les faits dont je vous ai rendus témoins et que j'aurais multipliés si nous avions eu le temps; voyez si les animaux empoisonnés et saignés n'ont pas été guéris; non pas que je prétende qu'ils aient dû leur salut à la saignée, puisqu'ils ont vomi, et que les nouveaux vomissements aient été provoqués par l'injection de l'eau tiède, mais toujours est-il que les saignées ne les ont pas empêchés de guérir, et qu'il est dès lors absurde de les proscrire comme on a voulu le faire, parce que, disait-on, elles sont meurtrières. En résumé, le médecin doit saigner les malades empoisonnés par l'acide arsénieux, et leur donner des adoucissants toutes les fois qu'il y aura des symptômes évidents de réaction.

Rasori est le premier qui ait indiqué la médication tonique excitante comme étant la plus propre à guérir les empoison.. nements par l'acide arsénieux; suivant lui, ce poison agit comme asthénique ou affaiblissant; il faut lui opposer des toniques et des excitants. Existe-t-il des observations d'empoisonnement chez l'homme guéri par cette médication? Je, n'en connais pas un seul cas authentique. Sur quoi donc s'appuie-t-on? sur quelques expériences faites sur des chiens. Onze de ces animaux sur dix-neuf empoisonnés par l'acide arsénieux dissous, ont été guéris par l'administration des toniques. J'accepte ces faits, mais ils ne prouvent rien en faveur du système, car tous les animaux guéris ont abondamment vomi, et nous savons qu'ils guérissent aussi bien s'ils vomissent en leur administrant de l'eau tiède. On ne dira certainement pas que ce dernier liquide ait agi comme excitant. D'un autre côté, ne venez-vous pas de voir deux chiens empoisonnés par vingt-cinq centigrammes d'acide arsénieux 20 SÉRIE. 6.

47

dissous, mourir dans l'espace de quelques heures, quoique raités par la médication précitée? Il a suffi, pour les empêcher de guérir, de s'opposer au vomissement pendant la première heure de l'empoisonnement, en liant l'œsophage. Les toniques sont donc d'une insuffisance avérée toutes les fois qu'ils sont administrés à des chiens qui ne vomissent pas dans la première heure de l'empoisonnement; et si quelquefois ils ont été suivis de succès, c'est que les animaux avaient déjà vomi quand ils étaient donnés, qu'ils provoquaient de nouveaux vomissements, ou qu'ils favorisaient la sécrétion de l'urine. Le médecin doit donc renoncer à ce mode de traitement qui, indépendamment de son inutilité. peut encore avoir l'inconvénient de déterminer l'ivresse, pour peu qu'il soit employé à la dose à laquelle on prétend qu'il agit effica

cement.

J'ai peu de mots à ajouter à ce que j'ai dit relativement aux avantages de la médication diurétique. Elle est inoffensive, rationnelle et suivie de succès quand elle augmente convenablement la sécrétion de l'urine. Toutefois elle n'a pas encore été employée chez l'homme. Tout porte à croire que ses effets ne seraient pas différents dans l'espèce humaine que chez les chiens, puisque chez l'homme aussi les organes abandonnent l'acide arsénieux qu'ils avaient absorbé et qui est ensuite éliminé par l'urine. Je ne terminerai pas sans engager les membres de la commission, qui ne seraient pas suf fisamment édifiés par ce que je leur ai montré, à me demander de répéter quelques unes des expériences déjà faites et d'en tenter de nouvelles.

La seance est levée à quatre heures et demie.

[ocr errors]

MODIFICATION DE L'APPAREIL DE JAMES MARSH.

1o Rendre impossible la détonation qui, fréquemment

survient avec les appareils actuellement connus sous ce nom, lorsqu'on n'attend pas un temps suffisant pour l'enflammer; 2o éviter la perte du gaz hydrogène qui a lieu dans ce cas; 3o empêcher la perte, par l'explosion de la substance à examiner, qui souvent n'est plus remplaçable; 4° modérer et graduer à volonté le dégagement du gaz dans l'appareil; 5o le conserver en entier; 6° n'être point gêné par l'écume qui s'élève pendant l'opération lorsque la substance à examiner contient des matières organiques animales (1) ; 7° évi. ter l'influence, souvent très importante, des bouchons en liège, de robinets ou tubes en cuivre, ou, pis encore, de laiton; 8° avoir la possibilité d'introduire dans l'appareil de nouvelles doses, soit d'acide, soit de zinc, soit de la matière à examiner, sans ouvrir l'appareil; 9° enfin, pouvoir estimer approximativement la quantité d'arsenic contenue dans un corps, sans être obligé de faire passer le gaz hydrogène arsénié par un tube chauffé: tels sont les neuf avantages principaux que présente l'appareil que je propose, et dont voici la figure. Cet appareil consiste en un flacon de cristal de la

[graphic][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors]

(1) Ce que l'on obtient encore par un courant de chlore lavé.

contenance d'environ un demi-litre, portant. 1oå sa partie supérieure une ouverture, ou tubulure, de 3 à 4 centimètres, usée à l'émeril; 2° une autre túbulure recourbée, armée d'un robinet en verre qui est terminé par un tubé en verre effilé et mobile, de manière à pouvoir être changé quand il est brûlé ou cassé, Ge flacon est surmonté d'un globe de même substance et contenance, se terminant inférieurement par un prolongement, ou col coniqué, également usé à l'émeril à sa base, de manière à s'ajuster dans l'ouverture du flacon et à s'y introduire jusqu'à un centimètre du fond. Ce globe est ouvert à sa partie supérieure pour recevoir un bouchon de verre armé de rainures pour ne fermer qu'incomplètement.

Lorsqu'on veut faire fonctionner cet appareil, on introduit dans le flacon le liquide à examiner, puis on achève de le remplir avec de l'eau pure, de façon à ce qu'il ne contienne plus d'air quand tout y sera mis; alors on introduit le col du vase supérieur, et on bouche par le rapprochement, puis on fait entrer environ 4 grammes, d'abord, d'acide sulfurique bien pur par l'ouverture du globe; on secoue légèrement l'appareil; puis on introduit successivement, par la même ouverture, de très petites parcelles de zinc préalablement essayé. Le dégagement de l'hydrogène ne tarde point à s'effectuer, il gagne la partie supérieure du flacon, comprime le liquide qu'il contient, en force une partie de remonter dans le ballon, et dès que le quart environ du flacon est rempli de gaz, on ouvre le robinet, on y met le feu, et onprésente au même instant un morceau épais de porcelaine poli, avec l'attention de fermer le robinet toutes les fois que l'on éloigne le corps froid du bec. Par ce procédé, on arrive à des résultats nouveaux et très intéressants, que je communiquerai dans une autre note.

Je dirai enfin que cet appareil convient plus que tout autre quand on veut employer les procédés de Liébig, de Berzélius, de M. Chevallier, en faisant passer le gaz par un tube chauffé, soit par une grille armée de charbons ardents, soit par une lampe à esprit-de-vin.

Ce 1er novembre 1840.

Adorne.

J

« PreviousContinue »