alors même qu'ils en déchirent le sein; mais pour se trouver sur des lèvres hypocrites, cette doctrine n'en est pas moins vraie; Calvin l'avoit puisée à la source de ces oracles éternels: puisque Jésus-Christ est un, donc la foi est une. (Eph. 4. 3.) puisqu'il est un seul fondement, un seul qui est Jésus-Christ, donc il falloit observer mûrement ce que l'on bâtissoit. (1 cor. 3. 19.) Aussi , graces en soient rendues au céleste pontife de notre foi. (Heb. 3. 1.) A peine le mystère d'iniquité s'est-il laissé reconnoître, quelle sainte association dans tous les membres du clergé de France! quelle auguste et majestueuse confédération, redoutable comme une armée rangée en ordre de bataille. La voix des pasteurs a retenti, partout la même, et pour qu'il ne manque rien aux caractères de la vérité, cette voie écuménique est devenue l'expression mêmé de celle de Jésus-Christ, par la bouche de son vicaire. Sublime prérogative, qui ne se retrouve nulle part hors de l'église catholique, apostolique, romaine. La foi du dixhuitième siècle n'a point varié parmi les pasteurs : c'est la même qui fit, les Ignace, les Cyprien, les Ambroise, les Chrysostôme,

les Bernard, les saints de tous les tems. Dans tous les évéques vous avez entendu la voix de chacun d'eux, et dans un seul la foi de tous les âges catholiques. Qu'il nous soit permis de nous livrer un moment à la sainte allégresse dont nous pénètre un si magnifique spectacle. Non jamais les pavillons d'Israël n'avoient été si beaux ! et Balaam lui-même n'a pu nous dérober le tribut de son admiration. Ah! sans doute, le doigt de Dieu est ici : sans doute il n'y avoit que la vérité qui fut capable d'un accord aussi parfait. Car, (demanderoient encore un Origene, un Tertullien, ) étoientce des évêques, étoient-ce des prêtres que ces ministres, en si petit nombre, perfides déserteurs de la foi antique (1)? En lâchant le pied devant les Philistins, ils se sont dégradés eux-mêmes, et leurs noms effacés du livre de vie, doivent être effacés des fastes de l'église (2).

(1) Tertull. de præscript. origen. L. 3 contr. cels). (2) Allusion à la défense portée par le concile æcumé nique de Constantinople de citer dans la célébration des saints mystères, les noms de ceux qui en se séparant du siége apostolique, renoncent à la com munion de l'église catholique.

Voyez maintenant nos adversaires. Rapprochez, confrontez leurs décrets; déjà cette superbe constitution ne se ressemble plus à elle-même. S'ils n'avoient pas un point de ralliement dans la haine contre l'autorite, qui leur est commune à tous, ils ne se reconnoftroient point dans leur propre ouvrage. Le seul article de la consécration de leurs évêques a essuyé déjà plus de refontes en deux mois, qu'en seize cents ans de la, durée du culte catholique parmi nous. Sublimes bâtisseurs à les entendre; oui, pour créer un œuvre de confusion et de désordre, ils ressemblent, diroit encore l'éloquent Hilaire, à ces ignorants architectes, lesquels jamais satisfaits de leurs ouvrages, ne savent que bâtir et détruire (1).

Le même esprit d'inconstance a fait des disciples en tout semblables à leurs maîtres: ici c'est le calvinisme avec ses subtilités ; là, Richer avec ses systêmes républicains; plus loin Luther s'étoit fait voir avec sa licentieuse morale, prêchant le divorce, déclamant contre le saint joug de la con

(1) V. Bossuet, préface des Variar. des Egl. protest.

tinence sacerdotale. Les voilà qui viennent de porter dans le sein de l'église le couteau de la division: le couteau de la division restera sanglant au milieu d'eux; il y restera pour les diviser à leur tour. Il est tems d'envelopper dans une même sentence, et les maîtres, et les disciples. Toutes les fois donc, leur crie notre Bossuet, faisant d'avance l'histoire de notre régénération dans celle des variations de la réforme anglicane, toutes les fois qu'il s'est présenté des variations dans l'exposition de la doctrine, on les a toujours regardées comme une marque de fausseté et d'inconséquence, (qu'on me pardonne ce mot) dans la doctrine exposée. Tout ce qui varie, tout ce qui se charge de termes douteux et enveloppés, a toujours paru suspect, et nonseulement frauduleux, mais encore absolument faux, parce qu'il marque un emun'embarras que la vérité ne connolt päs (1).

Et les choses n'en resteront pas là. Si l'on n'a pas été plus avant, est-ce respect, estce indifférence pour les vérités qui consti

(1) Boss. préf. des variat. des égl. protest. au com

mencem.

fuent l'essence de la religion catholique? Hélas! plût au ciel que l'énigme fût difficile à résoudre; le pire de tous les maux seroit cette paix de la philosophie, disons mieux, cette lethargie funeste, où nous tombons comme des corps privés de la vie vont d'eux-mêmes s'abattant dans l'anéantissement du tombeau.

Ou bien, une fatale inquiétude s'emparera des esprits. Chacun se fera sa religion, et bientôt sa conscience; pourquoi n'en auroiton pas le droit, alors que nos conducteurs, pas plus souverains que nous, qui les avons fait ce qu'ils sont, nous en ont donné l'exemple? « Tel est le génie de l'esprit humain, qui, depuis qu'il a goûté une fois l'appât de la nouveauté, ne cesse de rechercher avec un appétit déréglé cette trompeuse douceur (1) ». Le fondement ébranlé, il faut que l'édifice tout entier croule de soi-même, et s'échappe en lambeaux. Une hérésie, et il n'est guères de schisme sans hérésie, en amène une autre. Une fois égaré, on se perd, on s'égare sans fin. C'est une vérité aussi an

(1) Bossuet, ibid.