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de regarder comine ennemis commuus tous ceux qui le feront de Sa Majefté Imperiale*, de venger la moindre infulte, le moindre dommage: c'eft à dire la moindre atteinte à la libre Navigation de la Compagnie d'Oftende. Il eft vrai que ces menaces font accompagnées, de la part de la Cour de Madrid de la réïteration de l'offre de fa Médiation; mais c'est une Médiation qu'on nous offre à la pointe de l'épée, & après s'être déclarée en faveur de l'établiffement dont l'en. tière fupreffion devroit être le fruit d'une Médiation impartiale.

On ne daigne pas feulement s'en tenir, à notre égard à l'ufage des Prédéceffeurs mêmes de Sa Majesté Catholique, qui, nez Ef pagnols, écrivoient cependant toujours à l'Etat dans la Langue qui nous eft familiere. La Lettre que nous recevons aujourd'hui eft au contraire non fenlemeut écrite en Efpagnol, mais on s'y fert de la Signature, Yo el Rey, contre laquelle il eft connu, que nous nous élevâmes hautement dans le tems de la Négociation que termina la Trêve de 1609. comme d'ufage feulement à l'égard des Sujets de Sa Majefté Catholique.

Il ne falloit pas cependant faute de divulgation de cette Lettre perdre le grand fruit à en attendre fur les efprits de tous nos Membres. En même tems, & avant même que l'Etat la reçoive en Espagnol, des Exemplaires en Hollandois adreffez d'Espagne la mettent dans les mains dn Public en Langue vulgaire.

L'harmonie au refte, qui anime fi pleine

* Lettre du Roi d'Espagne du 28. Janv. 1726.

ment

ment du même efprit les Cours de Vienne & de Madrid, doit nous raffurer, contre le reffentiment à craindre du peu d'effet qu'a eu cettre Lettre pour fufpendre nos réfolutions.. Cette harmonie nous promêt de nouvelles Lettres de la Cour de Madrid, ou nous ré. connoitrons le ttile radouci du Comte de Konigsegg. Peut-être même qu'à fon exemple. fur le changement du Latin au François, on voudra bien ceffer de nous écrire en Espagnol. Qui fçait feulemen: fi ces demonstrations de condelcendance n'arriveront pas ici de Madrid dans le tems où quelque nouveau mouvement de mauvaise humeur, dont on n'aura pû encore être inftruit en Espagne, aura peut être fait retourner le Comte de Konigsegg au ton menaçant?

Cependant les premieres demarches de Amballadeur d'Espagne, enfin arrivé, nous annoncent déja le ton radouci de la Cour de Madrid. Il parle avec effufion de cœur du peu de fuccès qu'il s'eft promis de tout ce qui a été mis en ufage jufques ici pour détourner la République d'acceder au Traité d'Hanovre. Il va même jufqu'à en blamer librement le ton. Il n'a employé neuf jours à venir de Bruxelles ici que pour éviter de le trouver chargé de la présentation d'une Lettre, dont il prevoyoit d'avance tout le mauvais fuccez. C'est un Miniftre consommé, nourri dans les anciennes maximes d'Espagne, & qui ne fe contraint pas trop même fur le nouveau fyftème& qui prevant aujourd'hui. Loin de faire: paroître aucune amertume fur le peu d'effet de la derniere Lettre venuë de Madrid pour retarder la résolution des Etats de Hollande, il fe T3

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propofe d'entrer en conference fans delay, & nous annonce déja fon entrée publique. eft vrai que l'on ne s'eft pas tellement repofé. fur la confiance que nous pourions prendre dans cette nouvelle elpece d'infinuation. qu'on n'aye fongé à fe menager encore d'autres reffources. On tente donc en mêmetems d'attirer la negociation au loin, & on accompagne la Lettre du Roi Catholique aux Etats Généraux d'un Memoire du Secretaire d'Efpagne par lequel il preffe l'Etat d'envoier un Plein-pouvoir à notre Ambaffadeur à Madrid, pour qu'il puiffe y entrer en conference avec Mr. le Comte de Konigsegg Ambafladeur. de Sa Majesté Imperiale... & y finir fous la Mediation de fa Majefté Catholique plus promptement. . . . les differends furvenus entre l'Empereur & Meffieurs les Etats Généraux à l'occafion de l'Octroi accordé à la Compagnie d'Oftende. a

Depuis trois mois on nous preffe par des inftances réïterées, par Memoires fur Memoires, de fufpendre au moins (Saltem) nos réfolutions fur l'acceffion au Traité d'Hanovre jufqu'a l'arrivée du Marquis de St. Philippes. Ce Miniftre tant annoncé arrive enfin, & le jour qu'il met le pied fur les terres de la République, eft le moment que l'on choifit pour demander qu'il foit envoyé un plein pouvoir à notre Ambaffadeur à Madrid, qui y transfere la negociation. Qui ne voit l'illufion à fon comble? ajoutons y le proverbe Italien, qui dit que ce qui fe pardonne le moins à autrui eft le tort où on se trouve à

Memoire de Dom Oliver du 6. Fevrier 1726.

fon

fon égard. Que de fujèts en ce genre la Cour de Vienne n'a-t-elle point de ne nous pas pardonner? Et que n'y aura pas deja adjouté le reffentiment de fe voir forcée par les prémieres demonftrations du penchant général de la République pour l'Alliance d'Hanovre à fe montrer enfin attentive à nos plaintes, elJe, qui jufqu'au tems où on nous a invité de prendre part à cette Alliance, n'avoit même jamais daigné nous répondre, & qui loin de fe contenir fur la répréfentation de nos griefs fe preparoit à les aggraver à la faveur des ftipulations éxigées de la Cour de Madrid par le Traité de Commerce conclu à Vienne, au mépris non feulement de tout le refte d'égards à nos interests les plus effentiels, mais de la fɔi des Traitez qui les affure.

Ce n'eft donc pas feulement la réparation à obtenir de nos griefs fur le Commerce qui nous preffe de prendre part à l'Alliance d'Hanovre, mais plus encore la néceffité de nous donner un apui, qui en forçant la Cour de Vienne à rentrer à notre égard dans les termes d'une justice & d'une confideration que nous avions lieu d'attendre d'Elle à tant de titres, la mette pour l'avenir hors d'état d'en fortir. Je fuis, &c.

Quatrième Lettre du même au

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même,

E Comte de Konigsegg ne fe laffe pas de préfenter des Memoires. Il vient encore de nous en fournir un feptieme. Il y rabat, à la verité en notre faveur de fes premières prétentions. Il nous fait grace de l'acceffion au

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Traité de Vienne dont il ne nous parle plus, & il fera bien content pourvu que nous nous abftenions auffi de prendre part à Alliance de Hanovre.

Il s'étoit même déja livré à l'Esperance à cet égard, Espoir, dit-il, dans lequel le foaffigné à été confirmé (a) &c. Le bruit cependant qui fe repand de tous côtez que Meffrs. les Etats de la Province d'Hollande auroient donné leur confentement à l'acceffion au Traité de Hanovre. joint au filence de Leurs Hautes Puiffances fur le dernier Memoire du fouffigné lui donne quelque inquietude & l'obligé de retirer fes exhortations (b) en les reiterant il doute fi peu du fuccès, que le fouligné est entièrement perfuadé que nonobftant la refolution de la Province de Hollande, Leurs Hautes Puiffances felon leur prudence fi connue & qui a fi fouvent éclatée, prefereront. fans doute, les offres de Sa Majesté Imperiale (c) &c. Mais pourquoi ne nous difoiton pas dès le premier jour qu'on étoit autorifé à faire des offres? Que penfer en les voïant ainfi se produire à regrèt, à l'extremité, & notre République, qui ouvre enfin les yeux fur la néceffité de la regarder encore de quelque poids dans l'Europe?

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Le Comte de Konigsegg aïant donc changé de langage nous affure, qu'en effet, il eft autorisé à offrir au nom de Sa Majesté Imperiale de donner les mains aux temperaments & modifications par lesquelles le Commerce de fes peuples des Pais Bas aux Indes pourroit étre réglé fur un pied qui puiffe, s'il je peut, contenter

(a) 7. Memoire du Comte de Konigsegg.
() idem.
(c) Idem.

Lears

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