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Supplément à l'Encyclopédie, ou Dictionnaire raifonné des fciences, arts, & métiers, &c. 2e. vol.

Dans l'article BOSQUET, dont nous a

vons rendu compte dernierement, M. le baron de Tfchoudy a peint la nature agréable, embellie par l'art, avec toutes les graces du ftyle, tout le pathétique du fentiment. Il s'éleve à la hauteur de fon fujet, prend le vol de l'aigle, & femble planer avec majefté au-dessus du grand laboratoire de cette même nature occupée à reproduire les végétaux, fous le mot

BOTANIQUE, (ordre encyclopédique, fcience de la nature, fcience des végétaux.) Après avoir obfervé que jufqu'àpréfent perfonne n'a donné dans un feul traité l'ensemble de la botanique, il cherche le moyen de le préfenter dans ce fupplément. Il convient que ce moyen eft difficile à trouver. L'ordre abécédaire, ditil, interrompt ce fil qui tient toutes les parties d'une fcience dans une dépendance mutuelle, brife ce rayon de lumiere qui la pénetre, qui fe nourrit de leurs refiets, &z qui, s'accroiffant toujours dans fa marche, devient enfin capable d'éclairer tout le globe de la fcience, & de montrer même au loin fes terres inconnues. Cette difficulté n'eft

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qu'apparente. Le traité le plus méthodique a fes divifions & fubdivifions; que cellesci foient contigues ou non, il n'importe pourvu qu'on puiffe les trouver, & les ranger aifément. Il ne s'agit que de conferver entr'elles les rapports convenables ; d'où il fuit, ajoute-t-on, que les articles d'une fcience traitée dans un dictionnaire, doivent être, autant qu'il eft poffible, compofés par le même auteur, ou du moins fur un même plan. De plus, cet auteur doit travailler fur le même canevas dont il fe ferviroit pour faire un traité complet, & fes articles rapprochés doivent en former un en effet; tel eft fommairement l'idée d'après laquelle M. de T. a travaillé les fiens. Suivons-le dans cet article où il fait connoître plus particulierement sa mar

che.

La botanique, bien entendue, comprend la nomenclature, l'hiftoire naturelle, la phyfique, la culture & l'ufage des plantes. Elle a fous fes loix l'agriculture & le jardinage. La nomenclature a fes abus, & pourroit, néanmoins, devenir une science exacte. C'eft ce que l'on examine dans l'article général Méthode, qui doit dépendre de l'article Plante. Dans le premier, on fait fentir que ces cadres appellés fyflémes font infufhfans pour la chaîne des êtres; mais, en même tems, combien l'efprit a befoin d'être aidé par des divifions pour

s'élever à une vue générale de la nature! Les dénominations génériques, les fynonymes, les phrafes font les parties de la nomenclature. On les adopte en françois, en latin, en allemand & en anglois, felon que l'une ou l'autre de ces langues mérite la préférence; mais on fe fait un devoir de relever les erreurs ; il les faut extirper du champ d'une fcience, avant de le culti

ver.

De ces idées fur la nomenclature, inventaire du regne végétal, qui conduit à une premiere vue des plantes, on passe à l'étude plus approfondie qu'il faut en faire pour les connoître à fond, & furtout pour les bien décrire. Outre cette defcription, leur hiftoire natur lle renferme encore une partie qui confifte à fçavoir leur pays natal, fa température, l'expofition, & le fol où elles croiffent, &c. Ces deux parties font traitées dans leurs articles particuliers. Leur phyfique, au contraire, eft du reffort de l'article le plus général, puifqu'elle a pour objet les loix de la végétation, &c. C'eft, fans doute, une des connoiffances les plus utiles & les plus intéreffantes: elle fuppofe une exacte anatomie des organes de la plante, où l'on fe plaît à reconnoître l'ébauche de l'animal. Elle marche à l'appui d'une fuite d'expériences ingénieufes propres à découvrir la nature, & le mouvement des fluides qui pé

netrent & animent le végétal, &c. Suit une courte notice des progrès de cette phyfique, & de ceux qui lui reftent encore à faire. Enfuite, on rend compte des objets qu'on a compris fous l'article Plante, qui eft comme le centre de tous les autres. De plus, on confidere dans cet article la férie des végétaux, d'une maniere philofophique. On y voit la nature s'eflayer, dans de groffieres ébauches, à deffiner chacun de leurs organes, les perfectionner dans de nouveaux types, les raffembler dans d'autres modeles, & s'élever ainfi, de nuance en nuance, jufqu'au fommet de l'échelle végét ale.

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Ces êtres vivans organifés qui prennent leur nourriture fans pouvoir la choifir, qui font foumis aux variations de l'atmofphere, font attaqués par différentes maladies qui ont des articles exprès. Outre la nomenclature, l'hiftoire naturelle, & la phyfique des plantes, il eft encore une connoiffance néceffaire à leur culture. On doit , pour ainfi dire, les interroger en les foumettant à diverfes expériences, pour effayer le goût de chacune relativement aux effets des rayons folaires, de l'ombre, des météores, & furtout à l'égard des terres. Il s'en faut bien, felon l'auteur, que l'on ait encore de celles-ci, les connoiffanCcs qu'exigeroit une culture bien entendue. Il defireroit une bonne nomcnclature des

fols, qui pût aider l'agronome à tranfmettre, d'une maniere claire & précise, l'efpece & la qualité de ceux où il a tenté fes expériences. Il trace avec beaucoup d'intelligence le plan de ce grand ouvrage; & en attendant qu'il foit fait, il indique dans les articles particuliers des plantes, les précautions qu'il a prifes pour y fuppléer; delà il paffe aux abris naturels & artificiels, pour conferver les arbres ou arbuftes demi-durs, & à la maniere de les multiplier. « Pour y parvenir, pourfuit M. de T., on a d'abord obfervé les différentes facultés de reproduction dont les a doués la nature; mais les germes qu'elle répand avec une fi magnifique profufion, ne tombent pas toujours dans des matrices convenables, ou leur développement eft fouvent contrarié par nombre d'obftacles. Il appartenoit à l'industrie de l'homme de placer ces germes dans les circonftances les plus heureufes, & de les mettre à l'abri des accidens»...C'eft ce qu'elle a obtenu par la greffe, la marcotte, la bouture, le femis, le furgeon, qui ont leurs renvois à l'article Arbre. Quand on s'eft procuré des éleves, on plante pour former des fujets, ou pour placer des fujets formés. Dans le premier cas, on fait une pépiniere; dans le fecond, une plantation; leur théorie & leur pratique font développées avec étendue & clarté, fous ces mots. Les confidérations fur

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