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Jes forêts ne font pas moins intéreffantes. «Peut-être, dit notre cultivateur phyficien, que la derniere ordonnance (relative aux forêts), en fupprimant tout droit de chauffage, a augmenté le mal en multipliant les tentations; mais le cœur s'ouvre au fentiment le plus doux, lorfqu'on y voit abrogée la peine de mort dont on puniffoit autrefois certains déprédateurs des forêts. Sans doute que l'intérêt perfonnel, mieux entendu, concourra avec l'humanité à modérer & à graduer encore les peines dont l'excès caufe l'impunité des délits. Où la voix de cette douce & utile philofophie fe fera-t-elle entendre, fi elle n'eft répétée dans un ouvrage qui doit raffembler les plus utiles lumieres? Eh! que n'a-t-elle des échos dans tous les livres, & dans tous les cœurs »?

Le régime des forêts inspire à l'auteur d'autres réflexions très-judicieufes pour leur amélioration, & leur repeuplement. Puis il revient à la culture des plantes,& enfeigne l'art d'enrichir la nature en la fubjuguant, art qu'il feroit tenté d'appeller inftitutions des plantes. Ses préceptes fur la culture des arbres fruitiers, du jardin potager, des prairies, des défrichemens, des labcurs, veulent être médités & lus de fuite. Cette efquiffe, déjà trop longue, nous oblige à paffer à l'ufage des plantes, & même à nous borner à cet égard à

quelques confidérations qui nous paroiffent frappantes. « Les plantes, dit-on, fervent d'alimens, de niédicamens, ou font propres aux arts & aux métiers, à la décoration des jardins, & aux complémens des collections curieufes & fçavantes ». Arrêtons-nous un moment fur leur vertu médicamenteufe. «Quoique les plantes, dit M. de T. par leur commerce avec le regne minéral, qui cause souvent dans l'homme une révolution funefte, ne puiffent que fe pénétrer de fes principes, ils y font tellement atténués, modifiés, édulcorés par la filtration, qu'elles femblent avoir été fpécialement destinées par la nature à la curation de nos maux. Combien donc n'eft-il pas déplorable que nous ayons fi peu de connoiffances fur la vertu des fimples? Le nombre de ceux auxquels on en a reconnu, eft fi petit en comparaifon d'une foule dont les propriétés ne font pas même foupçonnées, on en attribue de fi diverses aux mêmes plantes, & de fi femblables à des plantes différentes, qu'il faut regarder la thé rapeutique végétale comme très-défectueufe. A l'égard des plantes ufuelles, que l'on confulte plutôt l'expérience des plus grands médecins que l'étalage faftueux des pharmacopées, afin de n'annoncer dans leurs articles particuliers que leurs vertus les moins équivoques ».

M. le baron de Tfchoudy a fçu réunir

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dans cet article très-intéreffant, la nature même des objets dont il s'occupe aux principes didactiques d'après lefquels ils doivent être traités. D'abord on croit qu'on ne va lire que le plan qu'il s'eft tracé à luimême; mais en avançant, on eft agréablement furpris d'y trouver une théorie générale des mieux développées des plantes, enforte qu'avant d'arriver à leur defcription particuliere, on connoît déjà leurs befoins, fi l'on peut parler ainfi, la méthode de les cultiver, & les avantages qu'on peut en retirer.

BOUILLON*, autrefois Buillon (Geogr.), BULLONIUM, ville capitale du duché de ce nom, avec un château fortifié. Elle renferme dans fon enceinte un couvent d'auguftins, qui ont le college fondé par le vicomte de Turenne; dans le fauxbourg, dit de Liege, il y a un couvent de chanoineffes du St. fépulcre, & un prieuré de bénédictins de l'abbaye de St. Hubert, fondé par les anciens ducs de Bouillon. La ville & le château exiftoient dès le VIIIe, fiecle. Le pere Bouille, dans fon hiftoire de Liege, prétend que le château fut bâti en en 733 par Turpin, duc des Ardennes. C'eft le lieu de la naiffance de Godefroy de Bouillon: Wenceslas, roi de Bohême, &

* On ne fera point étonné de l'attention que nous nous devons de rapporter le précis de cet article, très-intáReffant pour nous.

duc de Luxembourg, vint y rendre hommage en perfonne, le 11 Juin 1359, de la terre & feigneurie de Mirwart, qu'il reconnut tenir à titre de fief-pairie du château de Bouillon. La terre de St. Hubert eft également un fief-pairie de ce château, & les foi & hommage de cette abbaye ont été prêtés aux ducs de Bouillon, fucceffivement jufqu'à-préfent. Il y a une cour fouveraine, dont des actes prouvent l'exiftence avant le 15e. fiecle. Dans la nouvelle édition du dictionnaire de la Martiniere, on fuppofe qu'elle fut établie en 1678. C'eft une erreur. La premiere guerre de Charles-Quint contre François 1, eut pour une de fes caufes, que l'empereur voulut prendre connoiffance d'un jugement rendu par ce tribunal, & par les pairs du duché de Bouillon, contre Emeri, feigneur de la baronie d'Hierges, l'une des 4 pairies de ce duché. Il appartenoit à Yves d'Ardenne, feule & unique héritiere de fa maifon, qui époufa Euffache II, comte de Boulogne, dont elle eut Godefroy, qui fut depuis duc de Bouillon, Baudouin, & Euftache III, comte de Boulogne. De la maison de Boulogne, fondue dans celle de la Tour d'Auvergne, defcendent les ducs de Bouillon d'aujourd'hui, & il paroît que c'eft fur cette defcendance maternelle, & comme étant aux droits de la maifon de la Marck, fouveraine de Sedan & de Bouil

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lon, dont ils ont époufé l'héritiere, qu'ils fondent leurs droits de propriété fur ce - duché. Les évêques de Liege ont, en différens tems, formé des prétentions fur Bouillon; mais ces prétentions ne font appuyées que fur le témoignage de quelques hiftoriens qui avancent que Godefroy de Bouillon vendit à un évêque de Liege fon duché, avant fon départ pour la terre fainte. L'un de ces hiftoriens dit pour 300 marcs d'argent, & un marc d'or l'autre pour 1300 marcs d'argent ; celui-là pour 7 mille marcs, celui-ci pour 1200 marcs d'argent, & trois marcs d'or. Ces contradictions prouvent manifeftement que ces auteurs n'ont rapporté cette vente prétendue que fur des bruits populaires, d'au-· tnt plus que les évêques de Liege n'ort jamais pu exhiber d'autres titres; & Fifen, à qui toutes les archives de cette ville ont été ouvertes, avoue de bonne foi qu'il n'en a pu découvrir le moindre veftige. Nunquam tamen, dit-il, inftrumentum venditionis Bullonii mihi videre licuit. Ce qui a fervir de fondement aux bruits popupu laires recueillis par les hiftoriens dont nous venons de parler, eft un acte de Godefroy de Bouillon, confenti par fa mere, par lequel ce prince met les fondations de fon ayeul maternel, & les fiennes propres dans le duché de Bouillon, en faveur de l'abbaye de St. Hubert, &c., fous la protection de l'églife de Liege contre tous ceux

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