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pharmacien à Falaise. Le sieur Fert, teinturier, ayant avalé par méprise un verre d'acide sulfurique concentré, de la magnésie fut administrée à ce malade; elle fit cesser les premiers accidents, et le malade fut sauvé. (Journal de chimie médicale, t. III, 2o série,page 439.)

Le quatrième a été observé en 1837 par M. Emery. Une jeune fille fut apportée à l'hôpital Saint-Louis, salle Napoléon. Elle fut traitée par la magnésie, et ce traitement, qui donna lieu à quelques purgations, fit cesser les accidents; la malade est sortie guérie de l'hôpital.

Le cinquième est tout récent. Un domestique de M. M.... ayant pris de l'acide sulfurique pour du vin, en but une certaine quantité: de la magnésie lui fut administrée de suite, et ce domestique fut, après peu de temps, en état de continuer son service; il ne vit cependant encore que de lait.

Empoisonnement par l'acide nitrique.

J'ai eu l'occasion d'observer deux cas d'empoisonnement par l'acide nitrique.

Le premier en 1820 ou 1821, à l'hôpital de la Pitié. Un jeune ouvrier bijoutier fut apporté à cet hôpital; il avait pris, par suite d'un amour contrarié, à peu près un demi-verre d'eau forte. A peine arrivé, on lui administra une dose de magnésie calcinée délayée dans l'eau. Cette médication calma les accidents, et dix jours après, le malade était sorti de l'hôpital. Cet ouvrier conserva longtemps une maigreur remarquable.

Le deuxième en 1828 ou 1829. On nous fit prévenir qu'une jeune fille venait, par suite de contrariétés, de s'empoisonner avec de l'acide nitrique. Nous nous rendîmes de suite près de la malade : il lui fut administré presque par force, au moins quatre onces de magnésie calcinée dé

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layée dans de l'eau. Les accidents furent calmés, et la malade fut très promptement rétablie; elle existe encore, car il n'y a que très peu de temps que nous l'avons rencontrée.

Ces faits démontrent selon nous que la magnésie carbonatée est l'antidote des acides, et qu'on doit l'employer contre les empoisonnements par les acides.

Les acides sont-ils absorbés dans les cas d'empoisonnement par les acides.

En recherchant parmi les travaux que nous avons été à même de faire par suite d'empoisonnement à l'aide des acides, nous avons été à même de constater que, lors d'un empoisonnement par un acide, l'acide n'est pas absorbé et reste sur les tissus; en effet 1° l'examen de l'estomac et des intestins extraits du cadavre de Cuiquin, décédé à Montmartre par suite de l'ingestion de l'acide sulfurique, le 6 octobre 1835, a démontré que les organes contenaient une très grande qnantité d'acide sulfurique libre, et qui n'avait pas éte absorbé. ( Rapport judiciaire du 27 octobre 1835.)

2o L'examen de l'estomac et des intestins extraits du cadavre du sieur Doré, mort d'un empoisonnement déterminé par l'acide sulfurique, a démontré que l'estomac contenait une grande quantité d'acide sulfurique libre qui n'avait point été absorbé; qu'une partie de l'intestin contenait le même acide libre. ( Rapport judiciaire du 15 février 1836. )

3o L'examen de l'estomac et des intestins extraits du cadavre de la fille Adolphine Cauvin, morte pour avoir avalé de l'acide sulfurique, a fait connaître que ces organes contenaient de l'acide sulfurique libre. ( Rapport judiciaire du 7 janvier 1838.)

Ces faits démontrent, selon nous, que, dans l'empoisonnement par les acides concentrés, l'acide n'est pas absorbé,

et qu'il y a nécessité, dans les cas d'empoisonnement par les acides, de s'occuper d'annihiler ces acides à l'aide d'une substance absorbante.

On nous dira, il est vrai, qu'ici on n'agit pas dans une capsule, dans une cornue, dans un alambic (c'est l'observation banale employée par tous ceux qui combattent l'application de la chimie à la médecine), nous répondrons à cela : Des empoisonnements ont eu lieu par des quantités d'acides qui devaient nécessairement déterminer la mort, l'antidote a été administré, le malade a été sauvé, que doit-on demander de plus ?

Nous bornerons là ce que nous avons à dire sur ce sujet; nous attendrons, pour croire qu'on ne doit pas administrer des alcalis ou des carbonates alcalins dans les empoisonnements par les acides concentrés, qu'on nous ait démontré par des faits bien positifs 1° qu'on peut sauver le malade par d'autres méthodes. 2o Que ces méthodes sont préférables. 3o Que les acides ingérés dans l'estomac sont entièrement absorbés, ce qui n'a pas lieu si nous nous en rapportons à l'examen des organes extraits de cadavres de personnes mortes à la suite d'empoisonnement par les acides.

EMPOISONNEMENT PAR L'ARSENIC MÉTALLIQUE, guérison par L'HYDRATE De peroxide de fer;

Par BATILLIAT, pharmacien à Mâcon, correspondant de la Société de chimie médicale et de toxicologie, etc.

Les cas de guérison d'empoisonnement par les substances arsénicales, au moyen de l'hydrate de peroxide de fer, n'étant pas encore très nombreux, il est utile de signaler ceux qui se présentent, afin de dissiper les doutes qui pourraient 2o SÉRIE, 6,

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encore exister. C'est pourquoi nous nous empressons de rapporter le fait suivant à la société :

Le 4 octobre dernier, MM. S....., père et fils, éprouvèrent de violents vomissements à leur repas du soir; on crut en avoir trouvé la cause, après s'être aperçu que la bouteille, ayant contenu le vin qu'ils avaient consommé, renfermait un corps étranger.

Cette bouteille nous fut fort heureusement apportée de la campagne où se trouvaient ces messieurs. Avant toute autre investigation, nous eûmes la pensée de chauffer un fragment de ce corps solide, au chalumeau. Cet essai nous a suffi pour reconnaître de suite que c'était de l'arsenic à l'état métallique.

Nous nous empressâmes de remettre au médecin, que l'on était venu chercher, de l'hydrate de peroxide de fer desséché à l'air libre. Il fut administré par cuillerée, dans de l'eau sucrée; mais cela ne fut effectué que trois heures après les premiers symptômes d'empoisonnement, à cause de la distance. Cependant, à la troisième dose, pour l'une des personnes, et, à la quatrième, pour l'autre, les vomissements cessèrent.

Pendant ce temps, et par prudence, nous nous empressâmes de préparer une nouvelle quantité d'oxide, pour qu'il fût donné à l'état humide, ainsi que cela a été plus particulièrement recommandé.

Dans un cas aussi pressant, nous ne pouvions suivre la marche ordinaire, pour avoir promptement cette préparation, nous crûmes devoir en adopter une autre, que nous donnons, parce que des pharmaciens peuvent se trouver dans le même cas que nous.

On mit de la limaille de fer dans une grande marmite de fonte avec de l'acide nitrique étendu et l'on fit chauffer, on

ajouta de l'eau à la dissolution, on décanta pour séparer l'excès de limaille, on versa de l'ammoniaque en léger excès, puis, on versa le tout dans la marmite, on la plaça de nouveau sur le feu, afin de chasser une partie de cet excès d'alcali, et de donner au précipité,une cohésion qui le rendît plus facile à être lavé; on tira au clair à l'aide d'un siphon et l'on termina par des lavages à l'eau chaude, la première ayant été légèrement acidulée par du vinaigre; on fit égoutter sur un linge.

En opérant ainsi, nous pûmes expédier,deux heures après, environ deux litres d'une bouillie de peroxide de fer, d'une bonne consistance, Le médecin l'administra à haute dose, quoique les vomissements eussent cessé, et, vers les quatre heures du matin, les malades s'endormirent jusqu'à sept heures; le reste du jour se passa sans accidents, et le lendemain ils purent se promener dans la campagne.

Après les premiers symptômes, un membre de la famille et deux domestiques voulurent déguster le vin qui restait dans la bouteille, tous trois furent pris de vomissements; mais sans suite fâcheuse, probablement à cause de la petite dose que chacun d'eux avait avalée.

Évidemment l'arsenic métallique ne se dissout qu'en passant à l'état d'acide arsénieux; ce qui a lieu assez promptement, en vertu de la rapide oxidabilité de ce corps, surtout en présence d'un liquide aussi complexe et aussi altérable le vín.

que

Voulant évaluer approximativement la quantité d'arsenic qui pouvait, en contact avec du vin, passer à l'état d'acide arsénieux, on a rempli de vin la bouteille où se trouvait 40 grammes d'arsenic qui y était resté. Après vingt-quatre heures de macération, on filtra, on évapora les 808 grammes

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