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» Dans les bras de la joie, imprudent il périt,
» Et près du précipice il chante, il danse, il rit.

Pour éviter les piéges du tentateur :

D

⚫ Aimez Dieu, dans lui seul se trouve l'abondance,
» Des solides trésors il est la source immense,

De son sein libéral le bien coule à torrent,

Qui le possède est riche, il est noble, il est grand;

Il n'est point ici bas de fortune plus belle,

On l'acquiert dès qu'on veut le chercher avec zèle : » Un cœur qui le demande est sûr de l'obtenir, » Et la possession suit toujours le désir.

» Aimez et vous l'aurez.

L'aumône est un des moyens de plaire à Dieu :

D

Du toit des indigens éloignez le blasphême,

Faites-leur dans vos soins voir un Dieu qui les aime,

Que toujours dans votre âme ils trouvent sa bonté ;

⚫ Montrez que l'Eternel règne avec équité :

Pour le secours du pauvre il a fait l'opulence,

Pour le salut du riche il a fait l'indigence....

S'adressant, dans le cinquième chant, à ceux que Dieu place à la tête des peuples, le poète leur rappèle que:

» Plus on est élevé, plus les devoirs sont grands..........

Il dit plus loin que le luxe,

» Sous des dehors flatteurs dévorà l'opulence,

» Fit au riche, à briller sottement excité,

• Au milieu des trésors trouver là pauvreté.

A travers une foule de préceptes excellents, on distingue celui-ci :

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2o. Des Odes sur différents sujets moraux et religieux.

La strophe suivante, tirée de celle qui fut adressée à M. Sabatier (1), évêque d'Amiens, nous indique qu'il n'était pas un prélat de cour:

. Brillant séjour de la fortune,
Vous ne vites point ses désirs,
» D'une ambition importune,
» Chercher vos biens et vos plaisirs;
Avec son épouse chérie

» Son âme tendrement unie,
» Craignit toujours de la quitter;
» Seul objet de sa complaisance,

» Il regarda la moindre absence

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Ne peut on pas supposer que le passage si célèbre de la réponse de Gresset au discours de réception de d'Alembert, dans lequel il fit la critique des prélats de cour, n'était qu'une réminiscence de ces vers de son père ?

La dernière strophe de cette Ode, qui se termine par :

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est suivie de cette note de Gresset :

« Ces vœux ont été pleinement comblés par le saint et » aimable prélat.... (2) qui aujourd'hui.... »

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L'Ode adressée à M. *** pour le consoler sans doute de la mort de l'un de ses enfants, est une imitation des stances de

(1) Pierre Sabatier, nommé Evêque d'Amiens le 18 aoùt 1706, mourut le 20 janvier 1733, àgé de soixante-dix-neuf ans.

(2) Louis-François-Gabriel de la Mothe d'Orléans, sacré Evêque d'Amiens le 4 juillet 1734. Gresset perdit cet ami qui lui fut si cher, le 10 juin 1774, âgé de quatre-vingt-douze ans.

Malherbe, ayant pour titre Consolations à M. Dupessier, et certainement le créateur de la véritable poésie française n'aurait pas désavoué cette pensée :

"

Qu'est-ce que nos plaisirs? qu'est-ce que notre joie ?
» Un songe de la nuit!

La strophe suivante serait-elle indigne de lui ?

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Dans l'Ode sur le néant des choses de ce monde, j'ai remarqué ce passage:

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L'Ode sur la fortune renferme de belles idées : « Contem

» plez les maîtres du monde, » dit le poète,

n

. Au plus beau jour de leur gloire,

Quand tu verras la victoire

» Ceindre leurs fronts de lauriers,

» Perce la foule importune,

» Et vois si dans leur fortune

Ils ont des plaisirs entiers.

La strophe suivante est également à remarquer :

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3o. Lettre en prose et en vers, adressée à M. de Colangi, dans laquelle l'auteur met en opposition les plaisirs que l'on goûte à la campagne avec ceux que la ville présente. Tout en ayant l'air de donner la préférance au séjour de la ville, Jean-Baptiste Gresset fait la critique de la société d'Amiens, et il termine cette espèce de Satire en disant :

"Dans notre ville très-antique,

» L'on suit toujours même rubrique,

> Prou de sottise et peu de sens commun ;

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Esprits bien faits sont marchandises rares,

» Je me mets à genoux quand j'en trouve quelqu'un ;

» Mais pour des fats et des humeurs bizarres,

» De faux plaisans, des badauds, des avares,
» Vous en trouvez mille pour un.

4°. Les Paraphrases des Psaumes n°. 50, 90 et 102, ainsi que différents écrits en prose qui se rapportent à la religion et à la morale. On trouve dans celui qui a pour titre de l'Estime des Hommes, différentes pensées que je ne puis passer sous silence; n'a-t-il pas eu raison de dire:

« L'affectation gate tout, principalement quand il s'agit » de plaire. »

« Il n'y a pas d'homme si parfait qui ne donne quelque prise à la malignité. »

«En considérant la corruption du monde, je trouve que c'est une folie au sage d'en attendre l'approbation. »

« Un sage aux yeux du Ciel est souvent un sot aux yeux » des hommes. »

Je ne puis mieux terminer ce rapide extrait des écrits du père de Gresset, qu'en publiant le morceau suivant, qui sans doute faisait partie d'un discours prononcé devant Louis XV, au début de son règne. On pourrait croire, en le lisant, que c'est une page du petit Carême de Massillon qu'on a sous les yeux :

« La Vérité, cette fille du Ciel, si rarement écoutée des » Rois, et qu'il leur est cependant si nécessaire de connaître, » ne peut-elle pas avec confiance approcher du trône de » V. M., dans un temps où l'innocence de votre âge et cet >> heureux naturel dont le Ciel vous a orné, lui donnent de » si grandes espérances ?

» Destiné à faire le sort d'un grand peuple, de quelle im»portance n'est-il pas que V. M. connaisse les moyens qui » peuvent le rendre heureux.

» Tout dépend, Sire, des routes dans lesquelles V. M. va » porter ses premiers pas; vos premières démarches vont » faire la joie ou la crainte de la France; la connaissance de » vos inclinations va régler la conduite de vos courtisans et » former le plan de votre règne.

» Déjà tout est préparé pour saisir les premières affections » de V. M. la vertu, d'un côté, si profondément gravée » dans votre âme par les soins de ceux qui ont été chargés » de votre éducation; mais que de puissances rivales sont * déjà prêtes à lui disputer votre cœur? L'ambition avec * ses triomphes, la volupté avec ses plaisirs, trop redou› tables d'elles-mêmes, ont encore chacune une troupe de » flatteurs tous prêts à vous vanter leurs charmes dange

» reux..... »

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