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18 Toutes les Puiffances de l'Europe aprirent avec fatisfaction & plaifir, qu'enfin la Paix devenoit univerfelle par la reconciliation de l'Empereur & du Roi d'Espagne, & chacun penfa fur ce fujèt comme s'exprimerent les Etats Généraux des Provinces Unies en déclarant *,,, qu'ils pouvoient témoigner avec ,, vérité, qu'ils avoient apris que la Paix entre Sa Majesté Impériale & Sa Majesté Catholique avoit été concluë, fans qu'ils en euffent pris aucun ombrage, ni aucune ja loufie, & qu'autant que Sa Majesté Catholique à bien voulu facrifier quelques-uns de fes propres interêts à la tranquillité publique, ils regardoient ce facrifice comme un effet de l'Esprit pacifique de Sa Majesté, & comme une action très-loüable: foubaitant que cette paix, & ce repus public puif,, fent fubfifter longues années.,, Mais le Traité de Commerce, qui fuivit cette Paix, ne fut point reçu de même; les Puiflances, dont les Sujets tirent toutes leurs forces & leurs richeffes du fond de leur négoce, s'en allarmèrent, & trouvèrent que les intérêts d'autrui, & particuliérement ceux du Commerce, y étoient facrifiez.

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2.9

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Outre ceci on fut informé du Traité fecret d'Alliance, & comme les Parties contractantes eurent grand foin de le tenir caché, il fe peut faire que les copies que l'on en a pu attraper, n'étoient pas fidéles; mais le contenu de ces copies fe trouvant d'accord avec certains difcours inconfiderez que tint le Duc de Rip

Dans une Réponse ou Memoire du Marquis de St. Phi

lippe Ambaffadeur d'Espagne du 16. Mars 1726.

Ripperda, on jugea que ces nouveaux Alliez ne s'en tiendroient point là, & que fortifiant leur Alliance par l'acceffion de quelques Potentats, ils pourroient enfin donner la loi.

On favoit combien l'Espagne étoit irritée contre la France: la Grande Bretagne & la France Mediatrices au Congrès de Cambray fe voyoient jouées par la conclufion de ce Traité negocié à Vienne, pendant qu'on les amuloit au Congrès par des difficultez & des obstacles infurmontables, en aparence, mais que Ripperda applaniffoit fans peine avec les Miniftres Imperiaux. Enfin le mecontentement du paffé & la crainte de l'avenir réunit les Rois de France & de la Grande-Bretagne: & dans un voyage que fit Sa Majesté Britannique à Hanovre*, où le Roi de Pruffe fe rendit, on entama une négociation dans laquelle le Roi de la Grande-Bretagne engagea ce Prince fon gendre.

Le Duc Régent étoit mort, & le Duc de Bourbon étoit alors principal Miniftre de Sa Majefté Très Chrêtienne, il perfectionna ce que le prémier avoit commencé, & la France vit enfin ce qu'elle avoit fouhaité depuis longtems, ce pourquoi elle avoit depensé en vain des fommes immenfes fous le regne précedent, en un mot elle fe vit intimement unie avec lá Grande-Bretagne; tout le fit de concert, & fans examiner quels en furent les rafforts, il fuffit que l'intérêt commun des deux Couronnes ferrales noeuds de cette union & que l'on

* En Juin 17251

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conclut à Heerenhaufen près de Hanovre le Traité d'Alliance defenfive que voici.

Traité d'Alliance defenfive entre Leurs Majeftez les Rois de France, de la Grande-Bretagne & de Pruffe, conclu à Heerenbaufen le 3. Septembre 1725.

L

Au Nom de la Très-Sainte && indivifible
Trinité.

Eurs Majeftez le Roi de la Grande Bretagne, le Roi Très-Chrêtien & le Roi de Pruffe aïant vû avec plaifir combien l'union étroite qui fubfifte entre Elles, a contribué non feulement au bonheur de leurs propres Royaumes & Sujèts, mais auffi au bien & à la tranquilité publique, étant perfuadées en même tems qu'ils n'y a point de moïen plus propre à affurer & affermir les mêmes avantages contre tous les évenemens qui pourroient naitre, que de ferrer de plus en plus ladite union & de la rendre indiffoluble ; Et ayant réfléchi murement fur tous les Traitez qui fubfiftent entre Leurs dites Majeftez (aux quels Elles déclarent qu'elles ne veulent, par le préfent Traité, deroger en aucune manière) Elles ont trouvé bon de prendre d'avance de nouvelles mesures, pour les Cas où il pourroit arriver quelques troubles dans l'Europe, en convenant entre Elles de ce qui feroit nécessaire non feulement pour la feureté & les intérêts

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effentiels de leurs propres Royaumes, mais auffi par rapport au bien & à la tranquilité publique. Par ces confiderations & dans cette vue leurs dites Majeftez Britannique, TrèsChrétienne, & Pruffienne ont donné leurs pleinpouvoirs, favoir S. M. B. au Sr. Charles Vicomte de Townshend, Baron de Lynn, fon Lieutenant dans le Comté de Nortfolck, Chevalier de l'Ordre de la Jarretière & fon Secretaire d'Etat. Sa Majefté Très - Chrétienne au Sr. François Comte de Broglio Lieutenant Général de fes Armées, Directeur Général de fa Cavalerie & des Dragons, Gouverneur de Mont-Dauphin & fon Ambaffadeur auprès dudit Séréniffime Roi de Grande-Bretagne, & Sa Majesté Pruffienne au Sieur Jean Chriftophle de Walenroit Son Ministre d'Etat, & fon Envoyé Extraordinaire auprès dudit Séreniffime Roi de la GrandeBretagne; lefquels en vertu defdits pleinpouvoirs (dont les Copies feront inferées de mot à mot à la fin du préfent Traité) aïant pesé avec toute l'attention poffible les mefures, les plus propres pour parvenir au but que Leurs dites Majeftez fe propofent, font convenus des Articles fuivans.

I. Il y aura dès à préfent & pour tout le tems à venir une Paix véritable, ferme, & inviolable, une amitié la plus fincere & la plus intime, & une Alliance & union la plus étroite entre lefdits trois Séreniffimes Rois leurs Héritiers & Succeffeurs, Leurs Etats, Païs, & Villes fituées fur leurs terres refpectivement & leurs Sujèts & habitans tant dedans que dehors l'Europe, & ils feront cultivez & conservez de maniere que les parties

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contractantes puiffent avancer fidelement leurs intérêts & avantages réciproques, & prevenir & repoufler tous les torts & dommages par les moyens les plus convenables qu'elles puiflent trouver.

II. Comme c'est le véritable but & intention de cette Alliance entre lefdits Rois de conferver mutuellement la paix & la tranquilité de leurs Royaumes refpe&tifs, leurs Majeftez fufdites s'entre-promettent leur garantie réciproque pour proteger & maintenir généralement tous les Etats, Païs, & Villes, tant dedans que dehors l'Europe, dont chacun des Alliez fera actuellement en poffeffion au tems de la fignature de cette Alliance auffi-bien que les droits, immunitez, & avantages & en particulier ceux qui régardent le Commerce, dont lefdits Alliez jouïffent, ou doivent jouir respectivement. Et pour cette fin lefdits Rois font convenus que fi, en, haine de cette Alliance, ou fous quelque autre pretexte, aucun defdits Alliez étoit attaqué hoftilement ou qu'il fouffrit quelque tort dans. les chofes ci-deffus fpecifiées, par aucun Prince ou Etat quelqu'il foit, les autres Alliés employeroiont leurs bous offices pour faire faire raifon à la partie léfée, & pour porter l'aggreffeur à s'abftenir d'aucune hoftilité ou tort ulterieur.

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III. Et s'il arrivoit qu'aucune des parties contractantes fut attaquée ouvertement ou qu'elle fut troublée dans les cas fufdits, & que les bons offices ci-deffus mentionnez ne fuflent pas aflez efficaces pour procurer aucune jufte fatisfaction & réparation pour les torts & dommages faits à la partie le

fée,

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