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on pas en chercher la raison dans sa promesse de livrer au public les deux nouveaux chants de Ver-Vert, dont l'évêque d'Amiens avait obtenu le sacrifice? Ajourner indéfiniment l'impression de l'édition promise, était effectivement la seule manière de pouvoir se libérer des engagements antérieurs, et retirer sa parole sans compromettre en rien la délicatesse de sa conscience.

Les libraires profitèrent des scrupules de Gresset, et l'année 1748 n'était pas écoulée, que trois nouvelles éditions de ses œuvres, toujours en deux volumes in-12, parurent simultanément sous l'indication de Londres et d'Amsterdam. Une autre édition porte le nom de Rouen, à la même date (1).

Le Père Daire assure qu'une édition du même format que les précédentes, s'imprima à La Haye en 1750, et que deux autres arrivèrent encore de Londres pendant les années 1751 et 1754 (2).

L'année 1755 produisit à son tour les deux volumes in-12 de celle qui porte le nom du libraire Édouard Kermaleck, de Londres, et il paraîtrait, d'après le n°. 729 du catalogue 'de la bibliothèque de Mme. de Pompadour, que cette édition a été réimprimée sous ce titre: A Chartres, en 1758, et probablement aussi dans d'autres villes en 1762, 1765, 1773 et 1782, puisque l'orthographe du nom que porte le libraire varie toujours ainsi le Kermaleck de 1755 est devenu Kelmarneck en 1758, 1762 et 1765, pour se retrouver Kermaleck en 1773, et reparaître une seconde fois comme Kelmarneck en 1782.

Indépendamment de la variation dans la manière d'écrire le nom du libraire, l'édition de 1765 porte au titre : Donnée

(1) Le volume est divisé en quatre tomes, suivant le Catalogue Delan, Paris, Barrois, 1755, in-8°. n°. 4556.

(2) Voyez Catalogues de Millet, no. 3536, et de Miromesnil, no. 795.

au public par l'auteur; ce qui est un mensonge de plus, puisque Gresset a persisté jusqu'à sa mort dans la résolution de ne donner lui-même aucune édition de ses œuvres.

En 1780, Cazin fit paraître à Paris, avec quatre gravures assez belles, pour le poème de Ver-Vert, les deux volumes in 8o. de son édition sous l'indication de Londres (1).

Les libraires associés d'Amsterdam se retrouvent, en 1787, avec leur édition de deux volumes in-12, qui est absolument la même, pour la distribution des matières et le nombre des pièces, que celle de Kelmarneck de 1765, à l'exception toutefois de la Lettre sur la Comédie, qui, en 1765, était à la fin du premier volume, tandis qu'elle termina le deuxième en

1785.

Jean Racine, libraire à Rouen, obtint, le 14 novembre 1787, une permission simple, en vertu de laquelle il fit paraître, en 1788, une édition des OEuvres de Gresset, revue avec soin, et augmentée de son éloge, par M. l'abbé Noël, professeur de l'Université de Paris au collège de Louis-le-Grand.

Pendant les jours néfastes de 1793, Volland fit une édition en deux volumes in-8°. (2), dont plusieurs exemplaires, format in-4°, sont aussi dans le commerce avec la date de 1794 (3).

En 1803, M. Fayolle confia aux presses de M. Didot l'aîné l'édition composée de trois volumes in-18, dont j'ai parlé plus haut à l'occasion de sa Notice sur Gresset, et qui reparut, en 1829, au moyen de nouveaux titres.

L'une des anciennes compilations de Hollande fut repro

(1) Le Catalogue de Morel-Vindé, no. 2573 indique cette édition sous le format in-18.

(2) Voyez Peignot, Manuel Bibliographique, page 146.

(3) Voyez le Catalogue de Boutoulin, no. 1869.

duite vers 1808, par un libraire de Nîmes, en deux volumes in-8°.

M. Renouard donna en 1811, avec un grand luxe de gravures, l'édition que Brunet indique comme la plus complète et la meilleure que nous ayons des œuvres de Gresset, et cependant il serait facile de prouver que, sous le rapport de la pureté du texte, elle est loin de valoir les éditions des différents ouvrages de Gresset, publiés isolément avant 1740,

Une édition stéréotype, d'après le procédé de Firmin Didot, et composée de deux volumes in-18, parut également en 1811.

C'est sur le plan de l'édition de M. Renouard, que les libraires Ménard et Desenne publièrent, en 1822, celle qu'ils firent pour la Bibliothèque française, en trois volumes in-18,

Pendant les années 1824 et 1826, Boulland et Louis de Bure transformèrent ces in-18 en 3 volumes in-12, pour la Collection des Classiques français.

Lecointe, en 1829, reprit le format in-18, et cette édition fait partie de la Nouvelle Bibliothèque des Classiques français.

Enfin 1830 nous procura les 2 volumes in-8°. du libraire Furne, qui furent même enrichis des gravures déjà données par Renouard.

C'est en 1781 qu'on entreprit à Paris, pour la collection d'Artois, la première édition in-18 des OEuvres choisies de Gresset, que différents libraires imitèrent en 1793 et 1794, puis plus tard en 1823, 1824, 1825, 1826 et 1829. Herhan la stéréotypa d'après son procédé en 1802, 1803, 1808 et 1812. Un libraire de Tulle réunit dans la même édition, en 1813, les OEuvres choisies de Gresset et de Boileau (1).

Enfin deux éditions, faites sur un plan différent des au

(1) Voyez Journal de la Librairie, 1813, no. 2445.

tres, parurent simultanément en 1835 (4); l'une appartenait à la Nouvelle Bibliothèque classique, et l'autre, comprenant seulement Ver-Vert, le Carême impromptu, la Chartreuse et les Ombres, semblait être la reproduction d'une collection du même genre qui parut en 1832 (2), sous le simple titre de Ver-Vert.

Les libraires ne firent aucune spéculation sur les OEuvres de Gresset en 1836 et 1837; ce silence fut rompu en 1838 par l'édition illustrée (3) de M. Houdaille, dont il a été question plus haut.

Malgré la longueur de cette notice bibliographique, je ne me flatte pas d'avoir indiqué toutes les éditions complètes ou choisies des OEuvres de Gresset, et bien certainement il en est plus d'une qui aura échappé à mes recherches, et que Gresset lui-même n'aura pas connue; car, comme on vient de le voir, il n'a participé à aucune des publications collectives de ses œuvres qui parurent de son temps; et, depuis sa mort, les entreprises de librairie dont elles ont été l'objet, furent toujours étrangères aux membres de sa famille; aussi leur exécution laissa constamment beaucoup de choses à désirer, et les différents éditeurs, moins occupés de la gloire de Gresset que de leur intérêt particulier, ne prirent jamais que celui-ci pour règle des additions ou des suppressions qu'ils exécutèrent avec plus ou moins de maladresse, et d'après le nombre de ces dernières, on pourrait presque dire que les éditeurs s'étaient donné le mot pour se conformer aux intentions de Gresset, qui, en jetant son portefeuille au feu, à l'époque de sa mort, sembla manifester, par cette ac

(1) Voyez Journal de la Librairie, 1835, nos. 1860 et 2667.

(2) Voyez ibidem, 1832, no. 2912.

(3) Voyez ibidem, 1838, no. 5786.

tion, le désir bien prononcé de voir toutes ses œuvres condamnées après lui à un entier oubli.

L'incurie des libraires fut, à cet égard, secondée par le malheureux hasard qui remit dans des mains infidèles une grande quantité de papiers dont on ignorait l'existence, et qui ont été trouvés, en 1794, sous un escalier de la maison que Gresset habitait au moment de sa mort. MM. de Longuerue, neveux de Mme. Gresset, qui étaient devenus propriétaires de cette maison et possesseurs des manuscrits en question, « obligés » de quitter Amiens, m'écrivait M. Gresset l'aîné (1), confiè» rent à M. D****** tous les papiers qui auraient dû être » rendus à la famille; le cadet mourut peu après à Orléans, » où il était commandant de la gendarmerie. L'aîné, que » nous avons beaucoup connu à Paris, où il est mort en » 1807 ou 1808, les a réclamés inutilement jamais il n'a >> rien pu obtenir de celui auquel il avait remis ces papiers, qui étaient en grand nombre; car, si M. de Longuerue ne » nous a pas trompés, il y avait de quoi remplir deux grandes malles; il s'y trouvait surtout une grande quantité 19 de lettres... Ne pourrait-on pas savoir ce que sont devenus, » à la mort de M. D******, ces papiers, auxquels s'appliquent » si bien ces mots: habent sua fata?...»

>>

D'après cette indication, des démarches furent faites, mais inutilement, auprès de la famille de M. D******; elle assura que les papiers communiqués à leur parent n'étaient probablement plus en sa possession au moment de son décès, et qu'elle ignorait ce qu'ils pouvaient être devenus.

L'un des journaux littéraires du temps (2) ayant fait connaître que ces papiers avaient été communiqués à l'Institut par M. D******, des informations furent prises avec beau

(1) Lettre du 29 mars 1853.

(2) Le Magasin encyclopédique, tome V, page 392.

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