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SEL D'EPSOM NATIF.

L’'Indiana, l'un des États-Unis, offre un grand nombre de grottes ; l'une d'elles, près de l'Ohio, est célèbre par les masses de sel d'Epsom qu'on y trouve. La montagne sur laquelle elle est située a quatre cents pieds de hauteur, et est formée de sous-carbonate calcaire. Le sommet est couvert de chênes et de cèdres. L'entrée de cette grotte est à mi-chemin de la montagne; elle a de douze à quinze pieds de largeur sur trois à quatre de hauteur. On y descend aisément dans une chambre spacieuse, d'un quart de mille environ, dont la hauteur varie entre huit et quatre-vingts pieds, et la largeur entre dix et vingt pieds. Dans cette étendue, la voûte est tantôt plate et tantôt forme des arches. A son extrémité, la grotte se bifurque; la bifurcation du côté droit est courte; celle du côté gauche mène par quelques marches de pierre à un étage élevé de dix pieds, et se dirige vers le sud-est. Ici la voûte commence à former une arche régulière dont la hauteur, à partir du sol, varie entre cinq et huit pieds, la largeur de la grotte étant alors de six à douze pieds, jusqu'au point que l'on nomine la place rampante, dénomination qui lui vient de ce que les voyageurs sont obligés de marcher là en rampant, pour arriver à une autre vaste chambre voisine; de là jusqu'au point où se trouve un pilier; pendant un mille un quart, on rencontre une succession alternative de grandes et petites chambres, auxquelles on parvient en montant pour bientôt redescendre. On marche quelquefois sur un sol uni, ou en gravissant des blocs énormes de rocher, détachés de la voûte, et l'on arrive au pilier qui offre une magnifique. colonne blanche, qui, étant réfléchie par la sombre lueur des

torches, a un aspect majestueux et éblouissant. Les visiteurs ont rarement poussé leurs recherches à plus de cent à cent cinquante toises au delà. La colonne ou pilier a quinze pieds de diamètre et trente de hauteur; elle est régulièrement disposée en faisceaux du sommet à la base. Non loin de lå, sont plusieurs autres piliers de même forme, mais de moindre dimension; le carbonate calcaire en est la base.

On ne saurait assigner l'époque à laquelle cette grotte fut découverte. L'on sait seulement qu'elle a été visitée en 1807 par quelques personnes qui y trouvèrent une couche de sels épaisse de six à neuf pouces sur le fond de la grotte, où l'on voyait épars des blocs d'un volume énorme, tandis que les parois recouverts des mêmes productions salines, présentaient un spectacle ravissant de nos jours; le sulfate de magnésie abonde dans toute cette grotte sous des formes différentes et quelquefois en masses, de une à dix livres. Le sol a un aspect brillant due aux nombreuses parcelles de ce sel disséminées dans la terre. Ce sulfate revêt les parois de distance à distance; si on l'enlève, il se reproduit en quatre ou cinq semaines en cristaux aiguillés. La terre la plus pauvre qu'on ait lessivée en donna quatre livres par boisseau, et la plus riche de vingt à vingt-cinq livres. Après ce sel, celui qui s'y trouve en plus grande quantité, c'est le nitrate de chaux; vient ensuite le nitrate d'alumine qui donne autant de nitrate de potasse que le nitrate de chaux. On y trouve aussi, mais en moindre proportion, du sulfate de chaux, des traces de sulfate de fer, de carbonate et de nitrate de magnésie.

On conçoit que le sulfate de magnésie obtenu de ce lessivage n'est pas pur, et qu'il doit être purifié par cristallisation.

J. DE F.

SUR LES EMPOISONNEMENTS PAR LES ACIDES CONCENTRÉS, ET

SUR LES PREMIERS SECOURS A DONNER;

Par A. CHEVALLIER,

Pharmacien chimiste, membre de l'Académie royale de médecine,

Notre but, en publiant un article sur l'empoisonnement par les acides concentrés, n'est pas de faire de la polémique, nous n'aimons pas ce genre de guerre, et nous l'avons souvent prouvé, mais 1o d'attirer l'attention des hommes de l'art sur des opinions émises au sujet des secours à administrer contre les accidents qui sont la suite de l'ingestion des acides concentrés, et de les engager à publier les observations qu'ils ont pu recueillir dans le cours de leur pratique; 2o de ne pas laisser dans l'incertitude les personnes qui, comme les phar maciens, sont appelées à donner instantanément les premiers secours aux individus qui, volontairement ou par impru dence, seraient empoisonnés par les acides concentrés (les acides sulfurique, phosphorique, nitrique, hydrochlorique); 3° d'établir que, dans les divers ouvrages que j'ai publiés, je n'ai point agi d'une manière inconsidérée, en indiquant l'emploi des alcalis et surtout de la magnésie comme contrepoison des acides sulfurique, nitrique, hydrochlorique et phosphorique (1).

(1) Un pharmacien de Paris, M. Dupuy, qui habite un quartier où il y a un grand nombre de blanchisseuses, a été à même de donner à plusieurs reprises des secours contre des empoisonnements par le bleu en liqueur : il a obtenu des succès constants de l'emploi du carbonate de magnésie, il donne à ce sel la préférence sur la magnésie libre, par ce que ce carbonate détermine le vomissement en même temps qu'il sature les acides.

Jusqu'ici le plus grand nombre des praticiens ont été d'accord pour établir que les premiers secours à donner contre les acides, consistaient dans l'administration des alcalis, et particulièrement de la magnésie décarbonatée (1): des faits nombreux semblent démontrer les bons effets de cette médication.

Aujourd'hui on établit que ce mode de faire n'est pas rationnel, et qu'il faut suivre une autre méthode. On suppose d'abord que tout l'acide ingéré est absorbé, et on établit que les acides étaient des poisons froids ou hyposhténisants, il faut 1° faire vomir le sujet empoisonné, en irritant le gosier avec la barbe d'une plume; 2° qu'il faut sans délai lui faire boire du vin pur mêlé à du bouillon chaud ; 3° enfin que de la magnésie peut être ajoutée à la boisson, si l'on peut présumer que de l'acide non absorbé soit resté dans l'es

tomac.

Nous n'attachons pas plus d'importance à l'emploi d'une méthode de traitement qu'à une autre; mais nous pensons que la méthode qui doit être adoptée est celle que les faits ont démontrée être suivie de succès; alors, si l'on consulte les auteurs qui ont publié des faits d'empoisonnement par les acides concentrés, on voit que dans la plupart des cas les alcalis, lorsqu'ils ont été employés à temps, ont sauvé les malades. Si l'on recherche quels sont les faits qui peuvent permettre d'étudier les résultats de la méthode nouvellement préconisée, on n'en trouve pas un grand nombre, du moins à notre connaissance.Que doit-on conclure de ces recherches? c'est qu'il faut employer le mode le plus certain, et qu'il ne

(1) Lunding De olei vitrioli et aquæ fortis turgitur ingestorum sequelæ earumque cura (Copenhague, 1821) a proposé l'emploi des boissons délayantes ( à l'exemple des anciens ); il dit que quelquefois les neutralisants sont nuisibles.

faut pas faire des expériences sur l'homme pour établir la valeur de telle et telle méthode.

Nous pensons que des expériences faites sur les animaux pourraient élucider la question; nous émettons le vœu qu'elles soient tentées par les personnes qui ont pour but d'établir que la méthode antihyposthénisante doit l'emporter sur la méthode immédiate de saturation.

Pour mettre nos lecteurs à même d'étudier les faits, nous indiquerons ici 1° les cas d'empoisonnement par les acides concentrés arrivés à notre connaissance, et dans lesquels la méthode de saturation a réussi; 2o les cas dans lesquels l'autopsie a démontré que les acides ne sont pas absorbés, comme on l'a prétendu.

Cas d'empoisonnement traités avec succès par les alcalis ou les substances susceptibles de saturer les acides.

par

Le premier des cas que nous citerons a été observé en 1825, par M. Correa de Serra fils. Madame V. J.........., lingère, ayant avalé par mégarde deux onces d'acide sulfurique concentré, fut soumise à un traitement par la magnésie, elle fut sauvée; mais elle resta longtemps affectée des suites désastreuses de la cautérisation par les acides. (Journal de chimie médicale, t. II, p. 210.)

Le deuxième a été signalé par M. Gabriel Pelletan en 1835. Madame N..., âgée de vingt-sept ans, voulut s'empoisonner avec du bleu en liqueur, solution d'indigo dans l'acide sulfurique concentré, ce bleu avait été étendu d'eau. De la magnésie calcinée administrée donna lieu à des résultats tellement satisfaisants, que la malade fut promptement soulagée et guérie. (Journal de chimie médicale, tome I, 2e série, page 11.)

Le troisième nous a été communiqué par M. Lalande,

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