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replie sur les hérésies et les schismes, pour corrompre la vérité, altérer la foi en rompant l'unité..... Il se transformera, s'il le faut, en ange de lumière, il aposte ses mi-' nistres qu'il décorera du titre de ministres de la justice, qui vont répandant les ténèbres au lieu de la lumière, la mort au lieu de la vie, le désespoir sous les rêves brillants de l'espérance, des doctrines perfides sous le prétexte de la foi.... A quel signe les reconnoîtrons-nous ces apôtres de mensonge et de mort? ... Celui qui se révolte contre l'église, qui se sépare de la chaire de Pierre, non, celui-là ne sauroit être dans l'église; et celui-là peut-il avoir Dieu pour père, qui n'a pas l'église pour mère » (1)?

Mais, il ne sera pas dit que la vérité sera restée sans témoignage; et puissionsnous donner à notre voix, l'éclat de la trompette pour faire entendre par tout l'univers, ces paroles d'un grand évêque: à César; ses palais, à Dieu, ses églises; à vous, tout ce que l'on appelloit nos biens, nos privilèges, nos possessions, puisqu'il vous falloit le sacrifice de Jonas, pour faire

(1) S. Cyprien de unit. fidei,

cesser la tempête; mais à l'église sa doctrine, à l'église sa discipline; il n'est plus de rescrits impériaux, plus de toute-puissance nationale, là où l'église doit parler (1).

Je suppose que les bornes qui séparent les deux puissances, n'eussent pas encore été posées après tant de siècles; ou que d'épais nuages venant tout à coup se répandre autour d'elles, nous en eussent dérobé la vue; en demandant comme l'avoit fait l'assemblée nationale à son comité ecclésiastique, une constitution purement civile, et réduisant à ce titre seul, la nouvelle organisation a laquelle on vouloit soumettre l'église de France; c'étoit là sans doute reconnoitre qu'il existoit entre l'une et l'autre autorité, des limites sacrées ; c'étoit contracter l'engagement solemnel de les faire reparoître à tous les yeux, et d'assurer leur inviolabilité respective, en leur promettant l'appui de la souveraineté nationale.

En effet, quelles idées présente à l'esprit, le dessein d'une organisation qui déclare

(1) S. Ambroise, ad Auxent. Boss. polit. sacrée, 1. 7, art. 5, concil. Calcedon. art. 4, S. Athan. ep. ad. solitar.

d'elle-même, se renfermer dans l'ordre civil? il faut ici des développemens que nous nous garderons bien de refuser à l'importance du sujet.

Concourir à l'exécution des loix qui nous vinrent d'en haut, mais non prétendre imposer des loix à un empire, sur lequel le monde ne peut rien, parce qu'il n'est point de ce monde; rappeller le sacerdoce à ses devoirs, mais sans attenter à des droits contre lesquels rien ne peut préscrire sur la terre; ramener parmi nous la discipline primitive, oui, mais aussi l'étudier pour la connoitre; interroger les juges naturels de sa morale évangélique, de peur de lui substituer je ne sais quels romans dont les originaux n'existent que dans les livres de l'hé résie; honorer Jesus-Christ dans ses apôtres, comme on se plaît à honorer un monarque, dans la personne de ses ambassadeurs, et non les avilir en leur laissant pour toute distinction, la dépendance et des besoins; demander à ses ministres l'exemple des vertus, mais au lieu d'en retrecir pour eux la sphère, l'aggrandir s'il étoit possible depuis l'évangile ; maintenir dans la possession de la foi, un royaume qui dût à la religion

tout ce qu'il fût, tout ce qu'il pouvoit être encore, le premier royaume de l'univers ; accorder les justes réclamations de l'huma. nité qui s'étend à tous, avec les droits sévères de la vérité, qui n'admet point de partage, et comment? en ne faisant ni grâce ni injustice; environner la religion des appuis extérieurs qu'on sait bien lui être nécessaires, pour la défendre contre des hommes assez aveugles pour la méconnoître dans ses principes, assez malheureux pour l'outrager dans ses bienfaits; en un mot, protéger au déhors la sainte indépendance de la constitution, ecclésiastique, et non prétendre la mettre sous le joug d'une constitution humaine: telle étoit la carrière au milieu de laquelle se trouvoient placés nos législateurs? L'honneur d'avoir à défendre l'héritage du roi des rois, étoit sans doute assez grand pour satisfaire à toute l'ambition du pouvoir civil; assez, pour mériter la soumission et la reconnoissance universelle. Telles pouvoient être ses fonctions, telles aussi devoient être ses limites. Aller au-delà, c'est être usurpateur, et l'être contre Dieu même; c'est introduire dans l'état des divisions qui peuvent ména

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cer sa foi et sa tranquillité; c'est porter l'abomination de la désolation dans le lieu

saint.

Ces conséquences étoient si graves, si inévitables, que nos législateurs ne sauroient échapper au reproche, ou d'une barbare insensibilité, s'ils les ont bravées après les avoir prévues, ou d'un brutal aveuglement, s'ils ont pu les ignorer. La charité nous ordonne de les plaindre, sans doute; mais la vérité ne nous permet pas de les absoudre; et Dieu veuille que la postérité ne les juge pas plus défavorablement que leurs victimes.

La pluspart de ces décrets de mort, supposoient autant d'abus dont chacun d'eux se donnoit pour être le correctif. Ainsi cette constitution toute entière, dont le vrai nom eût été celui ci peut-être, procédure criminelle contre le clergé, étoit une longue accusation de l'oubli de ses devoirs. Un moment a suffi pour répondre à toute cette masse d'inculpations. Le premier devoir du pasteur, ( a dit notre maître commun), (1) c'est de mourir s'il le faut

(1) Joann. II 11.

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