et l'art des sophismes, et l'art de les repousser. L'intérêt de cet ouvrage ne sera donc point borné aux circonstances qui l'ont fait naître. La collection qui les renferme sera pour les âges à venir une espèce de dépôt d'armes, dont l'utilité se fera sentir alors sur tout que la religion aura des combats à soutenir contre l'erreur ; et sommes nous dans des tems ou il faille espérer la paix? Il suffira de marquer quelles flêches sont empoisonnées. Tout le reste, on peut s'en servir; elles sont à l'épreuve; elles sont signalées par plus d'un triomphe.

Telle pièce intéressante, d'ailleurs, mais qui échappoit aux recherches des curieux, soit par son ancienneté, soit parce qu'elle avoit été rare dès sa naissance, retrouvera ici la publicité qu'elle mérite.

Interressante par ses détails, combien cette collection doit l'être sur-tout par son ensemble !

S'il étoit écrit dans les arrêts du ciel, que le premier des ordres de l'état restera écrasé sous les coups du despotisme dechaîné contre lui; François catholiques, vous le trouverez dans ce mounment décerné à sa gloire. Il y reparoitra tout entier à

vos yeux, tel qu'il fut aux plus beaux jours de ses triomphes; que dis-je, plus glorieux que jamais, puisque jamais il ne fut autant persécuté; dépositaire des plus augustes intérêts, interprète de la vraie morale, et fait pour sauver l'empire, si l'empire eût pu être sauvé. eh quoi ! son existence étoit-elle donc si nécessaire à l'état, qu'au moment où il cesseroit d'être, à ce momeut là fut marqué le terme fatal de la dissolution de tout l'empire et comment? par les secousses violentes qu'imprimeront à la machine politique et des factions qui n'auront plus de fins, et l'inquiétude dés esprits, sans cesse emportés ça et là par tout vent de doctrine ( 1 ), et le dé bordement des mauvaises mœurs désormais sans digue qui les arrêté . Etoit-ce là cette colonne fondamentale dont la chûte devoit entraîner celle de l'édifice entier?

Il demeurera donc prouvé pour les siécles à venir, que l'anarchie des opinions religieuses est une calamité tout aussi funeste que l'anarchie dans le gouvernement politique, et que le plus florissant empire ne sera bientôt plus qu'un spectacle de pitié,

(1) Eph. 4, 14.

quand la religion y séra mise en probléme, et qu'il n'y aura plus de ministres que pour être avilis.

lci du moins le clergé se trouvera inaccessible à la haine de ses oppresseurs; ici désormais impassible comme la religion, c'est au sein même des ignominies, et de ses défaites apparentes, qu'il puisera les germes féconds de l'immortalité; pour n'être plus le premier ordre de l'état, peut-être, il n'en sera pas moins le plus durable; et ce n'est avoir rien perdu, que d'avoir conservé, au milieu du naufrage universel, l'honneur et la foi.

D'après ces réflexions qu'il seroit possible de pousser plus avant: on sent combien doit avoir de prix, un dépôt dans lequel se rassemblent ces monuments en foule et du génie et de la vertu, par lesquels le clergé de France a su échapper aux ravages de la révolution..

Isolés, ils alloient se confondre et se perdre avec ces pieces ephemères dont le souvenir s'évapore avec les circonstances qui les ont fait naître; leur réunion, en les appuyant l'un par l'autre, leur communiquera une force nouvelle, et les portera plus su

rement à la postérité. Faute d'une main qui les ait recueillis, que sont devenus tant d'écrits composés pour la défense de la foi de Nicée, par un Maximin évêque de Trèves, et son successeur Paulin, Philogone à Antioche, Cyriaque dans la Mysie, Pistus et Aristée en Grece, Silvestre et Protogene en Dace, Leontius et Eupsychius dans la Cappadoce, Cecilien d'Afrique, Eustorge d'Italie, Capiton de Sicile, Macaire de Jérusalem, Alexandre de Constantinople Pedarote d'Arménie, Loup et Appien de Cilicie les eloges d'un St. Athanase ? n'ont pu sauver leurs titres mêmes de l'oubli.

Sous le rapport de l'éloquence, que de choses glorieuses nous aurions à dire des défenseurs de la cité sainte, si des vertus qui ont tout sacrifié pour le ciel, avoient besoin de cette périssable immortalité que nous promettons aux chefs-d'oeuvres du génie humain! Oh! combien l'orgueil paroîtroit ici légitime, puisque la supériorité en fait d'éloquence s'est manifestée pour nous avec tant d'éclat lisez et comparez d'un côté des principes qui jusqu'alors avoient parus au moins des problêmes, des conséquences sans bonne foi, des textes

ou dénaturés ou détournés en sens contraires; de l'érudition alors seulement qu'ils copient un ou deux ouvrages des modernes hérétiques; de l'éloquence, alors qu'ils s'emportent en de violentes déclamations; des écrits où l'on nous parle de l'antiquité comme certains voyageurs de pays outre-mer, où ils savent bien que le commun des hommes n'ira point vérifier leurs relations; tout cela est prouvé, tout cela est resté sans replique; pour en donner à l'instant même la preuve par un exemple des mieux caractérisés, rendons graces au nouvel évêque de Quimper, de nous avoir donné dans son instruction pastorale la réunion des sophismes et des erreurs volontaires ou non, peu importe, que nos gens (1) de la nouvelle église se passent de main en main.

Cependant avec des moyens si foible's quoique fortifiés par les liens de la haine anti-religieuse, on a séduit les peuples, et tous les jours le bandeau s'épaissit sur nos yeux. Explique donc, qui pourra, ce mystère d'aveuglement, autrement que par les vues se crettes d'une providence irritée contre nous;

(1) Expression de Melanchton.