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montrée par tant d'expériences? Cette idée finguliere, & vraiment heureufe, le conduit à conclure que la terre marneufe devant fa confiftance à ce cinquieme élément, il arrive que, lorfqu'elle eft étendue fur un champ, les vents, les neiges, les gelées, le foleil la font entrer en décompofition; que les pluies s'emparent enfuite de cette fubftance générative, & l'introduifent infenfiblement dans le fein de la terre, où les plantes la reçoivent avidement, & deviennent dès-lors plus fortes, plus vigoureufes, & plus productives. Cette théorie de l'amélioration des terres peut s'appliquer à tous les engrais. Ce traité donne une grande idée de la pénétration d'efprit de Paliffy, & de la force de fon génie; il peut être extrêmement utile aux cultivateurs.

Ce qu'il a écrit fur les fels, n'eft pas moins rempli de vues faines & étonnantes. Il fait voir les rôles multipliés que ces fubftances effentielles peuvent jouer dans la nature; il contemple les fels dans les végétaux, dans les matieres minérales, & dans les animaux, traite de leurs propriétés générales & particulieres, céJebre la vertu du fel alkali, pour la fufion des fubftances les plus intraitables, & donne un chapitre entier & féparé fur le fel commun, & fur les marais falans de la Saintonge, qu'il connoiffoit parfai

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temént, puifqu'à l'époque de leur établisfement, il avoit été appellé fur les lieux pour les deffiner : il entre dans tous les détails avec une précifion admirable, & tant de jufteffe & de netteté qu'on ne feroit point embarraffé, d'après fa description, d'en tracer le plan.

Son traité fur les eaux & fontaines contient une méthode ingénieufe pour conftruire des fontaines artificielles. Mais ayant d'entrer en matiere, il examine foigneufement les différentes qualités des eaux, les compare, les analyfe, & préfere les eaux de fource à celles de mare, de puits & de citerne. Il explique d'une maniere claire, les caufes des fontaines. naturelles, & prouve que leurs caux ne font que les égoûts des pluies qui filtrent à travers les terres, jufqu'à ce qu'elles aient trouvé une terre argillcufe, un fol pierreux, ou quelque minéral qui les retienne; il foutient il foutient que les eaux des fources fouterraines peuvent elles-mêmes éprouver des altérations occafionnées par des matieres falines, bitumineufes, &c. Il parle des aqueducs, & des ouvrages étonnans que les Romains avoient eu la hardieffe & le génie d'exécuter dans ce genre, examine, en paffant, les qualités des eaux minérales, & combat les empyriques de fon tems, qui les croyoient bonnes pour toutes les maladies ; il attribue la

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chaleur des eaux thermales aux matieres fulphureufes, aux charbons foffiles, aux bitumes, & à tous les corps inflammables qui fe rencontrent en abondance dans le fein de la terre; il expofe à cette occafion une théorie fçavante & ingénieufe fur les phénomenes que peut produire le mêlange de l'air, de l'eau & du feu qui fe combattent, & donnent lieu aux tremblemens de terre. Ce n'eft plus un potier de terre qui parle, c'eft un phyficien éclairé. Après cette digreffion, il revient aux moyens d'établir, à l'aide de fa méthode, des fontaines artificielles qui doivent imiter en tout celles que la nature nous fournit; & c'eft non-feulement dans les terreins les plus arides, mais même dans les terreins bas, comme dans ceux qui font élevés, qu'il offre de mettre en exécution fon projet.

(Le reste au journal prochain.)

Hiftoire véritable des tems fabuleux, &c.

L

DERNIER

EXTRAIT.

E premier roi dans Hérodote, Diodore de Sicile, Manéthon, &c., eft Menès, ou Noë, dont le nom hébreu s'écrit né,&

fignifie repos, ainfi que mnée, qui en dérive. Noë, le pere commun des peuples,

eft dans l'écriture, le premier homme qui regne en quelque forte; c'eft l'ayeul de Mefraïm, le pere immédiat des Egyptiens ceux-ci, en conféquence, ont pu, felon M. G., mettre Noë à la tête de leurs rois, comme l'ont fait d'autres nations qu'il cite: les traits de Menès prouvent, en effet, qu'il eft le même que Noë.

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Du tems de Menès, fuivant Hérodote toute l'Egypte n'étoit qu'un marais, à l'exception du feul nome, ou canton de Thebes, c'est-à-dire qu'elle étoit toute inondée, à l'exception de Thebes, & de fes dépendances.

Du tems de Noë, toute la terre fut inondée par les eaux du déluge; il n'y eut que l'arche, en hébreu thbe, ou, comme on prononce, thebah, qui fut exceptée de la fubmerfion. Il faut obferver que thbe eft le mot conftamment employé dans l'écriture pour exprimer arche.

Les Egyptiens, en général, général, vantoient beaucoup leur antiquité; mais, entre les Egyptiens, c'étoient ceux de Thebes, felon Diodore, qui fe donnoient pour les plus anciens de tous les hommes. Cette prétention des habitans de Thebes en particulier, eft une nouvelle preuve de ce qu'on a déjà vu, que, fur la reffemblance des noms, ils avoient pris pour leur vil le de Thebes ce qui convient à la thbe, qu arche de Noë.

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La thbe ou arche de Noë porta, en effet, dans fon fein, les peres de tous les hommes, &, par conféquent, les plus anciens de tous, du moins à dater du déluge, qui fut comme un renouvellement du genre humain; preuve frappante que les Egyptiens, fur la reffemblance du nom ont attribué à leur ville de Thebes ce qui convient à l'arche même, qui s'y trouva tranfportée.

- Diodore rapporte qu'on avoit conftruit un grand navire de bois de cedre, de 280 coudées de long, doré en dehors, & argenté en dedans, & qu'on l'avoit confacré au dieu le plus honoré à Thebes. Le même. hiftorien attribue la conftruction de ce navire au fameux Séfoftris; mais comme, d'après les remarques de notre auteur, ce prince eft le même que Jacob, on peut être affuré que ce navire n'étoit pas de Séfoftris. Dans l'Hiftoire univerfelle rédigée. en Angleterre, on obferve que ce navire doit avoir furpaffé en grandeur & en capacité les plus confidérables de nos vaiffeaux; leur royal fouverain n'a que 175 pieds fur le fecond pont, & qu'environ 70 pieds de largeur. M. l'abbé Guérin croit pouvoir ajouter qu'on ne trouve dans l'hiftoire d'autre exemple bien conftant d'un navire de, 180 coudées de long que la thbe ou l'ar-. che que Noë conftruifit par l'ordre, & fous la direction de Dieu même. Nous obferve

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