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tion, ou sur un autre point de l'économie. Les liquides vomis par un diabétique quelques heures après un repas composé de substances végétales et animales, mis en contact avec le ferment, ne tardèrent pas à offrir une fermentation très prononcée, preuve qu'elles contenaient du sucre; mais avait-il été formé pendant la digestion, ou n'avait-il pas plutôt été introduit par les substances alimentaires végétales? La même expérience faite plusieurs fois sur un individu bien portant fournit absolument le même résultat, ce qui ne donna pas la solution de la question précédente, mais prouva que la matière sucrée se développait aussi bien chez le sujet en santé que chez le diabétique. L'expérience suivante faite sur un individu sain, démontra que dans l'état de santé, c'est à la présence des matières végétales seules qu'on doit attribuer le développement du sucre pendant la digestion. Un individu est nourri exclusivement avec de la viande et de l'eau pendant trois jours, et, au bout de ce temps, le liquide vomi trois heures après un repas ne fournissait pas la moindre trace de sucre. Mais ce qui donne le plus d'intérêt à ces recherches, c'est que la même expérience faite sur un diabétique produisit un résultat tout à fait différent, bien qu'il eût été pendant trois jours nourri avec du roast-beef et de l'eau seulement. Les liquides obtenus au moyen d'un émétique administré quatre heures après le repas, fermentèrent vivement, mais bien moins longtemps que dans les autres cas. La même expérience répétée chez un autre diabétique eut le même effet, et l'auteur croit pouvoir conclure de tous ces faits que nous signalons, d'une manière très abrégée, que c'est dans les organes digestifs, et non dans les reins, comme on le croit communément, que se forme la matière sucrée des diabétiques.

M. Mac-Grégor ne s'en est pas tenu là, et a voulu savoir

si les autres liquides de l'économie contenaient également de la matière sucrée, et d'abord le sang. Voici la méthode qu'il suivit dans les différentes expériences: quarantehuit heures après chaque saignée, il séparait du caillot le sérum qui avait une apparence laiteuse, et différait beaucoup de celui d'un individu en santé; puis, après l'avoir fait coaguler par la chaleur, il le séchait par la vapeur, et le caillot solide coupé en morceaux était ensuite tenu dans de l'eau bouillante qui, après avoir été filtrée et réduite par l'évaporation, fermentait avec force pendant plusieurs heures, à l'aide du ferment. Cette opération répétée plusieurs fois avec le sang du mêine malade, a fourni constamment les mêmes résultats, et aussi avec le sang de plusieurs diabétiques. L'auteur dit même avoir trouvé quelques traces de sucre dans le sang de l'individu en santé, lorsqu'il était soumis à une diète végétale.

La salive et même les matières fécales ont encore offert des preuves non douteuses qu'elles contenaient du sucre. Aussi l'auteur croit-il pouvoir tirer des nombreux faits nous venons de signaler les conclusions suivantes :

que

1° Il n'y a pas de maladie qui puisse être caractérisée par l'absence complète d'urée, bien que dans quelques unes elle diminue de beaucoup la quantité.

2o La quantité de l'urée ne dépend point de celle du sucre, la première augmentant non seulement en raison de la disparition de la seconde, mais du régime plus animalisé et du traitement par l'opium, auquel le malade est soumis.

3o Dans le diabète la quantité d'urée est notablement augmentée, quand une plus grande quantité de substances animales ou végétales est introduite dans l'estomac. L'urine des animaux herbivores contient beaucoup d'urée. Dans un cas M. Mac-Grégor en a trouvé 3,2 grains pour cent.

4o Le sucre se forme dans les organes de la digestion, et le rein n'est ici qu'un émonctoire, comme la plupart des autres organes excréteurs.

5° On trouve la matière sucrée dans le sang, la salive, les matières fécales, du diabétique, et même dans le sang des personnes bien portantes qui se soumettent à une diète végétale. A. P.

DU TRAITEMENT DE LA GONORRHÉE CHEZ LA FEMME A L'AIDE DU NITRATE D'ARGENT SOLIDe.

Par MM. HANNAY, BELL, THOMSON, SUMMER, PALETHORPE ET SMITH.

Le docteur Hannay, professeur de médecine à l'université de Glascow, a, depuis plusieurs années, retiré un grand avantage de l'application directe dans le vagin du nitrate d'argent, dans les cas de gonorrhée.

La gonorrhée, chez la femme, est généralement regardée comme incurable, et avec raison; car la plupart des remèdes qu'on emploie communément échouent. J'ai essayé, mais avec peu de succès, les injections d'alun et de zinc (une demi-once de chaque dans une livre d'eau): à l'aide de ce moyen, je n'ai réussi qu'une fois sur dix à guérir la maladie, dans l'espace de huit à dix jours; chez les autres, elle durait de trois à quatre semaines, puis elle reparaissait peu de temps après. Les résultats que j'ai obtenus d'abord, à l'aide d'une solution de nitrate d'argent, n'ont pas été meilleurs.

Ayant observé que quelques cas de gonorrhée compliquée d'ulcération dans le vagin guérissaient radicalement, avec

une rapidité étonnante, par les applications de nitrate d'argent solide, j'ai choisi à dessein plusieurs cas de vaginite syphilitique simple pour les soumettre à l'expérience. L'écoulement a cédé constamment et radicalement dans l'espace de vingt-quatre heures. Le lendemain de l'application du remède, j'ai souvent vu l'écoulement perdre son caractère purulent, devenir séreux, et cesser, vingt-quatre heures après, sous l'influence de quelques lotions d'eau blanche, ou d'eau simple soit tiède, soit fraîche. J'ai gardé ces malades à l'hôpital pendant un mois; elles ont paru radicalement guéries, dans la proportion de quatre-vingt-quinze sur cent; chez cinq l'écoulement a récidivé: aucun autre médicament que le nitrate d'argent n'avait été employé. Quelques unes ont accusé une légère douleur, après la cautérisation; mais la plupart ne s'en sont pas plaintes, malgré que la pierre eût été fortement promenée. Ce caustique est douloureux, il est vrai, lorsqu'il touche les chancres placés sur les grandes lèvres, ou dans les parties internes du vagin; mais cette douleur se dissipe très promptement, sans rien faire, ou bien sous l'influence d'une substance anodine. En général il ne produit pas d'inflammation sur les parties qu'il touche; je dis en général, car dans quelques cas rares (une fois sur vingt), la pierre irrite, produit de la douleur qui dure pendant plusieurs heures; je n'ai jamais vu de bubon suivre l'action de ce moyen; je n'ai jamais observé l'avortement être la conséquence de ce remède, et pourtant je l'ai employé à toutes les époques de la grossesse; il ne détermine pas non plus la suppression de l'écoulement menstruel, bref je regarde cet agent comme le remède le plus sûr et le plus efficace pour combattre la maladie en question; je l'ai jusqu'à présent employé sur plus de trois cents femmes.

J'ai vu chez plusieurs femmes les règles qui étaient

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supprimées se déclarer, après l'emploi du nitrate d'argent. Voici du reste de quelle manière j'y procède.

J'engage un bâtonnet de pierre infernale dans le tuyau d'une plume; j'en laisse sortir un demi-pouce, et je le fixe avec un fil. J'enduis le tuyau de la plume avec de la graisse, et je l'introduis immédiatement jusqu'au museau de tanche, ou aussi haut que possible dans le vagin ; je le promène alors doucement et circulairement dans le canal, en le laissant assez long-temps en contact avec la muqueuse. Plusieurs fois le bâtonnet de nitrate d'argent s'est rompu, et est resté dans le vagin; il n'en est résulté aucun inconvénient, et le mal a guéri également. On peut laisser fondre dans le vagin jusqu'à deux drachmes de nitrate d'argent, sans le moindre inconvénient; il peut même se fondre sur un seul point. La cautérisation se répand par la mucosité sur tout le canal; la guérison a toujours lieu.

Jamais le moindre accident n'a été observé par M. Bell, à la suite de cette médication. Il assure l'avoir employée chez les femmes enceintes aussi impunément que chez les autres. Loin d'empêcher le retour des règles, le nitrate d'argent est pour lui le meilleur emménagogue.

Après M. Bell, viennent MM. Thomson et Summers qui corroborent également la bonté de la médication en question.

Arrivent enfin deux articles, l'un de M. Palethorpe, l'autre de M. Smith. Le premier, tout en se déclarant partisan de cette méthode, prouve qu'elle ne peut appartenir à M. Hannay, puisque le docteur Jewel, dans son ouvrage sur la gonorrhée chez la femme, imprimé en 1830, recommande hautement ce moyen, et rapporte un grand nombre de cas traités heureusement par le nitrate d'argent solide. A. P.

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