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drique qui est libre, réagit sur une autre petite portion d'hyposulfite de soude qu'il décompose, s'empare de sa base, forme avec elle un iodhydrate de soude, en mettant à nu un peu d'acide hyposulfureux : mais celui-ci comme on sait,ne peut pas exister libre, il se décompose donc, aussitôt qu'il est séparé de la soude, en soufre et en oxigène; l'oxigène est absorbé par une troisième portion d'hyposulfite de soude, tandis que le soufre s'unit à l'argent, forme un sulfure d'argent, qui remplace sur la plaque l'iodure qui y existait auparavant, et qui se trouve ainsi sur les parties dans l'ombre. Cette quatrième opération est comme on voit beaucoup plus difficile à expliquer que les autres, cependant cette théorie me paraît la plus simple et la plus naturelle, d'autant plus qu'elle explique pourquoi le cuivre plaqué d'argent réussit mieux que l'argent seul.

Le lavage à l'eau distillée que l'on fait subir en dernier lieu, n'a pour but que d'enlever toute la solution d'hyposulfite de soude qui aurait pu rester sur le tableau, et le rendre

moins net.

Ainsi dans le premier temps de l'opération on forme à la surface de la plaque un iodure d'argent;

Dans le deuxième, la lumière décompose cet iodure, et ramène l'argent à l'état métallique sans éclat à cause de sa division.

Dans le troisième, le mercure forme un amalgame avec l'argent réduit, et commence à faire apparaître les parties frappées par la lumière;

Dans le quatrième enfin, le contact de l'hyposulfite de soude change l'iodure d'argent des parties ombrées en sulfure d'argent, qui est noir et non attaquable par la lumière, d'où résulte la formation des ombres et la fixation du dessin.

Voilà quelle est, selon moi, la théorie du procédé de M. Daguerre, procédé qui à la première vue paraît fort embrouillé, mais qui en y réfléchissant se comprend facile

ment.

Si ce travail, Monsieur, vous paraît de quelque intérêt, veuillez, je vous prie, l'insérer dans votre Journal.

G. BAYEUX.

RECHERCHES

EXPÉRIMENTALes sur L'ÉTAT COMPARATIf de l'urée en SANTÉ

ET EN MALADIE, et sur l'origine du sucre daNS LE DIABÈTE SUCRÉ.

Þar A. M. GREGOR, pharmacien de l'infirmerie royale de Glascow.

L'auteur de cette communication commence par donner le résultat de quarante expériences faites à l'infirmerie de Glascow, pour connaître la moyenne des matières solides et de l'urée que contient l'urine, et desquelles il résulte que sur mille parties d'urine, il y en a quarante de matière solide, et vingt à vingt et une d'urée.

Il était important de connaître, aussi exactement que possible, la quantité d'urée que peut rendre un individu bien portant pendant vingt-quatre heures, afin de pouvoir établir une comparaison avec ce que l'on observe dans différentes maladies; un cas observé dernièrement à l'infirmerie royale a fourni l'occasion de s'assurer de ce point, avec toute l'exac titude désirable. Un montagnard, àgé de dix-huit ans, présentait un vice de conformation dans la vessie qui remontait à sa naissance. La paroi antérieure de cet organe et les par2e Série. 6.

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ties qui la recouvrent, manquaient complètement, et on voyait à découvert la paroi postérieure recouverte de la muqueuse, d'où l'urine sortait goutte à goutte par l'orifice des uretères. On pouvait donc recevoir l'urine, avant qu'elle eût subi aucune décomposition, comme elle doit le faire, en restant dans un réservoir tel que la vessie, et d'où elle ne sort qu'à la volonté de l'individu. La quantité obtenue pendant douze heures se trouva peser trois livres un gros deux scrupules et deux grains, ou dix-sept mille grains. Mille grains traités par une méthode qui ne permet pas de perte importante, contenaient douze grains d'urée, en sorte que cet individu rendait par jour environ 328,5 grains d'urée en vingt-quatre heures.

Le diabète sucré est l'une des maladies pendant le cours desquelles on a cru le plus longtemps qu'il n'y avait pas d'urée dans l'urine; cependant le docteur Henry a prouvé que l'urine des diabétiques contient de l'urée, et M. Kan a démontré qu'elle en contient autant que celle d'un individu en santé ; le premier en opérant par la distillation, puisque le sucre que renferme l'urine des diabétiques ne permet pas d'y constater la présence de l'urée par l'acide nitrique; et le second, en traitant l'urine par de l'acide nitrique étendu d'eau, et plongeant le tout dans un mélange refroidissant de sel et de glace (1).

L'auteur, partant du fait démontré par le docteur Henry que la cristallisation du nitrate d'urée est empêchée par la présence du sucre dans l'urine, pense qu'en détruisant le sucre, il lui serait facile de se procurer l'urée à l'état de pureté. Il prit donc mille grains de l'urine d'un diabétique pesant

(1) L'auteur a oublié de dire que Barruel aîné a démontré, dès 1829, que l'urine des diabètes contenait de l'urée. (Journal ch. med., 1" série, tom. V, p. 12.)

1,040, et la fit fermenter avec un peu de levure; au bout de quarante-huit heures la fermentation était terminée, et la pesanteur spécifique était de 1,001; on fit évaporer, à l'aide de la vapeur, et l'on obtint vingt-quatre grains de matière solide, qui, traitée par l'alcool, fournit neuf grains d'urée.

La même opération répétée plusieurs fois, et avant que le malade eût encore subi aucun traitement, fournit les mêmes résultats et démontra que le malade rendait par jour 1,013 grains d'urée, tandis que l'individu bien portant, dont nous avons parlé ci-dessus, n'en rendait que quatre cent vingt-huit dans le même temps.

Un second cas de diabète s'étant présenté, dont le sujet rendait trente-trois livres d'urine en vingt-quatre heures, on constata qu'il rendait dans le même temps neuf cent quarante-cinq grains d'urée; un troisième diabétique, dont l'urine montait à quarante livres dans vingt-quatre heures, rendait dans le même temps huit cent dix grains d'urée; un quatrième malade affecté également de diabète sucré perdait, en vingt-quatre heures, cinq cent douze grains d'urée dans vingt-cinq livres d'urine. L'auteur dit avoir encore obtenu les mêmes résultats de plusieurs autres

et il en conclut avec raison que les diabétiques rendent en vingt-quatre heures une plus grande quantité d'urée que les personnes en santé, bien que cependant la proportion de cette matière dans l'urine y soit moins forte.

La proportion la plus forte d'urée que M. Mac-Grégor ait trouvée dans l'urine d'un diabétique, est de quarante-trois grains d'urée sur mille d'urine; le malade, depuis trois jours, ne vivait que de boeuf et d'eau. Chez quelques sujets bien portants, on a trouvé quelquefois trois grains d'urée pour cent d'urine.

L'urine albumineuse que l'on observe dans les cas de ma

ladie des reins, d'anasarque inflammatoire et quelques autres maladies, n'est pas privée d'urée, comme on l'a prétendu; et le docteur Proust a démontré que dans ce cas il y en existait toujours. Pour constater la présence de l'urée dans l'urine albumineuse, il faut d'abord coaguler l'albumine par l'ébullition, et la sécher sur un bain de vapeur. Le coagulum est ensuite coupé en tranches très minces, et divisé autant que possible, puis on le fait bouillir dans l'alcool que dissout l'urée.

Dans un cas d'urine albumineuse dont la pesanteur spécifique était 1,012, M. Mac-Grégor trouva 1,55 d'urée pour cent; dans un second cas, dont la il pesanteur était 1,010, trouva 1/2 pour cent d'urée; dans un troisième 1,1 pour cent d'urée: et enfin dans un quatrième huit pour mille: d'où il résulte que bien que, dans ces maladies, l'urée soit en quantité moins considérable dans l'urine, cependant il y en a réellement. Dans trois cas d'urine albumineuse où ce fluide a été soumis aux expériences précédentes, on a trouvé que les sujets rendaient dans les vingt-quatre heures, l'un trois cent vingt-deux, un autre cent quatre-vingts, et le troisième deux cent soixante-quatorze grains d'urée dans les vingt-quatre heures.

L'auteur a observé deux cas de diabète non sucré (diabetes insipidus), et a trouvé que l'un des malades rendait trois cent dix grains d'urée par jour, et l'autre quatre cents.

Dans trois cas d'ictère, il a trouvé dans l'un deux cent dix-sept, dans un autre trois cent vingt-cinq, et dans le troisième trois cent vingt-cinq grains d'urée par jour.

M. Mac-Grégor, après avoir rapporté deux observations de diabète sucré avec beaucoup de détails, rappelle des expériences très nombreuses qu'il a faites pour s'assurer si le sucre était formé dans l'estomac du malade pendant la diges

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