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de fa famille, ou autres qui voudroient y porter atteinte. Cet acte eft confervé dans les archives de Liege & de St. Hubert. Il ne feroit point étonnant, ajoute-t-on ici que l'évêque Otbert, homme entreprenant, à la faveur du titre de protection déféré à fon églife, eût répandu dans le public, après le départ de Godefroy de Bouillon, que ce prince lui avoit vendu ou engagé fon duché, & que,fur cette fimple affertion,

tous les écrivains du tems l'euffent cru. Quoiqu'il en foit, l'églife de Liege s'empara du duché de Bouillon. Renaud, comte de Bar, parent de Godefroy, propofa à l'évêque de le lui recéder aux offres de rembourfer la fomme qu'il juftifieroit avoir payée. Sur le refus de l'évêque, il lui déclara la guerre, affiégea, & prit la ville & le château de Bouillon en 1137. L'évêque fait deux voyages à Rome pour engager Innocent II à excommunier le comte de Bar, comme raviffeur des biens de l'églife. Renaud, de fon côté, fe rend auprès du pape, plaide fa caufe, & le pape prononce contre l'évêque de Liege. Celui-ci intéresse ses voifins dans une caufe qu'il a perdue auprès du pape, & de l'empereur Conrad III. Bouillon eft affiégé. L'évêque défefpérant de prendre le château, fait venir de Liege la châffe de St. Hubert, la promene avec bruit autour du fort, qui eft pris miraculeufement en 1141. Il ne fal

loit pas moins qu'un tel prodige pour gitimer fes prétentions. On ignore le tems où Liege en fut dépoffédé. En 1435, Jean Délos, feigneur de Heinsbergues, étoit, duc de Bouillon. Après lui, il paroît que ce duché paffa à Robert de la Marck. Son fils Robert II, dépouillé par l'archiduc d'Autriche Maximilien, en 1493, y rentra en 1496. En 1521, le comte de Naffau s'en empara pour Charles-Quint. Le maréchal de la Marck, à la tête d'un secours de 4000 François, & de 1200 chevaux, reprit la ville & le duché fur les Liégeois, à qui Charles les avoit remis. Bouillon leur fut rendu par le traité de Câteau-Cambrefis, mais à condition que les droits de la ducheffe de Bouillon, & des princes fes enfans, tant pour raifon de la propriété de ce duché, qu'à caufe des fommes à eux dues par les communautés du pays de Liege, feroient réfervés pour être jugés par des arbitres. L'évêque & les états de Liege, nonobftant cette claufe du traité, refuferent de convenir de ces arbitres. Cette ftipulation fut encore inférée dans le traité de Vervins en 1598, mais toujours inutilement. Tout ce que put obtenir Fréderic-Maurice I, duc de Bouillon, fut d'amener le chapitre & les états de Liege à tranfiger avec lui pour les créances qu'il avoit à exercer contr'eux. Cette tranfaction eft du 3 Septembre 1641. Les par

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ties y arrêterent de concert, que toutes les créances qui excédoient 200000 florins, feroient réduites à 150000. Elle ne devoit point tirer à conféquence pour les autres droits de Fréderic-Maurice. Quelque tems après, ce même prince céda à la France, à titre d'échange, qui ne fut confommé qu'ea 1651,les fouverainetés de Sedan & de Raucourt; mais par cet acte il fe réserva fes droits fur le duché de Bouillon. Il fut ftipulé que dans le cas où les parties de ce duché occupées par les Liégeois, feroient reprifes fur eux, elles lui feroient rendues. Louis XIV reprit effectivement le château de Bouillon, & les autres parties du duché, détenues par l'évêque de Liege. Godefroy Maurice, alors duc de Bouillon, fit valoir la réferve du contrat d'échange, ftipulée en faveur de fon pere. Le roi nomma des commiffaires, & fur le compte qu'ils lui rendirent de la juftice de la demande du duc de Bouillon, fa majesté, en exécution de la claufe de l'échange, & par un arrêt de fon confeil du 1er. Mai 1678, permit au duc de Bouillon de fe remettre en poffeffion de ce duché, pour en jouir en toute propriété, ainfi qu'en avoient joui fes prédéceffeurs, & depuis eux les évêques de Liege; remise qui fut confirmée fut confirmée par le traité de Nimegue.

Godefroy-Charles-Henri de la Tour d'Auvergne, aujourd'hui duc de Bouillon,

pair de France, &c., &c.,&c., eft né le 26 Janvier 1728, & a époufé, le 28 Novembre 1743, Louife-Henriette-Gabrielle de Lorraine. Il eft fils de Charles Godefroy de la Tour d'Auvergne, duc de Bouillon, décédé le 24 Octobre 1771, & de Marie-Charlotte Sobicska, princeffe royale de Pologne, & arriere-petit-fils de Godefroy-Maurice de la Tour d'Auvergne, duc de Bouillon, à qui Louis XIV avoit remis le duché.

BURLESQUE, adj. & fubf. m. ( Belleslettres, poéfie.) Tout le monde fçait ce qu'on doit penfer de cette forte de ftyle. Ĉeux même qui l'ont employé n'ignoroient pas qu'il fût contraire au bon goût. On ne s'avife pas de dire d'un déguifement grotefque qu'il n'eft pas à la mode. Sous l'enveloppe du burlefque, il peut fe cacher fouvent beaucoup de philofophie & d'efprit. Le but moral de ce genre d'écrire eft de faire voir que tous les objets ont deux faces; de déconcerter la vanité humaine, en préfentant les plus grandes chofes & les plus férieufes, d'un côté ridicule & bas, & en prouvant à l'opinion qu'elle tient fouvent à des formes. De ce contrafte du grand au petit, continuellement oppofés l'un à l'autre, naît pour les ames fufceptibles de l'impreffion du ridicule, un mouvement de furprise & de joie fi vif, fi foudain, fi rapide, qu'il arrive fouvent à

l'homme le plus mélancolique d'en rire tout, feul aux éclats, & c'eft quelquefois P'homme du monde qui a le plus de fens & de goût, mais à qui la folie & la gaîté du poëte font oublier, pour un moment, le férieux des bien féances. La preuve que Cette fecouffe que le burlefque donne à l'ame, vient du contrafte inattendu dont elle eft fortement frappée, c'eft que mieux on connoît Virgile, & mieux on en fent les beautés, plus on s'amufe à le voir travefti par l'imagination plaifante & folle de Scarron.

pas

Une confidération non moins philofophique, felon nous, c'eft de chercher parmiles nations, celles dont le caractere eft le plus avide de burlefque, & elle n'échappe pas à l'auteur. L'orgueil, pourfait-il, n'entend auffi bien la plaifanterie que la vanité; il eft jaloux de fon opinion, & chagrin, lorfqu'on le détrompe; auffi le burlesque fera-t-il toujours mieux reçu chez une nation vaine, que chez une nation orgueilleufe; mais,chez aucun peuple éclairé,il n'eft pas à craindre que le burlefque devienne le goût dominant, & l'Infanire licet fera toujours fans conféquence. (M. Marmontel.)

CABALE, f. f. (Police, Spectacle.) On appelle ainfi une efpece de milice que les amis ou les ennemis d'un poëte qui donne une piece de théâtre, vont lever dans

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